Heure de réveil : trop pour que je les compte, 5h05
Le GROS avantage quand tu te fais mal tout le temps, c’est que tu as déjà une minerve à ta taille en stock (j’ai également une chevillière, un orthèse pour le bras, des genouillères, diverses ceintures lombaires, du strap, du strap réutilisable, des pansements de toutes formes/tailles…)
Ce qui est con c’est que je stocke les orthèses sous mon lit, dans le tiroir, celui qu’on ne peut pas ouvrir, donc je n’ai pas pu récupérer ça sans demander à mon cher époux qui m’a surveillée tout le week-end pour que je foute rien. J’ai changé la litière des chats en douce, en me disant ouais il va rien remarquer, mais si.
Du coup, il a tout fait, et j’ai rien dit sur sa manière de gérer (j’ai rongé mon frein). Politiquement, il est devenu sans concession sur les trucs d’ordre féministe et inclusivité, je crois que j’ai créé un monstre wokiste 😳 Non, il s’est documenté aussi de son côté mais je sais qu’il me lit quand il peut, je le sais !
Tiens, on va parler de ça.
👉 NB : « mec » est substituable à « partenaire », c’est juste qu’ils sont en large majorité dans la problématique et que j’ai la gueule dans la minerve ET dans le cul.
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Une des questions que je vois le plus passer en zone non-mixte « par la force des choses » (genre les groupes de parentalité où t’as 91% de femmes) c’est « comment apprendre à mon mec à être moins égoïste ? » (tu peux remplacer égoïste par d’autres termes si tu veux, fais-toi plaisir)
Des fois, je lis des récits absolument glaçants, de mecs tyranniques-soft qui pensent être des mecs bien.
Tyrannique-soft c’est celui qui est ingénieur et qui ne sait jamais lancer une lessive. Trop compliqué. Celui qui se trompe tout le temps en faisant les courses, ou qui ne ramène pas tout parce que « je savais pas ». Stratégie du mauvais élève sur la charge mentale. Je fais mal, alors fais-le.
C’est aussi ceux qui se sentent tellement supérieurs intellectuellement qu’ils se permettent d’essayer de te la faire à l’envers. Ou ceux qui font du chantage affectif pour qu’on arrête de les emmerder avec nos conneries de bonnes femmes. En gros, ceux qui tabassent pas directement mais qui sont quand même de foutus toxiques.
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Un de ces récits m’a éclairée telle une étoile en fin de vie dans son dernier flash. Une femme parle de son ex qui était pénible, d’où le « ex ». Elle raconte qu’il est revenu dans sa vie, qu’ils ont passé une nuit ensemble sans engagement, et que le lendemain il lui envoyait des message genre « je choisis quoi ? » au supermarché comme si elle était sa mère. Retour aux bonnes vieilles habitudes.
On a aussi le mec qui vit seul depuis 10 ans, qui arrive donc à s’occuper de lui-même un minimum, et qui perd absolument TOUTE faculté d’autonomie une fois en relation.
🦄 Y’a un truc à comprendre. Le « Je ne sais pas » ou « C’est trop compliqué » masque un refus de prise de conscience. Au lieu de dire la vérité, à savoir : « On m’a vendu l’idée que quand j’aurai une meuf elle ferait le ménage et s’occuperait de moi comme ma maman. Je ne sais pas. C’est trop compliqué. »
Attention, j’en veux pas aux mecs qui pensent comme ça, c’est effectivement ce qu’on leur vend : tu vas dans le Dehors faire de la thune, Maman-bis s’occupe du reste.
Quoiqu’en disent les masculinistes, aller dans le Dehors c’est pas chasser le mammouth dans la taïga sibérienne, non.
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🌸 La journée de mon mari, c’est : je me lève, je prends mon café, j’emmène l’Enfant à l’école, je vais au boulot, je reviens, je fais à manger, je lis les histoires du soir.
Son taff est prenant et complexe mais sa journée est linéaire et monotâche.
🌼 Moi, aujourd’hui : vider le lave-vaisselle, ranger la table, ranger la table basse, aller dans chaque pièce pour récolter les vêtements à laver, changer les (2) litières des chats, nourrir les chats, prévoir les croquettes, la litière, le taux de câlins, gérer les éventuels pipis, faire une ou deux lessives en fonction de mon retard, arroser les plantes, ranger les trucs jetés n’importe où par le susmentionné Enfant, me demander s’il a assez de pulls pour l’hiver, me demander si c’est pas le moment de racheter des baskets, ne pas oublier de prendre la précieuse trottinette pour la sortie de l’école, passer devant la pharmacie en me disant merde je devais prendre mes médocs, bon, demain, passer l’aspirateur, est-ce qu’il reste assez de sucre ? Et spécifiquement aujourd’hui : détartrer la cafetière, en profiter pour faire les cycles de maintenance lave-vaisselle et lave linge, prier mon Dieu inexistant pour que la cafetière tienne encore un peu, commander les courses.
En permanence dans ma tête : ma situation professionnelle, ma santé (médicaments, rdv médecins au pluriel), le bien-être émotionnel de la famille, la santé de la famille, dont les chats, les impôts, les factures de cantine, les vacances scolaires, mes parents, mes beaux-parents, le monde qu’est de la merde, etc.
Ma journée n’est pas linéaire et je fais à peu près tout en même temps (je vais pas rester 3h21 devant la machine qui lave mes draps, non). J’ai 16 tâches ménagères, à différents rythmes.
Pire : ma journée n’est qu’un jour sans fin, ce que je réalise est à refaire le lendemain. Si mon bien-aimé devait refaire ce qu’il a fait la veille tous les jours, ce serait moyen. Son travail, ses progrès sont conservés d’un jour sur l’autre et il est très valorisé. Moi, je passe deux jours en PLS dépressive, j’ai tout à refaire. Je n’ai pas de progression dans mon travail : je répète les mêmes gestes à l’infini, et personne ne le valorise car c’est « mon rôle ». Pas « mon travail », non, mon « rôle ». Un travail, on le choisit à peu près et on peut parfois changer de crèmerie. Le rôle de ménagère des années 50, lui, que je travaille à côté ou pas, il est pour Bibi.
Et Bibi, y’a que ses potes pour lui dire « Tu as VU le fond du panier à linge ??! 🤩 Wow !!! »
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Je ne dis pas que c’est facile de faire le boulot de mon mec, non. Justement, c’est PAS un travail facile et il est valorisé pour ça.
Moi, je fais « la base » et femme de ménage bénévole c’est pas ultra valorisé, comme job.
Lui a chaque jour un nouveau challenge, moi j’ai chaque jour le même challenge. Je lave mes sols, le chat gerbe partout. La blase m’envahit et parfois ça me fait pleurer, quand je suis seule.
Je parlais du principe d’entropie et de néguentropie à une amie cette semaine, je pense que ça peut s’appliquer ici.
Entropie : (thermodynamique/théorie de l’information) tout organisme en espace clos tend vers le chaos et la mort. Les organismes vieillissent, l’univers vieillit. On meurt. L’entropie c’est la dégénérescence du monde.
Néguentropie : faculté d’un organisme à combattre l’entropie (manger chaque jour nous sauve de la mort) afin de préserver un équilibre.
👾 Mon mari et moi faisons face à l’entropie, comme tout le monde. Lui fait de l’infra, voit ses équipements mourir et doit anticiper le remplacement. Les technologies évoluent, il doit mesurer les effets de bord liées aux mises à jour et migrations. Quand il y a un souci, il vient guérir et sa mission est que le système ne meure pas, sinon je pense qu’il se fait virer. Son travail est essentiellement de freiner l’obsolescence matérielle et logicielle.
Moi, je combats le chaos chaque jour, sans aucun espoir de néguentropie. Acheter un aspirateur performant est-il un acte de néguentropie ? Non. Mais la lessive, c’est sans fin. Je vois le fond du panier à linge, mais ça dure 16 secondes. Chaque matin, je récupère ma maison dans le chaos, j’apporte de l’ordre mais c’est un ordre très précaire. Je ne répare rien, car rien ne casse : il s’agit de ma dégénérescence domestique. Je repars à zéro tous les jours et, moi, je vieillis et mon corps se délabre un peu plus, c’est un combat non productif et perdu d’avance.
Mon objectif ne sera jamais achevé, enfin, tant que mon logement ne sera pas auto-nettoyant.
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Ok, on s’est un peu perdu-es en chemin, mais ça reste pertinent pour expliquer la différence entre le travail salarié et le travail domestique. Le travail salarié « construit », le travail domestique ne fait que remettre les choses à zéro, tendant en vain vers la propreté totale.
JE ME DEMANDE BIEN POURQUOI LES FEMMES AU FOYER S’EMMERDENT, TIENS 😒
Ces questions de création/destruction sont au cœur de la domination patriarcale, en réalité. On est pas sur du « l’Homme crée, la Femme détruit » car c’est plus complexe. Si on dispose des organes nécessaires, on peut créer de la vie. En revanche, on considère que les hommes sont plus aptes à la création en général. Genre ils étaient pas contents pour les bébés, alors ils ont pris le reste.
Cependant, en créant, l’Homme détruit. Quand tu ouvres une boîte stérile, elle ne l’est plus. Manger quelque chose c’est tuer quelque chose d’autre. L’innovation et la création sont toujours synonyme d’une destruction quelque part.
La vision de La Fâme c’est plutôt celle de l’éducation et de la guérison : on fabrique des humain-es et on les aide à grandir, c’est à dire à se diriger tout droit vers la mort. On contrôle, on répare les dommages, on assure la sécurité domestique. On est à la fois dans l’entropie et la néguentropie. Eviter la mort de ses enfants, c’est lutter contre le Chaos jusqu’à sa propre mort.
Je le redis ici : c’est une VISION des choses, hein ? C’est pas vraiment comme ça que les forces devraient s’équilibrer, on est d’accord. Mais, pour le moment, c’est ce qui se passe selon moi qui ne suis pas très subtile.
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On est donc au delà des considérations des mecs qui ne savent rien faire sans maman. On est sur une vision des choses un peu plus large qui permet aux hommes de réaliser et aux femmes de contenir les effets de bords des réalisations des hommes (bébés, accidents nucléaires, etc.).
Aussi, seul, un homme sait à peu près s’entretenir. Je vais être assez désagréable mais l’image du mec célibataire dans son taudis, c’est un leurre. Je connais des femmes absolument bordéliques au delà du concevable pour moi, je connais des hommes hyper-maniaques (dans ces cas-là ils reprochent souvent à leur compagne de toujours mal faire, mais ne le font pas pour autant). Mais un appart de nana qui serait sale a tendance à beaucoup plus choquer que l’inverse (une nana sale d’appart, donc). On a donc l’idée reçue que les femmes sont propres et que c’est normal que les mecs vivent dans le chaos le plus total.
Mais certains hommes délèguent le plus vite possible tout ce qui les fait chier. Hey, t’es là pour ça, non ?
☕ Moi aussi un jour j’ai passé une nuit chez mon amoureux, en 2007. Le premier matin, il va au boulot, je me fais un café. Je sais pas ce que je fabrique, mais le paquet de café explose dans ma main et j’en fous strictement dans toute la cuisine. J’ai commencé à nettoyer et je me suis rendu compte qu’en fait, la cuisine était blanche, pas jaune. Quand mon amoureux est revenu, sa cuisine était immaculée, et tu sais ce que j’ai fait ? Je me suis excusée parce que je collais trop au cliché de la meuf qui vient bouleverser la vie de son mec en changeant tout. C’est ce qui s’est passé, finalement, mais ça c’est une très longue histoire.
J’avais cette idée de « la meuf qui range = mal » car atteinte à l’intégrité du domicile.
Le détail qu’il est bon d’apporter aujourd’hui c’est que j’ai été en partie élevée comme une ménagère par une Mamie professeure d’Arts Ménagers. Faire le ménage m’apaise à mort, j’y peux rien et c’est parfois totalement compulsif. En phase de manie, je peux faire uniquement ça pendant 5 jours, jusqu’à ce que le corps lâche.
Surtout, j’ai eu plusieurs expériences de réveil chez une autre personne qui dort. Moi, tu sais, à 5h, je suis debout. Je sais que ma pote est une lève-tard. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire pour m’occuper ? Je range son salon, sa cuisine, je nettoie les surfaces, je trie, je vide/remplis le lave vaisselle.
J’ai des compulsions ménagères, oui. J’y peux vraiment rien et c’est relativement pratique dans la vie. Je ne suis pas maniaque (enfin si mais je le suis au sens psychiatrique), mais j’ai des phases de rangement compulsif assez fréquentes. Le souci c’est que mon corps suit pas et que je me fais parfois très mal. Mais bon. Faut c’qui faut.
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Aussi, j’avais ça bien ancré. Mes ex étaient plutôt contents d’avoir une meuf qui fait tout. Mon ex abusif se disait plus maniaque que moi (mais ne faisait pas de ménage, donc), et me reprochait de mal faire tel ou tel truc, pour rester dans le contrôle, et ça marchait parfaitement, ça appuyait pile là où il fallait pour me mettre en insécurité affective. « Le seul truc que tu crois bien faire, tu le fais mal ».
Lorsque nous avons emménagé ensemble avec mon dulciné, j’ai « naturellement » tout géré. Je ne lui ai pas vraiment laissé la place de faire, je faisais, parce que je considérais ça comme mon rôle. Ouais j’ai pas toujours été une fieffée féministe, que veux-tu…
Avec le temps et l’évolution de mon handicap, je n’ai pas pu tenir le rythme, alors je me sentais mal. J’ai eu la même phase lorsque j’ai ramené mon nourrisson à la maison : tout devait être absolument et totalement propre, et JE devais gérer, pour être sûre. J’étais en dépression post-partum et c’est les potes qui m’ont freinée. J’avais accouché le jeudi, le dimanche je nettoyais la douche avant de pleurer dedans, le lundi, j’allais en bus chercher des biberons, du lait et un milliard d’autres trucs.
☠️ Il m’a fallu du temps avant de réaliser que je devais être aidée, et que je devais cesser de plaquer mes standards des années 50 sur ma vie des années 2015. C’est pas grave si mon mari passe mal l’aspirateur, au moins, il le passe. Tant pis si il met tout à 40°C dans la machine sans rien trier, ce sera au moins propre un minimum et personne ne va en mourir.
On ma demandé de baisser mon niveau d’exigence, j’ai dit non. J’augmente mon niveau de tolérance à la place. Un jour, ou mille, on m’a dit « tu es trop exigeante » et ça m’a juste sur-énervée. JE fais les choses BIEN, je ne suis pas exigeante. Je ne baisse pas mes standards ME concernant, mais je laisse l’autre se planter sans intervenir. C’est pas moi qui ai les mauvais standards, en fait. J’ai mes propres besoins et je ne le contrôle pas, surtout. C’est comme me dire « sois moins bipolaire steuplé » : je te le dis tout de suite, c’est foutu.
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Quand on te demande de baisser ton niveau d’exigence, on te demande de prendre sur toi, encore. Moi, j’accepte pas ça. J’ai le droit d’avoir des exigences, tant que je fais pas chier le monde outre mesure. J’ai le droit de vouloir que les personnes qui vivent avec moi mettent leur linge au sale, mais je n’exige pas qu’on fasse les vitres tous les jours.
Et ça revient, encore, toujours et encore toujours à la demande faite aux femmes : c’est à nous de changer et de nous adapter à LEURS exigences. Non, parce que personne ne leur dit, à ces mecs, que ce qu’ils attendent des femmes est surréaliste. Personne ne remet leurs exigences à eux en question, c’est à nous de nous adapter.
Beaucoup d’entre eux veulent une femme qui s’occupe de la maison, sans forcément même se l’avouer. C’est un attendu. C’est dans le bundle. Alors, ils redeviennent dépendants comme des enfants qui sont tout fiers parce qu’ils ont mis un coup de sopalin sur la tache qu’ils viennent de faire sur le canapé. Ça fait une auréole et tu vas devoir rattraper le truc, mais eux sont fiers d’avoir fait quelque chose et tu te retrouves à les féliciter comme des gosses.
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Je n’écris pas tout ça pour faire du man-bashing. Déjà parce que mon hétérocisnormativité est pétée et que je généralise. Ensuite, parce que c’est pas là, le problème. Le problème, ici, c’est les attentes qu’on a. Moi, je voulais un mec qui me tabasse pas, par exemple, on peut pas dire que ce soit un standard de ouf non plus.
🎲 Mais on les place dans une position un peu bizarre et contre-intuitive. On leur a survendu ce bundle, parce que la princesse, quand tu la délivres, tu la pécho, c’est comme ça, c’est la vie. Ils sont très peu à avoir appris les subtilités du linge, par exemple, parce qu’on s’est dit que leur femme le ferait. On les a dressés à aller chercher l’Argent dans le Dehors, c’est la quête principale. Le reste, et bien…ça dépend de leur bon vouloir. On peut finir un jeu sans avoir fait les quêtes secondaires.
Alors, au moment de se confronter à la réalité, ils déchantent. Comment ça, une meuf ça fait pas tout ? Comment ça, y’a des meufs bordéliques ? D’où tu me demandes de descendre les poubelles ?
Pourtant, les célibataires vivant seuls ont réussi à survivre avec du linge propre et sans choper la listeria. Mais dès qu’ils ont une personne qui « s’y connaît bien mieux », ils sont soulagés parce que les tâches ménagères, c’est chiant comme la mort et c’est pas valorisant. Evidemment, que ça les arrange. C’est contre-intuitif de réclamer pour faire des trucs chiants.
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Et nous ? On ose pas demander. On ose pas dire « t’es nul en lessives, je suis désolée ». On dit « Laisse, je m’en occuperai plus tard » quand lui dit « Laisse, on s’en occupera plus tard » (le piège réside dans le « on »).
« Comment rendre mon mec moins… »
Je vais refaire la même réponse : c’est à eux de s’éduquer. Chercher « un format court, genre BD » ou « un bon résumé » n’est pas productif. Parce qu’on prémâche encore le problème. Une personne qui partage tes jours devrait montrer un peu d’intérêt à tes activités, y compris féministes. Si vraiment les choses doivent changer, ça ne peut pas venir que de toi. La grève du ménage n’emmerde que toi. Il est capable de vivre dans la crasse sans la voir, de toutes façons. Le constat est super moche, mais les seuls mecs que j’ai vu évoluer étaient déjà ouverts aux questions féministes. Et, pour moi, un homme qui se comporte en dominant n’est pas un partenaire de vie, c’est un parasite.
Si il n’y a pas, de base, au moins un début d’ouverture au questionnement, c’est mort, et les années feront que le problème empirera. Ils ne vont jamais, d’eux-mêmes, se dire « Tiens, et si j’abandonnais mes attributs de dominant dans le but de relationner de manière la plus égalitaire possible ? »
Un mec qui ne sera pas sensibilisé ou ouvert ne lira ni les BD, ni les résumés, ni les stories que tu lui envoies. Autant économiser du temps en lui tendant un balai, sérieusement.
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Mon constat n’est pas particulièrement sombre, je sais que c’est possible, que les gens changent, évoluent, et nous aussi. On s’adapte, on s’engueule, puis on compose avec l’autre. Mais si t’en as qu’une dans la danse, ça risque de foirer. Faut être (au moins) deux, idéalement, comme en parentalité.
🎯 Le principal problème que je retrouve, le gros non-dit c’est : « Je me sens en insécurité affective car il fait tout pour, comment lui dire les choses sans que ça empire la situation ? »
L’insécurité affective, c’est le mec qui se vexe et ne te parle plus, sans explication. Celui qui te gaslight. Celui qui te répond de manière passive-agressive ou se croit malin en disant genre « pas tous les hommes » ou « ah ouais alors si tu veux l’égalité je peux te taper ho ho ho », celui qui t’humilie devant les potes en raillant ton engagement militant, celui qui te dit que tu as grossi et qui contrôle ton alimentation, celui qui critique tes fringues, tes boutons, ton maquillage ou tes cheveux. Celui qui décide de ne rentrer que demain matin et t’appelle depuis la Meilleure Fête Du Monde où il son ex est invitée et pas toi. Celui qui cache son téléphone, ferme sa session dès qu’il s’en va, celui qui ne veut pas que tu vois ses relevés de compte, ni les tiens…
Tu l’auras deviné à la précision de certains détails, j’ai connu ça. Une meuf en insécurité affective est une meuf sous contrôle, qui n’ose rien dire de peur de perdre son partenaire qui fait bien tout pour que l’insécurité demeure. Il peut décider de partir ou de te pourrir la vie à tout moment et tu le sais. Rien qu’à repenser à cette ambiance poisseuse de non-dit menaçant me file des frissons.
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👉 Et le problème, il réside bien plus dans cette insécurité entretenue avec soin (comme quoi, ils savent entretenir des trucs) que dans n’importe quelle forme de pédagogie. C’est très difficile de convaincre un dominant de jouer le jeu, car lui, il a l’impression de perdre à ton avantage, alors qu’il place juste ses pièces correctement sur le damier pour le prochain tour, celui où les deux parties sont à égalité et vivent heureux en faisant des roulades dans les champs. Il renonce à l’échec et mat, et ça, c’est assez difficile.
Mais abandonner le privilège…faut le vouloir. Toute la pédagogie du monde ne peut pas lutter contre ça.
C’est très con, parce que vivre à égalité, c’est positif pour tout le monde…mais ça aussi, c’est une autre histoire.