Heure de réveil : 4h36 (miaou)
TW : transphobie (anecdote moqueries boulot, pas envie que tu te fasses du mal en lisant ça, c’est entre les emoji chats et souris, pas de moquerie décrite mais ambiance de moquerie)Après longue négociation, l’Enfant aura le cheveu coupé. Les cheveux courts présentent aussi pas mal d’avantages logistiques (on réussit à lui faire mettre la tête sous l’eau depuis quelques semaines seulement, pas simple pour laver des cheveux longs), le coiffeur est celui de son père, il est très sympa et lui a déjà coupé les cheveux.

Oui, on a insisté sur le fait que ses raisons ne doivent pas dépendre des autres mais que des fois, les autres peuvent faire partie des raisons. On va pas l’obliger à garder ses cheveux longs parce qu’on est féministes, ça n’aurait aucun sens. Il a le droit de vouloir se conformer aussi, au moins sur l’ostensible. Si il se sent plus intégré avec les cheveux courts, il aura bien l’occasion de les avoir longs quand il se sentira prêt à gérer tout ça.

C’est incroyable quand même ce truc avec les cheveux longs chez les mecs.
Quand ils sont soignés correctement c’est pourtant magnifique, des cheveux longs. C’est un peu galère à entretenir, mais ça claque.

Tiens, on va parler de ça. J’avais envie de faire autre chose mais ça peut attendre.

🐶🐶🐶

Les valeurs associées à la féminité ont toujours été signe de la lose chez les comparses à poils tolérés. Quels que soient les signes de féminité.

Les chaussures à talon, par exemple.
(OMG je viens de tomber sur une paire de Balenciaga d’une laideur repoussante, tout ceci pour la modique somme de 1020,00€)

Pourquoi.

Louis XIV portait des bas et des talons hauts. Ok les monarques sont pas des exemples, mais pour le coup, ça veut tout dire.

Lorsque Christian Dior a « inventé » les escarpins en 1947, le game a changé.

Holy fuck, Wikipedia…

« Durant les années 1960, l’escarpin se voit accusé de tous les maux par les médecins à cause de ses effets néfastes sur le dos notamment. Ce type de chaussures est donc délaissé au profit de chaussures à talon plat, conseillées par les féministes. »
(Wikipedia)

Quel est le rapport ? Je ne vois pas le rapport. Si la personne qui a écrit ça savait que beaucoup d’entre nous (enfin vous, moi je mets uniquement des chaussures de skate Osiris ou Globe parce que le confort et la beauté) portent des talons hauts…c’est fâchant de lire ça.

« Selon 8 féministes sur 10, Oral B protège plus efficacement les caries que les autres dentifrices » style.

Je ne sais pas quoi penser de cette image. 81,23€ sur Etsy.

🐱🐱🐱

Nous disions.

De la même manière que les professions se déclassent lorsqu’elles se féminisent, les talons sont désormais, à quelques rares exceptions près (les santiag, visiblement), incompatibles avec le Masculin Sacré.

Difficile d’y voir autre chose qu’un rejet des valeurs qui deviennent impures lorsqu’une femme les touche.

« C’est un truc de meuf » disent-ils.

Question qui aura sans doute oui comme réponse : as-tu déjà vu une personne perçue comme masculine se maquiller ? Je dis « perçue comme » car j’évoque évidemment le Royaume Magique et Enchanté des Drag Queens qui parfois ne se genrent pas comme tu t’y attends.

Les Drag Queens, sauf erreur de ma part, sont celles qui ont inventé le contouring, par exemple. Tous les maquillages extravagants qui sont désormais un peu passés dans les mœurs viennent en grande majorité de la communauté Drag. Ce côté joyeux, outrancier, volontairement flamboyant, on leur a pas TOUT piqué, mais on (meufs cis) s’en est bien « inspirées ».

Vers 2011 on a eu une longue conversation de bureau comme ça. Je rappelle qu’en 2011 niveau féminisme j’étais à la ramasse totale. Pourtant, j’ai pas ri sur ce coup-là.
Une collègue a trouvé le blog d’une personne visiblement AMAB qui se maquillait avec plus ou moins de talent. Avec le recul je pense qu’il s’agissait d’une femme trans (car on voyait une transformation physique avec l’évolution des photos) mais j’ai compris ça bien plus tard. Tout le bureau a passé l’aprèm à se moquer. J’ai un peu ri dans les quelques premières minutes, j’avoue, mais la honte m’a rapidement envahie. Après un moment, j’ai demandé à ce qu’on arrête. Les moqueries étaient crades. Vraiment crades. Et même pour une personne lambda telle que moi c’était trop violent.

Cet épisode m’a énormément marquée. Une fois revenue à la maison, je suis retournée voir les photos. Effectivement, tout n’était pas réussi et tu sentais un manque d’habitude, des erreurs grossières. « Mais c’est normal s’il commence maintenant » (J’ai genré au masculin dans ma tête, oui). J’avais plus de 10 ans de pratique en make-up, j’ai commencé tôt, forcément je faisais un peu moins d’erreur même si je suis trop timorée pour du vrai smoky.

Surtout, plus je regardais ses photos, plus je lae trouvait belleau. Parce que LE SOURIRE. Tu sentais qu’iel était bien dans sa peau, heureuxse, décomplexé-e. Iel répondait aux commentaires méchants de manière presque joyeuse en envoyant bouler tout le monde, tu sentais une vraie libération par rapport aux commentaires des toutes premières photos.

C’est un épisode de ma vie que j’avais totalement oublié jusqu’à ce matin, pourtant ça a changé quelque chose en moi. Je ne savais pas le nommer mais ça me mettait en colère qu’on se moque de cette personne qui semblait heureuse et qui ne faisait de mal à personne. Les collègues ont tenté de remettre le couvert avec l’histoire, j’ai dit stop en expliquant mon ressenti. Je ne sais pas si ça a touché mais on va dire que je faisais suffisamment peur pour que ça s’arrête.

https://www.gael.be/beaute/x-make-up-artists-masculin-a-suivre-sur-instagram

🐭🐭🐭

(En fait je crois que ça s’est vraiment arrêté quand je les ai lancées sur le compte FB d’un stalker de Karine Lemarchand, ça les a occupées un moment)

Sans transition : tu connais le mythe qui dit qu’une femme qui a ses règles fait mal tourner sa mayonnaise ? Il y a tout un kit de légendes comme ça sur les femmes et leur impureté menstruelle.

J’ai l’impression qu’on a fait de la mayonnaise avec les talons, les bas de soie, le cheveu long, le maquillage. Lorsqu’on commence à investir un domaine ou un lieu, il se passe toujours la même chose : les hommes, s’ils n’ont pas les outils pour nous stopper, désertent le domaine en question, le dévalorisent et nous dévalorisent avec.

Le métier de prof aurait, selon un infâme connard que j’ai pas envie de googler, été « dévalorisé » car trop investi par les femmes. Ce type avait un poste assez en vue, soit ministre soit député, un truc du genre, en tout cas suffisamment en vue pour accorder une interview au Monde dans laquelle il disait qu’on salissait tout.

Les meufs ont fait de la mayo ratée avec le métier de prof. Le gel du point d’indice des fonctionnaires (Secteur à 59% féminin de mémoire), c’est de votre faute.

On est en plein dans le « c’est un truc de meuf ».

Je sais pas pour toi mais jamais j’ai entendu cette expression dans un sens positif. Un truc de meufs c’est futile, c’est un peu nul, frivole, inutile, accessoire. Un détail. Quantité négligeable ET ridicule.

Le capitalisme ne nous a pas oubliées, cependant. Le marketing genré est là pour nous ! Alors on survalorise artificiellement les valeurs considérées comme féminines pour nous faire cracher notre fric et nous conformer physiquement, tout en reléguant quand même au cagibi de la win celles qui s’y astreignent. Futiles.
T’es trop maquillée, t’es pas crédible. Mais si t’es pas maquillée, t’es moche. Faut se maquiller mais en « nude » (routine en 16 produits) pour faire genre que t’es pas maquillée mais que t’as quand même un visage d’une radiance surréaliste après une nuit de 4h.

Par ailleurs, les féministes, telles que décrites plus haut par Wikipédia, sont totalement pro-pilosité et antimaquillage. Bien sûr. On nous donne un guide lors de l’adhésion au Parti, avec notre premier chèque de Soros. Toute féministe qui se maquille sera automatiquement disqualifiée.

Bon alors non, hein ? « Les féministes » recommandent rien du tout, on s’en cogne en vrai. Tu fais bien ce que tu veux avec tes cheveux. Ton visage, pardon.


🐹🐹🐹

Perso, j’aime bien me maquiller. Je trouve ça agréable. Je me maquille le teint quasiment chaque jour et je suis loin de sortir dans le Dehors quotidiennement.

J’adore le rose, les licornes, les paillettes, les mignonneries, tout ça. Parfois je sautille en battant des mains et tout. Chuis « une meuf » 🤷‍♀️

Mais chuis pas plus une meuf que les autres.

On essaie à tout prix d’ériger le Féminin en valeur absolue, je vois ça aussi dans nos rangs. J’aime vraiment pas lire des injonction à la pilosité ou au no make-up sur des pages féministes, j’avoue. Pour moi, ça va à contre sens. On fait bien ce qu’on veut en vrai, si on a envie de porter des talons et de se maquiller, grand bien nous fasse !

En résumant :
🔹Au départ, c’étaient surtout les hommes et les nobles qui portaient des talons et se maquillaient (femmes comprises dans le dernier cas). Le talon était un signe distinctif de « hauteur » présumée de la personne dans la société.
🔹Ensuite, les femmes ont commencé à s’approprier les talons.
🔹Au bout d’un moment, comme c’est assez tendu d’interdire le port de chaussures, les hommes, dégoûtés, ont quitté ce domaine désormais impur.
🔹Et le talon se retrouve associé à la futilité toute féminine. Mayonnaisé.
🔹La valeur rattachée à l’objet a changé lorsque les femmes sont entrées en scène.

Le talon en tant que tel fait partie de l’habillement. Tout le monde s’habille. Si le talon était strictement mixte, il se serait pas autant dévalorisé. Ici on voit bien le glissement qui s’est opéré entre « accessoire de mode de Louis XIV » et « talon de 12 (cm) ». Le premier est beau et bon, le second scandaleux et ridicule.

« Pfff comment elles font pour marcher avec ça ? »
« Regarde la grue ! »
« Elle, elle va se péter le dos et ce sera de sa faute »

🐰🐰🐰

« En 1840, on compte 953 directrices des postes sur 1553 titulaires (Thuillier, 1988). Les hommes ont peur que, désormais, les usagers sous-estiment les exigences de qualification : “Tant qu’il y aura des femmes, le public ne voudra pas croire qu’il faille, pour administrer un bureau de postes, d’autres connaissances que celles d’un marchand de tabac”. En outre, employer des femmes dans les administrations, équivaut, selon Camille Sée, à introduire dans ces lieux paisibles “un élément de versatilité et de division”. Autrement dit, le motif du loup dans la bergerie se décline au féminin. La femme est si “gracieuse” que “toutes les carrières s’ouvrent devant elle, son avancement est très rapide”, parce qu’elle s’emploie à séduire le berger (“ses fautes, ses omissions n’en sont pas lorsqu’elle a pour chef un homme”)

Les titulaires légitimes du poste sont donc affrontés à une concurrence déloyale. La nature singulière des femmes, agitées par les soubresauts de l’utérus (Berriot-Salvadore, 1991), est un élément perturbateur qui rend leur éviction souhaitable, mais elles ne sont pas seulement victimes de leur anatomie. Magiciennes redoutables, elles distillent leurs filtres à des supérieurs envoûtés. »
(La féminisation d’une profession est-elle le signe d’une baisse de prestige ? Marlaine Cacouault-Bitaud Dans Travail, genre et sociétés 2001/1 (N° 5), pages 91 à 115)

C’est amusant, hein ?
Comment ça, non ?

Moi ce que j’y lis c’est que la violence naît de la peur. Le déclassement et la dévalorisation ont comme unique objectif de laisser aux hommes quelques mètres d’avance.

T’imagine, si on gagnait autant ? 😱

Ce serait visiblement invivable pour eux. Parce qu’ils n’auraient plus avec eux la domination économique et les capacités coercitives qui vont avec. Déjà, ils ont pas eu le choix et ont été obligés de nous laisser travailler. Puis, avec les années, ils ont de moins en moins le contrôle de nos finances (On a le droit d’ouvrir un compte en banque de notre propre chef depuis 65. 1965.). Puis on peut divorcer, aussi. On peut leur demander de l’argent pour leurs enfants, pis ce sera quoi, après, l’égalité ?

Cette dévalorisation est une nécessité absolue pour les dominants car elle participe à la dynamique oppressive : tu gagnes moins, on fera tout pour que tu gagnes moins, et si tu te sépares de ton Protecteur tu vas galérer ta race, prends tes gosses avec toi, bisou. Ton métier est moins valorisé, et tu es de toutes façons moins bien payée. Première Dame à la maison, impuissante et dangereuse à la fois en dehors.

Les écarts de salaire entre sportifves de haut niveau sont spectaculaires dans ce genre… Faut bien rappeler que le sport c’est un truc de mecs, mais quand les femmes le pratiquent, c’est du hobby.
Comme la cuisine et la pâtisserie.
Comme la peinture ou les arts.
Comme l’écriture…

A l’inverse, un homme qui repasse est un super héros. Un homme qui balade sa progéniture est lui aussi un héros. En fait chaque fois qu’ils touchent à certains domaines (pas les codes esthétiques) féminins, on les voit pleins d’abnégation endosser le rôle de leurs compagnes présumées. Prêts à se mayonnaiser pour le bien de leurs enfants. Des dieux.

En échange, ils n’investissent pas la sphère dite « féminine », excepté lorsque c’est socialement valorisé (S’occuper des enfants ponctuellement, mais attention, si on souhaite s’occuper d’enfants professionnellement on est vu comme un dangereux pédophile priapique). Et en aucun, aucun, aucun cas un Homme un Vrai n’utiliserait les codes esthétiques féminins.
Ils ont bien compris le deal : ils ne prennent que ce qui pourra être valorisant et nous laissent le reste.

On emmerde mon fils avec ses cheveux longs non pas à cause de ses cheveux en eux-mêmes, mais parce qu’il s’associe esthétiquement au féminin. Ou plutôt ON l’associe au féminin, lui il s’en fiche à la base. Parce que concrètement, à part les cheveux dans les yeux quand il travaille c’est pas mortel.

Parce que les trucs de fille, c’est nul. Si elles se mettent à toucher à nos jouets privatifs personnels, on a plus envie d’y jouer.
Comme si on polluait tout rien qu’avec notre présence, on va dire que ça s’appelle l’Effet Mayonnaise si on veut. La mayonnaisation.


🦊🦊🦊

Maintenant, je me demande ce qu’est devenue la personne de 2011 qui m’a fait comprendre beaucoup de choses dans mon coin. Je me demande s’iel est heureuxse. Si iel a perfectionné ses techniques.

(Je l’ai retrouvée !)

Et je me dis aussi qu’on a du boulot.
On va couper les cheveux de mon fils, pour plein de raisons, mais je sais quelle est la première de ces raisons. Hier je lui disais que parfois fallait composer avec les règles du jeu, il m’a pris au pied de la lettre.
Ou alors il en a marre de manger ses cheveux et de se casser la gueule parce qu’il ne veut pas se les attacher (« C’est un truc de fille » oui)(il est éblouissant avec les cheveux relevés pourtant, j’en suis restée sur le cul tellement ça lui allait bien)

On va pas se leurrer, ça reste tôt pour inculquer les principes de résistance féministe à l’école. Il a des copains de classe de type « petit dur de cour de récré » et pour le moment, on fait en sorte que sa scolarité se passe le mieux possible. Alors, on suit sa demande. Ça servirait à rien de l’obliger à garder les cheveux longs s’il ne le souhaite pas ou si c’est souffrant pour lui. J’espère qu’il osera se laisser pousser les cheveux lorsqu’il en aura envie. Ou pas. Si ça se trouve il aura les cheveux courts toute sa vie et je n’aurai que cette image fugace de sa coiffure parfaite sur cheveu long pour nourrir mes espoirs de coiffures extravagantes…

😭 Mon bébééééééééé !!!