Heure de réveil : 4h10 (chats, moi)

Bon, je râle un peu contre le moi d’hier qui a fait un billet vraiment pas terrible, un billet joker on va dire. Comme quand on te demande si tu vas et que tu réponds «Joker». Si tu réponds ça y’a quand même 100% de chances que la réponse soit «non». En revanche, tout le monde s’y méprend donc je fais comme ça quand j’ai pas envie de dire une énième fois que je suis, oui, encooooore déprimée ou malade
Ton interlocuteur glousse un peu, surtout si tu dis ça avec un grand sourire, et c’est plié.

Demain, toutes mes techniques pour travailler son passing neurotypique 😃

🐶🐶🐶

Mais en réalité aujourd’hui je te parle d’indulgence et de bienveillance. vis à vis de toi.
Hier, je te jure, j’étais physiquement mal à cause de ce billet, j’ai failli l’effacer et tout, mais ça aurait fait un trou dans mes publis et mon côté obsessionnel n’a pas voulu. Pour une fois qu’il sert à autre chose qu’à trier mes feutres, lui…

Alors la Voix de la Sagesse en moi (Normalement elle s’appelle Lili, ma voix de la sagesse, mais elle était pas dispo) m’a dit :
«Meuf, arrête tes conneries. Si une de tes amies ou une personne que tu lis se plante, tu feras quoi ? Tu vas aller l’engueuler ? Merde, ça arrive même aux meilleures, alors à toi…»
(Ouais, niveau estime de moi y’a encore du boulot, Lili aurait pas formulé ça comme ça.)
Et c’est vrai. Les copines m’ont fait la remarque. «Tu ne parles pas comme ça de mon amie».
Je les en remercie ♥
Qu’est-ce qui m’autorise à critiquer aussi violemment une amie de mon amie ? Elle ne m’a rien fait.

🐸🐸🐸

Bah oui, c’est vrai, ça, quels sont mes torts ?
Est-ce que je nuis à des gens ? Je ne pense pas.
Est-ce que j’ai blessé une personne ? Non.
Est-ce que je suis une menace pour la société ? JOKER !

Je sais que si tu connais la dépression, tu auras une liste de réponses longue comme le bras. Mais si tu analyses ça de plus près…bah t’es pas Pol Pot non plus, quoi.
J’espère.
Si t’es Pol Pot, c’est flippant, je sais pas quoi te dire.

Perso j’aurais plutôt dit Grobisou si j’en crois les potes qui s’appellent pas Paul. C’est vrai que c’est idiot. Je ne suis pas du tout une sainte (beurk) mais je suis loin d’être un monstre…
Si je peux faire bénéficier une amie de mes privilèges ou compétences (thunes, aide informatique, administrative, soutien, désenvoûtement et retour de l’être aimé) je le fais de bon cœur.
Je pense, tout à fait objectivement, que je suis au pire «neutre» et que mon max de méchanceté va pas pisser loin…

Je suis loin d’être une amie idéale car totalement en ermite par périodes mais je ne suis certainement pas «méchante». Je dis parfois du mal des gentes et ça me ronge après, même si c’est des personnes que je déteste. Mesquineries ordinaires. Difficile à vivre, sans doute, mais pas cruelle pour un sou.
Suis même un peu la neuneu, tu sais, celle qui investit plein plein et qui se fait avoir, pour recommencer juste après.

Bref, t’as saisi.

🍐🍐🍐

Si tu savais les qualificatifs que je peux employer à mon encontre…je pense que je ne dis pas le quart de ça face à du troll masculiniste dans un Neurchi de Quelconque. Bon, au moins, je sais que je suis pas la seule, hein ? Allez, toi-même tu sais 😁

Tu fais tomber une éponge par terre, dégâts constatés = zéro, et tu te hurles «Putaiiiiin mais fais attention un peu merde, je sais pas, fais quelque chose, on en peut plus de toi avec tes imbécillités, là, tout le temps».
Est-ce que tu dirais ça à ton enfant ?
Tu ne dirais pas ça à ton enfant, et pas parce qu’il n’atteint pas encore les éponges sur l’évier, mais parce que tu fais attention à lae respecter et tu veilles à faire passer le message un peu différemment qu’avec des insultes. J’espère.

Donc tu serais observatrice de la scène, tu ne te jugerais sans doute pas du tout de la même manière. Tu dirais «Pas de bol, Alphonse» parce que tu as oublié l’expression adéquate des 90’s dans cette situation genre «à plus dans l’bus», tu ne te mettrais pas à péter un câble sur Alphonse. J’espère. Enfin après si Alphonse a vraiment déconné, je dis pas.

Autre question : est-ce que tu engueules les inconnu-e-s dans la rue ? On ne parle pas des automobilistes quand tu es toi-même en voiture, je les laisse à leur énervement sans doute salutaire, j’ai pas le permis et un Navigo à rentabiliser.
Est-ce que tu engueule la mamie devant toi en caisse alors qu’elle paye ses courses de la semaine en pièces de 10 cts ? Ça peut arriver, hein. J’ai déjà vu des gens péter des câbles comme ça. M’enfin pas non plus tous les jours, quoi. La mamie met 10 ans à sortir son parpaing de monnaie que tu te demandes comment elle fait pour le transporter, tu souffles, tu montres un peu ton agacement et c’est fini. Tu l’insultes pas, en général.

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Je pense que tu as saisi ce que j’essaie de te dire à grands renforts d’analogies foireuses.
Comment en arrive-t-on à être si intransigeantes avec nous-mêmes ? C’est hallucinant. Vraiment.
Je suis pas mal de personnes qui écrivent sur différents médias, des fois c’est super génial top youpi, des fois c’est moins bon. C’est comme la musique. Oui, je pense à toi In Flames. Shame. Shame on you. Ou à cet album si mal-aimé de Metallica dont j’ai oublié le nom (Oui oh ça va hein, genre toi tu le sais).

C’est la vie.
Des fois on déconne.
Et c’est même bien parce que si on est toujours à 100%, ce 100% perd tout son sens.

Est-ce que ta bourde a fait du mal ? Si oui, tu peux en parler aux personnes concernées et t’excuser ou expliquer le truc. Si non, tu es très certainement la seule et unique personne dans cet univers à te repasser la scène en boucle, décortiquant la moindre maladresse, amplifiant encore la gravité de l’erreur ou de la maladresse jusqu’à trouver la justification qu’il te fallait : tu ne mérites pas de vivre.
C’est chaud quand même, juste pour avoir mal lu un post ou mal compris une situation.

Je suis même quasiment sûre que la ou les victime(s) de l’erreur en question ne s’en souvien(nen)t plus.
Il m’est arrivé de venir à la rencontre d’une personne, toute piteuse, déposer un remords que j’ai depuis des semaines, des mois, des années. Tu déposes, tu t’excuse, et là la personne te dit «Mais de quoi tu parles ??!» Et toi, depuis des lustres t’en dors pas la nuit.

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Ok, ça ne fonctionne que sur les incidents mineurs hein. Je te vois venir, Roman P., avec ton «droit à l’erreur». Nan, ça marche pas comme ça, les violeurs n’ont pas «droit à l’erreur», tu vois ?
Les parachutistes non plus, d’ailleurs 🤔 Les coiffeurs, les chirurgiens, les démineurs non plus. La frange parfaite, déminer 8kg de C4 : même combat.

Evidemment que si tu fais du tort tu dois à minima tenter de réparer et t’excuser.
Mais écrire un billet joker ou faire tomber une éponge c’est pas de la boulette niveau «Foutre le feu à la salle serveurs en éteignant la clim par réflexe en sortant» ou «Débrancher le respirateur pour y mettre ton aspirateur quand tu travailles à l’hôpital.»

Franchement je vais me dispenser du topo sur la différence entre grave/pas grave, parce que t’as pas 10 ans (si tu as 10 ans merci de ne retenir aucune grossièreté écrite sur cette page).
Et si tu utilises mon article pour justifier un truc grave, t’es vraiment idiot parce que ça compte pas, c’est pas une vraie source fiable, ce sont les écrits d’une personne malade mentale, HA !

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Alors j’ai pas effacé le billet (et je le met dans le PDF et tout, avec les photos pour compenser).
Je me suis dit que j’avais mal dormi, que j’étais en poussée inflammatoire avec un genou niqué en combo avec la crève du petit que je chope x10, que j’ai tenu mon engagement du billet par jour. Que c’était pas un super billet de la mort, mais on peut pas toujours faire des trucs parfaits. Genre mes autres billets sont par…ah ! Tu l’entends, la voix de l’auto-humiliation ?
Mais ouais, ça arrive.

Ce coup-ci, je me suis pardonnée. J’ai laissé couler. C’est pas grave, personne n’a été blessé, aucun délit n’a été commis excepté à mon encontre. En plus tu as déjà sûrement oublié ce foutu billet.
Dans ma lutte pour ma vie, et ouais j’appelle ça comme ça parce que ça fait foutrement plus épique de parler de «Lutte pour ma Vie» que de de «Défaite contre ma dépression» 😎


Dans ma lutte pour ma vie, donc, j’essaie de décortiquer un peu ces schémas toxiques afin de tenter de m’en affranchir.

C’est aussi pour ça que je t’écris, parce que poser les mots et structurer sa pensée est une étape fondamentale du processus. Je n’en suis qu’au début mais j’ai envie de partager avec toi les deux trois épiphanies qui m’ont réellement aidée à avancer, dont cette tendance à être hyper dures avec nous-mêmes pour finalement pas grand chose.

CETTE PAGE NE DEVIENDRA JAMAIS UNE PAGE DE COACHING, compris ?

Franchement, si je vire dans ce mood dis-le moi, je corrigerai le tir. C’est tout sauf ce que je veux. Je ne suis pas une sachante enseignant la vie à des gentes, t’es bien assez grande comme ça, t’as pas besoin de moi. Brr.

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Parfois, lorsque je déroule ma pensée par écrit, je perçois des erreurs, ou des points intéressants, un truc qui me titille, qui me dit «attends tu touches quelque chose du doigt, là».
C’est souvent comme ça que je commence mes billets. Je sais pas où je vais. Je creuse, des fois je me plante, je rebrousse paragraphe, je recommence, je galère, je vais me faire un café, je fais le vide dans ma tête, puis je reprends.
J’aime bien mon billet de ce matin, même si j’ai fait n’importe quoi avec les emoji 🐧

Ça m’a fait du bien de l’écrire, en tout cas. Ce billet aura donc fait du bien à au moins une personne et c’est tout ce que je veux.