Heure de réveil : 5h10 (moi)

CW : hétérocisnormativité (difficile d’obtenir des infos fiables + modèle social forcé)
TW : mention d’infanticide et de néonaticide, sans description. Dépression et psychose post-partum.

J’ai dormi 8h !!! 🥳

Ce matin, sans préambule parce que, on va parler de la biologie de la violence. Tout ne sera pas abordé, mais sinon on sera encore là demain. Possible que je revienne demain, ouaip.

Est-ce que « les hormones » jouent un rôle ? Est-ce seulement les hormones ? Existe-t-il une différence physiologique significative qui expliquerait le surcroit de violence masculine ?

Et ben j’en sais rien. Pour le moment.

🦥🦥🦥

Je vais tout de suite commencer par une remarque d’hier de la part de Lin (coucou !) qui était « quid de l’idée qu’on est violentes en ayant ses règles ? ». Très bonne remarque !

Un collègue m’a fait le coup de « t’as tes règles ou quoi » à un moment où je l’envoyais chier. Non parce que quand tu bosses et que tu es concentrée af sur ce que tu fais en profitant du silence d’entre midi et deux et que la team balourde de collègues pleins à raz bord de leur junk food arrive bruyamment et EN PLUS exige que tu fasses, là, maintenant, tel ou tel truc, ça me rend pas sympa. Et je dis non, c’est pas parce que tu connais la meuf du support que tu peux lui demander « va voir tel truc pour vérifier que » à l’arrache. Les choses doivent être documentées pour être tracées, si je vérifie un truc qui bugge et que je corrige, je veux savoir ce que j’ai corrigé et quand (J’en connais qui vont me parler d’ouvrir des tickets 😁, c’est précisément pour cette raison que tout doit être documenté au max). Mais je m’égare. J’envoie bouler le collègue.

« T’as tes règles ou quoi ? »

Oh boy. Fallait pas me demander ça.

« Non, c’est dans 15 jours mais pour toi, l’humeur de merde ça sera tous les jours, chaton. Je t’envoie un mail quand je les aurai ? »

Perso, crampes exclues, je suis strictement la même personne en ayant mes règles. La même personne rassurée que son corps fonctionne correctement. Mais je ne souffre ni d’adénomyose ou d’endométriose, je peux fonctionner toutes options. Haha je déconne, non, je suis pas fonctionnelle, mais ça c’est tout le temps.

En revanche, j’ai un Syndrome Pré Menstruel (SPM) carabiné quand je ne prends pas mon Gattilier et mon Achillée Millefeuilles (si tu veux essayer vérifie avant les interactions et allergies.).

Mon SPM sans rien c’est quelque chose…C’est LA MORT ☠️
J’ai des visions de mort, je veux en finir, plus rien n’a de sens, et ça m’attaque par vagues. Je sors de la douche, BIM « La mooooooooooort ». Sachant que j’ai déjà de sérieuses tendances suicidaires, c’est le genre de symptômes vraiment inquiétant. Ah, et si je m’auto-soigne par de la phyto c’est que ni mon généraliste ni ma gynécologue ne « croient » au SPM et qu’il fallait faire quelque chose.

J’ai été prise d’un fou rire incontrôlable en voyant cette jaquette de CD, je t’en fais donc profiter. TOUT est parfait. Les halos lumineux, le détourage à la gomme, c’est…parfait.

 

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On peut aussi citer la fabuleuse cascade hormonale en post-partum. Si tu as déjà accouché, tu vois de quoi je parles. C’est comme faire une chute émotionnelle d’un immeuble plus ou moins haut. On sait que l’impact sera mortel mais c’est looooooong…

La dépression post-partum (DPP) peut, rarement, chez des personnes déjà préalablement fragilisées, aboutir aux psychoses post-partum.

« La psychose puerpérale est différente du baby blues ou de la dépression du post-partum. Il s’agit d’un trouble psychiatrique grave qui survient le plus souvent dans la semaine qui suit l’accouchement. Il se caractérise par un état de confusion et de délire qui peut mettre en danger la mère, mais aussi son enfant. La psychose puerpérale est considérée comme une urgence psychiatrique qui nécessite une prise en charge spécialisée immédiate, dès l’apparition des premiers symptômes. À cause du risque d’infanticide et de suicide, une hospitalisation, de préférence dans une unité mère-bébé, est nécessaire pour prendre en charge la mère et son enfant. »
(Site du Centre hospitalier Théophile Roussel)

Là, on touche à un truc intéressant (et grave) : le néonaticide. LE crime des femmes (parce que les bébés secoués, c’est que les meufs, tsé, jamais, mais alors JAMAIS un pèèèère n’oserait maltraiter son nouveau-né, bien sûr) par excellence. S’en prendre à sa propre progéniture est effectivement une des seules zones où les femmes sont en majorité, mais pas non plus tant que ça, notamment si on prend les bébés secoués en compte.

🤔 Maintenant, est-ce qu’une personne qui tue son enfant le fait parce que « la biologie » ou parce que la grossesse est un moment où on a tendance à prendre soin de toi et qu’à partir du moment où tu délivres le Précieux tu n’existes plus à tout jamais ? A moins que la psychose post-partum soit liée à un état psychiatrique préexistant (c’est très souvent le cas) ? Je suis atteinte de troubles bipolaires, non diagnostiqués à ce moment. Lors de mon accouchement, le stress m’a fait tomber en manie, je ne dormais plus. Je dormais déjà très peu avant l’accouchement, mais là c’était impossible de dormir et j’ai fait plus de 87h éveillée. Je n’étais pas un danger pour mon fils car je me suis rendu compte du problème et que je n’avais aucun sentiment agressif vis à vis de lui. Mais les mois qui ont suivi ont été…flous ? Je nettoyais constamment, tout. J’étais stressée de lui faire du mal, de lui avoir transmis mes gènes de merde, quand il pleurait j’étais sûre que c’était de ma faute parce que j’étais une mauvaise mère donc je pleurais et il faisait du reflux et des coliques, j’avais pas pu allaiter, l’enfer. Je dois beaucoup aux copaines qui m’ont raccrochée aux branches.

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Mais est-ce lié à la biologie ?
Sans doute, car la chute hormonale est violente. Mais ce n’est absolument pas la cause unique.

Si on regarde la majorité des néonaticides (Véronique Courjeault, Dominique Cottrez par exemple) on se rend compte qu’il y a les mêmes tonalités dans l’histoire : les deux sont catholiques, mariées, n’ont pas vraiment reçu d’éducation sexuelle, n’utilisent pas de contraception, connaissent mal leur corps qu’elles ont tendance à rejeter (surpoids). Les deux n’ont à priori pas fait de déni de grossesse, au moins pour certaines victimes, car elles « sentaient, savaient quelque part ». Elles portaient un secret bien lourd, dans la solitude et l’absence conjugale. Elles ont donc laissé les grossesses se poursuivre pour « aviser ensuite » (gros déni, oui, mais pas forcément déni de grossesse). Les deux étaient « dépressives » également, dans une sorte de passivité résignée.
Dans le cas Cottez, on a aussi la notion d’inceste, car elle en a été victime. La peur d’enfanter un monstre la préoccupait, et je la comprends, même si c’est irrationnel.

👉 Ce que je vois, ici, c’est certes une part biologique (les hormones), une part pathologique, mais aussi une part sociale et culturelle.
Lorsqu’on rend le corps tabou, qu’on n’éduque pas, qu’on ne parle pas contraception, les grossesses ne sont pas forcément bien vécues. Comment savoir ce qui se passe, comment expliquer l’absence de règles ? Et les règles, on en parle pas donc vas-y, bonne chance.

D’un autre côté, lors d’une grossesse La Fâme est Sacrée car elle Porte la Vie. Une femme enceinte va déclencher l’empathie, la confiance, parfois le respect. La différence a été flagrante pour moi. Les médecins m’écoutaient, on me parlait gentiment, tout était d’une couleur pastel dans la joie et le bonheur.
J’ai délivré le gigot, rideau. Mais genre instantanément. On m’a recousue vite mal fait, on nous a montés dans la chambre et démerde toi. La deuxième nuit, je n’arrivais pas à allaiter, je me suis fait engueuler. Je ne le tenais pas comm…rhaaaaa mais non pas là, voilà, le bras là, c’est pas si compliqué enfin !!! Les douleurs des tranchées ? Faut faire avec, comme j’allaitais je n’avais droit à RIEN, pas même du Doliprane.

Le choc a été EXTRÊMEMENT RUDE. Le bébé était là, tout le monde se penchait sur son berceau, et moi j’étais une merde sanguinolente qui chouinait. L’Enfant intéressait absolument tout le monde, et y’avait que les potes pour me consoler et me rassurer. Durant cette période je me sentais, incompétente, trop nulle, trop fragile, inapte, inepte, bonne à rien, avec ce nouveau-né qui hurlait dans mes bras pendant des heures. J’ai été à risque, oui, mais pas vis à vis de lui. J’ai acquis cette (fausse mais très tenace) conviction que mon mari devait trouver une nouvelle partenaire qui élèverait l’enfant pour que moi je puisse me foutre en l’air. J’ai élaboré des plans et tout, j’étais absolument résolue dans mon délire. Je n’utilise pas le mot à mauvais escient.

🙀🙀🙀

Les mères n’osent pas vraiment en parler. C’est chaud de dire « Tout le monde fait attention au bébé et pas à moi » sans avoir l’air de chouiner pour réclamer de l’attention. Puis une mère, ça s’efface pour faire pousser son enfant, quand tu as ce statut, tu es à ça de « mamie ». Au moins, les gens t’emmerdent moins, quand tu as un bébé en poussette ou en écharpe. Tu deviens totalement invisible. Je n’ai pu retrouver ces emmerdes de rue qu’une fois le petit scolarisé en primaire. Sans poussette dans la rue, tu redeviens baisable.

Les hormones jouent, c’est incontestable. Autant durant la grossesse (relaxine, ocytocine, HCG, œstrogènes, progestérone, prolactine) que par la suite (aka « pouf pouf plus rien »). Dans le cas des psychoses post partum, évidemment que ce bouleversement hormonal est en partie en cause. Sur une fragilité psychique, ça ravage.
Mais c’est pas « les hormones » et HEUREUSEMENT 😳, imagine les drames, sinon ?

Pourtant, la question de la perception du corps, de l’éducation sexuelle, la question du post-partum, tout ça est évacué au profit de la « monstruosité » du geste.
« Moi, je ne ferais jamais ça ».
Ben t’en sais rien, en fait. Vraiment, t’en sais rien. Je vais radoter pour ceuxlles qui n’étaient pas là avant, mais j’ai co-géré et je co-gère depuis 7 ans un groupe de parentalité féministe. J’ai lu beaucoup, genre beaucoup de témoignages, pour toujours retomber sur cette surprise : « On m’avait pas dit que donner la vie me déclasserait autant. Je n’existe plus, mon identité s’efface avec l’arrivée de l’enfant, je suis une mère, mais qui d’autre ? ». Cette détresse, je l’ai ressentie, partagée, lue et relue. A part la CPAM qui vient faire coucou pendant 5 jours, t’es larguée sans rien avec ton moufflet. Les conjoints…le mien est resté totalement hébété pendant 6 mois. A ne pas savoir quoi faire, à mal supporter la fatigue et sans réel congé paternité, me retrouvant le soir, hagarde, l’œil rougi, trop heureuse d’enfin voir un adulte.

Alors, est-ce que les infanticides sont « un truc de femme » ? Si on observe les stats prenant en compte les bébés secoués, non.

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Attention, les chiffres sont de toutes façons faussés car il existe des néonaticides n’ayant jamais été détectés. Et, oui, j’ai pris les stats qui arrangeaient mes histoires de sale féministe. J’ai conscience que dans les cas médiatisés, la mère était la cible, y compris lorsqu’elle est co-autrice. Et là on attaque un autre truc intéressant…

On juge (moralement) plus durement les femmes infanticides que les hommes infanticides. Mais la criminalité envers les enfants, c’est aussi ce vaste volet qu’est la pédocriminalité (et ça on va en parler à part dans un autre billet mais on en parlera, oui), et je sais de première main que la pédocriminalité c’est « meh » intéressant. Non mais attends, on a un mouvement de pédophiles qui s’appelle « MAP » (Minor Attracted People) et ces gens sont encore pour beaucoup trop, libres de leurs faits et gestes. Je m’égare, pardon, réfrène toi, meuf, pas tout en même temps…

🦇 Lors des affaires de pédocriminalité, d’ailleurs (et merde je suis re-dedans), et je le sais de première main de victime, la mère est la cible de toutes les pires saloperies. Ma mère a perdu des amies quand j’ai dénoncé son ex. On lui a dit « Ta fille ment pour gagner de l’argent sur le dos de ton ex, c’est dégueulasse » et l’une d’entre elles a dit « J’ai en ma possession toutes les lettres d’amour de ta fille à mon fils, elle pourra pas l’attaquer ». La période post-annonce a été heu…pfiout. Éprouvant ne rend pas justice à ma panique totale. Mais ma mère a été accusée aussi. Pas par la justice, mais par tous ces gens qui disent « Elle aurait dû voir ».

Sauf que, et c’est dur pour moi d’admettre ça, lui en vouloir à elle a permis de déporter la haine que j’avais contre mon agresseur qui n’était pas puni. Oui, je lui en ai grave voulu. Puis j’ai grandi, j’ai appris l’emprise, la violence (et mon ex-BP l’était beaucoup, psychologiquement), et j’ai réalisé qu’elle était bien sous emprise et en position de victime elle aussi. Ça a enclenché des réflexions vraiment pas facile à gérer. Quand je suis devenue maman, j’ai compris. J’ai compris en confiant mon fils à une nounou qui le maltraitait. J’avais un petit malaise, mais je n’avais pas d’autre solution de garde et je venais de reprendre le boulot. J’ai donc ignoré certains signaux qui ont pris sens ensuite. Evidemment, je m’en veux à mort et ça renforce ma conviction d’inutilité.

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Tout n’est pas si simple, mais on aime les choses simples, les nuances et subtilités, c’est chiant.

On a pas envie de parler éducation sexuelle, IVG ou contraception avec nos ados. Il n’y a pas grand chose de prévu en terme de cours, dans les années 90 c’est le Planning Familial de Nancy qui m’a éduquée. J’ai connu le Planning à 13 ans via ma maman qui m’a dit « Tu as le droit de ne pas avoir envie de me parler de ces trucs là, mais protège-toi, va au Planning, c’est à la maternité de Nancy, tel bâtiment (elle me le montre en passant devant), on accueille les mineures et on ne demande pas d’accompagnement parental, ça veut dire qu’on va te permettre d’accéder à la contraception et éventuellement à l’IVG sans que je sois présente. » et c’était un bon moment de parentalité, à mon sens. Un moment de parentalité non conforme aux habitudes du « Man Dieuy, 13 ans c’est trop jeuuuuune »

Elle m’a fait le même speech pour la cigarette et le « reste ». Elle  ne pouvait pas me l’interdire, donc elle m’a informée. Elle savait bien que je fumais, et pas que des cigarettes. Mais elle a choisi d’en parler en me laissant libre de mes choix. C’est exactement ce que je ferai quand l’Enfant deviendra l’Ado : réduction des risques, information sans jugement, pour rester une personne de confiance à qui parler en cas de besoin (son père est beaucoup moins informé sur le sujet)

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« Alors, t’as tes règles ou pas ? » et la totale réification des femmes enceintes ou des mères qui ne sont que des outils, est une manière imbécile de nous renvoyer à la Sainte Biologie.

On vend les hormones comme des molécules aux super pouvoirs, comme la mélatonine, la dopamine ou la sérotonine. L’ocytocine est réduite à « l’hormone de l’amour » par exemple. La sérotonine est vue comme « l’hormone du bonheur » donc je suis sensée me sentir super bien tout le temps avec mes anti-dépresseurs.

Je déteste ces réductions grossières. J’ai fait un peu d’hormonologie quand je faisais de la bio, et heu…

Voici ce que ça donne que d’apprendre l’endocrinologie.

« Donc…[trucs d’endocrino chiants à retranscrire] »
« Je suis confuse »
« Oh pardon, c’est un peu compliqué au début mais j’ai apporté ce diagramme pour vous aider : »

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Et la fameuse testostérone qui rend les hommes violents, c’est quoi ? Gagné, c’est utiliser une partie des causes en l’affichant comme origine unique. Les hommes sont violents car blindés de testostérone à ne plus savoir qu’en faire. Bien sûr. Rien à voir avec la domination masculine, la culture du viol ou l’éducation à la masculinité toxique. Les hormones, c’est les hormones.

On peut citer les dispositifs médicamenteux de « castration chimique » qui ont une efficacité toute relative : si elle diminue effectivement la réponse agressive, elle ne joue en rien dans l’entretien des fantasmes destructeurs établis chez certains criminels. On peut citer l’affaire Jean-Luc Cayez qui a tenté le « mais je suis sous castration chimique » pour sortir de son impasse criminelle. Il pouvait parfaitement avoir des fantasmes criminels sans réussir à « aller jusqu’au bout » au sens éjaculation du terme. Le souci, c’est que tout le monde n’a pas besoin de cette jouissance physique pour prendre son pied en torturant des gens. Francis Heaulme est atteint de la maladie de Klinefelter, donc en déficit de testostérone. Il ne violait pas systématiquement et ne pouvait à priori pas éjaculer. En revanche, il a eu une enfance abominable.

Francis Evrard, l’auteur du rapt du petit Enis en 2007, était lui aussi traité par « castration chimique ». Cela n’a pas empêché un médecin en milieu carcéral de lui prescrire du Viagra alors que le prisonnier avait arrêté le traitement de castration.

On ne peut pas tout réduire aux hormones et à « la biologie » ou « l’instinct maternel »

Alors, pourquoi on le fait ?

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On le fait, d’abord, car c’est super pratique, intellectuellement : les femmes ont des hormones qui les rendent aptes à la maternité, les hommes ont des hormones de l’agressivité. On évacue ainsi tout l’aspect psy, social et culturel.

Tandis que les hommes sont des « guerriers », les femmes sont « l’amour ». Je passe cette petite nausée, je reviens 🤢

L’explication biologique est la plus simple, surtout pour les hommes. La complexité des cycles hormonaux féminins les rend presque illisibles, moi-même j’ai absolument tout oublié alors que je l’ai appris. Deux fois.

Les hommes sont plus linéaires dans leur délivrance hormonale. Ils sont donc considérés comme plus stables. Plus violents, mais c’est une violence unidimensionnelle liée à la testostérone. Bien pratique pour se dédouaner du pire mais aussi pour affirmer que les femmes sont instables et hystériques, ce qui permet d’écarter ces dernières des postes à responsabilité. Tu as sans doute déjà lu « Elle ne peut pas être présidente, elle a ses règles, ça fout tout en l’air chez les femmes ». Venant de types qui sont agressifs et violents, j’avoue, fallait oser. Mais eux, leur violence est stable, tu vois ? Peu importe que la personnalité histrionique (le nouveau nom de l’hystérie) touche aussi bien les femmes que les hommes.

Je conchie la réduction à la biologie. Vraiment. Et je suis atterrée que ça soit pris en compte comme argument principal. Par ailleurs, on l’a vu bien avant, la disparité dans les taux de testostérone rend le truc peu fiable. Argument supplémentaire : je connais des hommes trans. Tous ou presque sont pacifiques alors qu’on leur injecte cette hormone. Je parle de manière empirique, mais je n’ai pas vu de témoignage d’homme trans se disant beaucoup plus agressifs. J’ai connu des personnes avant/après et leur personnalité n’a pas fondamentalement changé.

Tu sais pourquoi ?

🍒🍒🍒

Parce qu’on peut apprendre à contrôler sa colère. Moi, j’apprends à contrôler ma colère et je me mets moins en colère. Sauf que la connaissance et le contrôle des émotions ne font pas partie du pack éducatif de la plupart des hommes cis. A force d’encourager la brutalité masculine on vit dans l’idée que c’est comme ça. Un mec, ça tape. C’est pas choquant. Boys will be boys. La société est violente, le capitalisme est violent, le néolibéralisme est violent, beaucoup pense qu’il faut être plus violent encore pour s’en sortir. Et on leur apprend à l’être. Un directeur qui hurle, ça passe. Mais si j’élève un peu la voix, c’est la stupéfaction.

L’Homme est violent mais c’est bien parce qu’il protège le terrier. Qu’il devienne une menace réelle et tangible pour sa famille n’est pas forcément mal perçu : il a du caractère, il gère bien son petit domaine et son petit monde. Il hurle pour notre bien. Les tyrans domestiques sont vu comme des « patriarches » qui sont obligés de gérer la famille comme une PME. Les femmes tyran, celles aux rouleaux à pâtisserie et bigoudis, sont ridiculisées. Un homme qui tue est victime de ses émotions, une femme qui tue est une cinglée ou un monstre.

Sauf que c’est assez avantageux que d’avoir la botte secrète « C’est la testo ! » pour justifier des comportement violents. Ça permet de ne pas chercher d’autre explication, même si on trouve souvent du « C’est la faute à ma mère » pour faire bonne mesure et déporter encore un peu plus la responsabilité hors de son propre champ d’action. Sur une femme.

L’appel aux hormones justifie la violence des hommes et le contrôle des femmes. C’est que ça, en fait ! De la contre vérité ressassée et bien enfoncée dans le crâne pour permettre au patriarcat de subsister sans trop se fouler.

Des êtres mystérieux qu’il faut maintenir en captivité, des fois qu’elles trouvent le râtelier à flingues…

🤔 Bizarrement, je vis avec un contre-exemple absolu. Il est viril, il a de la barbe et du poil au torse, il peut soulever des trucs super lourds et n’a pas du tout peur d’en venir aux mains si nécessaire. En général, son aspect et la détermination qu’on peut lire dans les yeux lui évitent les emmerdes. Pourtant, il n’est pas violent. Il verbalise ses difficultés, il essaye de gérer ses émotions, il n’a jamais eu un seul geste agressif vis à vis de son fils qui est pourtant un relou 5⭐ Il n’a JAMAIS été agressif avec moi, en 15 ans. Agacé, oui, mais je sais être agaçante (non, vraiment), mais agressif ? Nooooope. Même lorsqu’on était pas d’accord il a toujours eu ce contrôle sur sa colère.

Après, voilà, j’ai marié une (adorable) anomalie qui devrait être un standard 🤷‍♀️

🍪🍪🍪

Je ne connais rien de plus imbécile que le « T’as tes règles hon hon hon ? ». On est dans les tréfonds de l’indigence intellectuelle et c’est également une grande prise de risque que de dire ça à une femme, parce que IMAGINE elle a ses règles, là elle te touche et, hop ! maudit !

On fait tourner la mayonnaise, on contamine les aliments, on est impures et dégueulasses, on fait mourir les fleurs, tourner le vin, on porte la poisse aux jeux, tout ça, je veux dire, c’est quand même vachement problématique, on pourrait faire des efforts pour réguler nos émotions, un peu, merde. Les mecs, par exemple, ne se mettent jamais sur la gueule sans une excellente raison, c’est bien connu. Ils maîtrisent parfaitement leur impulsivité, n’est-ce pas ?
(Evidemment, que c’est du sarcasme, enfin).

 

Non mais voilà. Voilà. Je. Oui, d’accord, bien bien bien.