Heure de réveil : 4h44
TW : macabrité, inceste patriarcat le plus pur, violences, séquestration
Pas de détail glauque, on est pas là pour ça mais c’est chaud quand même.

Je suis épuisée psychologiquement.

On va donc faire un truc bien glauque et parler de la daronne à Josef Fritzl. Si tu a les yeux qui ont fait « oh merde » c’est que tu connais l’individu. Par contre, si tu connais l’histoire tu auras peut-être ici une surprise.

🐡🐡🐡

Josef Fritzl (Autrichien né en 1935, toujours pas mort) est dans ma courte liste de « Je suis viscéralement contre la peine de mort, MAIS LA QUAND MEME ».

Evidemment, ça fait de moi une mauvaise personne.
😡 MAIS QUAND MEME.

Il est surtout connu pour avoir séquestré sa fille Elisabeth dans la maison familiale lorsqu’elle a eu 18 ans, en 1984. La page Wikipedia résume bien l’affaire.
Elle n’était pas assez docile, il lui a construit un petit bunker en sous sol et a fait croire à une fugue. Elle « donnera » 7 enfants à son père et le calvaire durera 24 ans.

Oui, ce fils de Trump a enfermé, sans que la famille le sache ou veuille le savoir, sa propre fille.

Le pot aux roses a été découvert après 24 ans de séquestration, on a sorti ce petit monde de là, le monde a été choqué, à raison, comme si ça n’arrivait jamais.

Spoiler : les histoires de captives, il y en a, pourtant, des tas. Affaire Dutroux mais aussi les « Séquestrées de Cleveland » dont le calvaire a duré 10 ans, ou « The Girl in the Box » (affaire Colleen Stan, 7 ans de détention), le pasteur András Pándy, Natascha Kampusch…

Et à chaque fois on est là « oh merde, stupéfaction totale, dis donc, ça n’arrive jamais, ces choses là !

Bah en fait si 🤷‍♀️


🦋🦋🦋

Mon hypothèse de départ est que la séquestration est l’aboutissement ou l’aveu d’échec du patriarche.

🥀 Dans le cas Fritzl, c’est pas vraiment en question, car Fritzl dirige son propre monde, Fritzl contrôle et décide, donc même si tu entends des bruits louches, tu fermes bien ta gueule. Et pourtant, il a échoué à dresser cette fille rebelle. Il l’enferme, donc.

Ce type est la personnification de l’obsession pour le pouvoir et le contrôle. Absolument CHAQUE paramètre de sa vie est calibré selon son bon vouloir, il est suffisamment strict et violent pour tenir tout son entourage à carreau. Au niveau profilage de noob on est plus sur de la domination, on est sur de la DOMINATION EN CAPSLOCK. Aucune interrogation sur sa légitimité, jamais.
Lors du procès, il plaidera le consentement de sa fille. Genre tu consens à te faire enfermer dans une cave, t’as raison, Billy. Étrangement, ça a moyen marché, il a pris perpète.

J’aime pas dire ça, car c’est faux, mais j’ai que le terme de monstre, je n’arrive pas à le reconnecter à l’humanité alors que j’arrive à le faire en temps normal même dans des cas difficiles. Là, la vision de son visage de [insérer ici insulte non oppressive élaborée et violente] provoque toujours une colère immense en moi (🧚‍♀ ici la fée de la relecture : je comprends en fin de billet). Sans regret. Il est légitime à ses yeux, n’a fait que « répondre aux besoins » et ne voit absolument pas le problème.

🌑🌑🌑

Mais on est pas là pour parler de ça, on est là pour parler de sa mère, Maria, tellement signifiante que c’est la deuxième fois que j’ai son prénom sous les yeux en 1h30 (🧚‍♀ 3 fois en 4h) de recherches sur l’affaire.

Parce qu’un détail m’avait échappé, un détail d’une importance capitale mais qui n’a pas souvent été évoqué plus que par demi-phrase.

😳 Josef Fritzl, avant Elisabeth, a séquestré sa propre mère jusqu’à la mort de cette dernière en 1980. Une fois sa mère dépendante, il l’a enfermée, cette fois au grenier, et s’en est « occupé ».

Le retournement de la dynamique me semble à explorer, c’est ce qu’on va essayer de faire et je vais devoir me remettre un plugin de traduction de pages car à mon avis, on va devoir aller en Autriche pour trouver des réponses.

Josef Fritzl est Autrichien, si tu as bien suivi. Il est né en 1935 à Amstetten, une ville de 22 000 âmes jumelée à Ruelle-sur-Touvre (16600) en Charente et dont les chambres d’hôtel sont super chères.

En 1959, suite à son mariage avec une femme prénommée Rosmarie, il trouve une maison dans le coin et y installe sa femme. Et sa mère.

🏠🏠🏠

Fritzl a d’abord encensé sa mère, lors des expertises psy, avant de totalement retourner son témoignage :

« Elle ne m’a jamais montré d’amour, elle m’a battu et m’a donné des coups de pied jusqu’à ce que je sois au sol et que je saigne », a-t-il déclaré.
« Je me sentais si faible et humilié. Je n’ai jamais reçu de baiser ni même de câlin de sa part, même si j’ai essayé très fort de lui plaire. La seule chose qu’elle faisait avec moi était d’aller à l’église. »

« J’avais une peur horrible d’elle. Elle n’arrêtait pas de m’insulter et m’a dit que j’étais un Satan, un criminel, un bon à rien. » Des rapports ont révélé que la mère de Fritzl l’a élevé seule après un divorce conflictuel. Fritzl affirme qu’il était isolé des autres enfants et qu’il était un « enfant alibi » – sa mère voulant prouver à son mari qu’elle n’était pas stérile. »
(The Guardian)

📇 Et tu sais qui il accuse pour ses agressions précédentes (oui c’était déjà un criminel sexuel avant) ? Maman.

Selon certains journaux, la séquestration de cette mère à la fois omnipotente et impotente aurait duré jusqu’à 20 ans, c’est à dire un enfermement peu de temps après l’emménagement dans la maison d’Amstetten. Lorsque cette mère indigne a fini par casser sa pipe en 1980, le pauvre petit Josef avait commencé la construction du bunker pour Elisabeth.

🏗 Passion BTP.

« J’ai réalisé que j’avais un côté méchant. Pour quelqu’un qui est né pour être un violeur, j’ai réussi à me contenir pendant une période relativement longue. »

Ta gueule, mec, sans déconner, ferme ta gueule. Personne n’est né pour devenir un violeur. Alors maman pas sympa, ok, je pense que t’es pas le seul au monde à avoir eu une daronne autoritaire et si on suit ta logique, chaque fils de mère abusive va violer. Je sais pas si tu es né pour ça, mais tu commences à te faire vieux et tu fais partie des gens que je Google pour savoir s’ils sont enfin morts.

😶 Pardon, reprenons…

🦖🦖🦖

« Concernant son comportement à l’égard de la famille qu’il avait avec sa femme, Fritzl a déclaré : « Je ne suis pas la bête que les médias font de moi ». Concernant son comportement envers Elisabeth et ses enfants dans la cave, il a expliqué qu’il apportait des fleurs pour Elisabeth et des livres et jouets pour les enfants dans le « bunker », comme il l’appelait, et qu’il regardait souvent des vidéos avec les enfants et prenait ses repas avec Elisabeth et les enfants.

Fritzl a décidé d’emprisonner Elisabeth après qu’elle « n’a plus adhéré à aucune règle » lorsqu’elle est devenue adolescente. « C’est pourquoi je devais faire quelque chose ; je devais créer un endroit où je pourrais garder Elisabeth, par la force si nécessaire, loin du monde extérieur ».

Il a suggéré que l’accent mis sur la discipline à l’époque nazie, pendant laquelle il a grandi jusqu’à l’âge de dix ans, pourrait avoir influencé ses opinions sur la décence et le bon comportement. »
(Wikipedia EN)

Donc c’est pas sa faute, j’espère que tu as BIEN COMPRIS hein ? C’est la faute à maman et aux nazis. Et à Elisabeth (qui a tenté de fuir des abus déjà existants depuis des années). Et on a de la chance, ça aurait pu être pire et ça « arrive tout le temps chez les autres, regardez dans les caves des gens ».

Je sais pas pour les caves des autres, mais chez les Fritzl ça ressemblait à ça

🤖🤖🤖

Bon, sa mère. Avant de la décrire comme un monstre, il affirme :

« Dans un aveu étrange, Fritzl a déclaré qu’il avait des sentiments incestueux pour sa mère, qu’il a décrite comme la plus grande femme du monde. « Elle m’a appris la discipline. » »

Much confusion, mon bonhomme. Malhomme. 😬

« Sa mère aurait été enfermée plus de 20 ans dans la maison d’Amstetten, selon un tabloïd autrichien.
« Je l’ai enfermée dans une pièce en haut de la maison. J’ai ensuite maçonné la fenêtre pour qu’elle ne revoie plus jamais la lumière du jour », a déclaré Fritzl dans le rapport du psychologue.

Fritzl a dit à des voisins que sa mère était décédée à peu près au moment où il a pris possession de sa maison en 1959, mais le journal Oesterreich affirme qu’elle n’est décédée qu’en 1980, suggérant qu’elle aurait pu passer 21 ans dans la chambre fermée à clé.

Les amis de Fritzl ont exprimé des doutes sur le fait qu’il aurait pu la garder cachée dans la maison pendant si longtemps. L’homme de 73 ans a dit au psychologue qu’il voulait punir sa mère pour son enfance brutale et sans amour. »
(The Telegraph)

J’adore le « Mais naaaan on s’en serait rendu compte » de la part de personnes qui ont ignoré l’existence d’une famille cachée au sous-sol pendant 24 ans.

🍪🍪🍪

Ce qu’on sait, c’est que Maria Fritzl, née Nenning, la maman, est entrée dans la maison en 1959 et que les rôles se sont inversés à ce moment-là.

Maria est la fille illégitime d’un couple malheureux dont l’épouse ne pouvait pas avoir d’enfant. Alors le père s’est tapé ses servantes, genre, normal, tak tak, il a eu un enfant et l’a adopté. Comment bien démarrer dans la vie.

En 1934, Maria Nenning a un enfant , le petit Josef. Et j’ai des sources contradictoires sur la légitimité de l’enfant, parfois on me dit qu’elle a été mariée, parfois non.

Je ne sais pas si tu as noté une absence assez notable, tellement notable et finalement banale que tu n’y as pas pensé ?
Et oui, il y a un Josef Fritzl Sr, qui a déserté la famille quand Josef Jr. avait 4 ans. Il serait décédé en 1944 durant la guerre. Je mets au conditionnel car là aussi, j’ai eu différentes versions, y compris un « il est revenu en 48 et s’est fait jeter » mais j’ai aussi lu que Josef Fritzl Sr était mort. Il n’est pas mort.

«  »Pendant la Seconde Guerre mondiale, (Maria) a été arrêtée et internée dans un camp de concentration où elle a passé quelques mois… Josef a été laissé à lui-même… cela a dû laisser des cicatrices dans la psyché du jeune garçon. » – Bojan Panchevski, correspondant européen

Josef, âgé de neuf ans, a été envoyé dans un orphelinat pendant cette période et on lui a dit que sa mère était morte. Ce n’est qu’à la fin de la guerre qu’il a compris qu’elle était encore en vie. »
(Crime and Investigation UK)

Ma propre grand mère était aussi une dissidente, elle a elle aussi été arrêtée et envoyée en prison (j’ai l’ordre d’internement mais je ne parle pas allemand, il me semble que c’était une prison-prison). J’ai vérifié, et effectivement, Maria Fritzl a été internée à Mauthausen jusqu’à la libération.

Voilà, maintenant j’en sais autant sur Maria Fritzl que sur ma grand mère paternelle. A ma décharge, les sources sont pas forcément évidentes à trouver en cette période absolument paisible de notre histoire mondiale.

Tout confort, qu’on te dit. Salubrité, havre de paix et tout à l’égout. Que demander de plus ? De la lumière du jour ?

Dans tous les cas, Joseph a grandi seul d’une mère seule dans une Autriche qui allait faire la guerre.

Comme mon père, à la différence du pays, l’Allemagne pour le mien. Ces détails sont persos et pas forcément pertinents, mais la similitude me frappe, forcément.

Mon père (né en 1937) ne m’a jamais enfermé dans sa cave, Josef. Vous avez deux ans d’écart, une mère maltraitante tous les deux, vous avez subi toutes sortes d’abus et d’abandon, et mon père s’est contenté de nous abandonner, t’aurais aussi pu faire ça, ça aurait coûté moins cher en ciment.

C’est rare que je me retienne d’injurier car je sais que ça va être violent. On se calme, on va se refaire un café, on respire, ce petit trigger va s’en aller de lui-même.

«  »Il n’y a absolument aucun doute que Maria… n’était pas une mère aimante… elle n’avait pas la constitution psychologique pour comprendre qu’elle avait des responsabilités envers son enfant, qu’elle devait prendre soin de son enfant. Et donc, elle le battait régulièrement ». – Professeur David Wilson, Criminologue »
(Crime and Investigation UK)

Ouais, ça résonne en moi. C’était assez inattendu et c’est assez perturbant malgré le café.

🎖🎖🎖

J’ai trouvé une interview (en allemand) avec l’experte psychiatre, la Dr Kastner, qui a fait partie de la team qui a décidé que Fritzl irait en prison. Et il y a un détail qui me chiffonne…

L’histoire couramment exposée c’est : « La mère de Fritzl n’est pas tombée enceinte de son premier mari, c’est pourquoi il l’a quittée. »
Sauf qu’il est parti quand Josef Jr. avait 4 ans.
En revanche, le père de Maria l’a bien eue de manière illégitime, comme on l’a vu plus haut. On pourrait dire « La grand-mère Fritzl n’est pas tombée enceinte de son premier mari, c’est pourquoi il a eu une enfant avec une autre, qu’il a adoptée. »

Je doute que ce soit la psychiatre qui ait opéré le glissement transgénérationnel…

« Lorsque le camp est libéré par les Américains, la mère rentre chez elle une personne encore plus imprévisible. »
Comme ma mamie. Genre il se passe des trucs en prison ou c’est juste l’hystérie classique des femmes qui n’ont pas ce qu’elles veulent ? Oui, c’est du sarcasme. On s’attend à ce que ça aille super en sortie de prison, sinon tu es un monstre. Seuls les hommes ont des Syndromes de Stress Post Traumatique, d’ailleurs, c’est bien connu que les femmes prisonnières n’étaient absolument jamais victimes d’agressions, jamais.

😑

YOU LOOK SUS !!!

🦔🦔🦔

Je sais que dans une expertise psychiatrique, on ne juge pas de la véracité des propos : c’est la construction elle-même du récit tel que raconté qui compte.

Ici, Josef a repris l’histoire de stérilité de sa grand-mère adoptive et l’a transposée à sa mère. Il est peut-être trop difficile de se dire que son père s’est juste barré parce que c’était un sale type, ou parce que sa mère était effectivement invivable.

Il est plus confortable de se bâtir une histoire et un monde adaptés que de se prendre la réalité pleine poire. Je comprends le désir de savoir, de connaître son ascendance, j’ai ce même désir car je n’ai rien, côté paternel. Je comprends le manque et la souffrance que ça peut représenter, celle du vide. Celle de savoir que mon nom n’est pas mon nom, que je n’aurai jamais connu plus que mon père et ma grand-mère de ce côté là de l’arbre.

C’est une blessure assez mal estimée. Moi, on m’a souvent retoquée, et on m’a envoyé bouler quand j’ai posé des questions sur mon côté allemand. Le seul et unique héritage de ma grand-mère, c’est une gravure colorisée de sa jeunesse et 2 photographies. J’ai aussi une photo de la tombe du père de ma grand-mère, celui qui a été assassiné par la Gestapo. Much généalogie.

Mais j’arrive pas à déclencher l’empathie pour Fritzl Jr.

Parce que mon père a fait pareil, rapporter des pièces, les coller, mentir et oublier sur quoi il avait menti. Et je le comprends, viscéralement, je le comprends, mais je ne peux pas pardonner.

Dans les deux cas, le mensonge sert à couvrir la maltraitance. Celle de mon père est anecdotique à côté de celle de Fritzl, car il n’a « juste » pas été présent, mais celle de Fritzl ne fait aucun doute. Et lorsque je demandais à mon père pourquoi, il me disait « Ma mère était une ordure ». Il ne me disait pas qu’il avait, lui, des problèmes. Pas du tout. C’était sa mère, la guerre, et ses salopes d’ex-femmes (désolée c’est le terme utilisé). Pas lui. Lui était victime de toutes ces harpies.

Ça, c’est une harpie féroce avec son bébé. Son bébé heu…harpon ?

☕☕☕

Le point commun, c’est cette totale non considération de l’autre. Le récit doit être cohérent et, surtout, appuyer un scénario victimaire justifiant la violence. Que le trauma ait existé, je n’en ai aucun doute, la guerre c’est un événement suffisamment traumatisant en soi pour dire sans mentir qu’on est un peu pété du casque à pointe.

Mais ici, le trauma est travaillé pour coller à un scénario, pour justifier l’injustifiable et apporter une sorte de caution morale : « j’ai rien fait de mal, c’est cette chienne de vie ». Ouais mais t’es adulte, maintenant. Les enfants grandissent, se reconstruisent, mènent leur vie. Toute une somme de décisions et de responsabilités sont venues se greffer à ta vie, et tu as géré.

👉 Fritzl peut terroriser l’ensemble de sa famille et de ses amis et voisins, il peut séquestrer sa mère, il a la force de le faire, il a eu la volonté de construire un foutu bunker pendant 4 ans, il a eu la capacité de cacher son petit jeu à tout le monde, il s’est montré hyper sur de lui et arrogant durant son procès, ce type n’est pas « faible ».

Il savait parfaitement ce qu’il faisait, et il savait parfaitement que ce qu’il faisait était en dehors de l’éthique et de la loi. Sinon il n’aurait pas construit la prison en premier lieu.
Si c’était si normal que ça, il aurait fait comme cet infâme sous merde de Denis Mannechez : il aurait tout fait ouvertement (si tu ne connais pas, c’est un gens qui a groomé sa propre fille avant de lui faire un enfant puis de s’installer avec elle. Il la tuera, elle et son patron, lorsqu’elle sortira de l’emprise et tentera de mettre fin à ses jours, sans succès. Perpète et mort peu après cependant.).

Si c’était si normal, il aurait pas passé toutes ces années à soigneusement cacher la vérité.

Selon ses propos, cf. plus haut, il se comportait bien avec Elisabeth et les enfants restés au sous sol.

L’équipe forensique a dû se relayer avant de se résoudre à percer des trous d’aération tant la cave était moisie, pourrie, infestée d’insectes, irrespirable. Mais ouais, t’as raison, tu viens faire coucou, c’est cool. Ici on voit bien la différence entre sa vision du monde et la réalité. Je suis convaincue qu’il y croit à mort, en plus. Il se considère toujours comme un incompris.

Et il chouine à maman quand on lui pose des questions qui ne lui conviennent pas. C’est vachement commode, d’être à la fois dans la posture de la victime et dans celle du bourreau, le seul souci c’est que la contradiction est apparente.

Je rappelle ici que LES expertiseS ont démontré qu’il était sain d’esprit. Tout est cohérent dans son récit. S’aveugler n’est pas être fou. On peut s’aveugler volontairement, quand ça nous arrange.

🦀🦀🦀

La bascule dans le rapport de domination est intéressant, mais visiblement, personne ne s’est trop posé la question de la séquestration de la mère de Josef.

Je n’ai pas souvent vu ma grand-mère, mais la dernière visite a eu lieu en 2004, 2 ans avant sa mort.
Je dis ça car j’avais été un peu choquée de ce que mon père en disait. Il était content qu’elle soit tombée et qu’on l’ait mise en EHPAD. Sa seule inquiétude étant le stock de minéraux de la cave.

Fallait pas que ça se perde, tu vois ? C’était sa top priorité. Sa mère était née circa 1911, elle avait 95 ans, oubliait petit à petit le français, venait de se péter le col du fémur ou un truc du genre, et lui il s’organisait pour ses minéraux (la thune c’était déjà fait depuis un moment). Il était content. Soulagé.
Enfin, elle allait se barrer.

🧨 La revanche.
Revanche exercée jusqu’au bout, car il s’arrangeait pour oublier certaines des revues qu’il devait lui amener tous les samedi et lui faisait croire qu’elle était folle et les avait déjà eues. Petit gaslighting discret sur une femme mourante. La classe.

C’est la seule chose que je peux raccrocher, finalement : l’histoire de ces deux femmes qui ont vécu un renversement du pouvoir et dont les enfants se sont « vengés » à leur manière.

Comme si, finalement, ils étaient restés les petits garçons qu’ils étaient. Une partie a refusé de grandir, de guérir, et continue de souffrir tandis que l’autre fantasme les représailles. Lorsque le rapport de force se modifie avec le déclin des aïeules, on agit. Pas avant.

🦝🦝🦝

On parlait Ed Gein récemment, chez qui la mort de la mère a permis l’escalade dans le glauque, on parlera très certainement de la daronne à Ed Kemper aussi. Les problématiques sont identiques, la gestion de la solution assez différente.

On va faire un peu autre chose en attendant, par contre, parce que c’est lourd. Pfiout.

Oui, j’ai pensé que ça nous ferait du bien.