Heure de réveil : 1h36, 2h17, 3h49
TW : viol, pédocriminalitéJe reprends forme humaine, pardon pour cette interruption. Je pense que je vais m’accorder en fait un jour joker par semaine si j’en éprouve le besoin. Là je ne pouvais rien faire avec mes mains donc j’ai fait zéro virgule mille internet et c’était vachement bien.Je suis dans ce que je pense être dans une position ergonomique. Faut encore que j’économise mes mains. J’ai encore galéré à ouvrir une cannette de Coca, hier.
Aucune cannette de Coca ne sera blessée durant le tournage de ce billet, promis (En revanche, je risque d’ouvrir une boîte de Ricoré, Karin, pardon)

Aujourd’hui, on va parler de « faux souvenirs » et ça fait un bail que je veux en parler, ça tombe bien alors ! C’est long par contre, prends un café. Ou de la Ricoré.

🧠🧠🧠

J’ai une assez bonne mémoire à long terme. En fait j’ai surtout une bonne mémoire visuelle. Mais j’oublie souvent les prénoms des gens. Je peux te décrire leur visage, mais je ne sais plus leur prénom, il me faut une période d’apprentissage. Je sais que pour d’autres personnes c’est strictement l’inverse.

Ma mémoire immédiate est pas mal corrompue par les divers médicaments que j’utilise. Des fois je perds totalement le fil à mi-conversation. Ça malheureusement c’est les benzodiazépines et le Lithium (le second a hypé le game un peu plus).

Mais j’ai d’excellents souvenirs, certains très précoces.

J’ai réalisé il y a quelques semaines que j’étais en capacité de donner la provenance de quasiment chaque objet de la maison ainsi que son histoire. On a BEAUCOUP de bibelots et figurines, je dis « quasiment chaque » car je ne sais pas toujours d’où viennent les babioles du Parent 2.

C’est aussi valable pour les objets « sans histoire ». Je sais où on a acheté nos chaises et quand (Ikea, 2008), je sais que j’ai acheté ma brosse à cheveux en bois entre 2015 et 2016.

En fait c’est pas seulement visuel. Je me souviens parfois de l’ambiance, de la couleur du ciel, de la luminosité, de mon moral à ce moment-là, de certaines émotions, etc.

Si je fais un minimum attention au lieu de mater mon téléphone comme une asociale que je suis, je peux te dire quels étaient mes co-voyageurses dans les transports. Si la femme devant moi avait un collier, si mon voisin sentait bon ou pas (ou pas). Je sais te dire qui était avec moi dans une salle d’attente.

En revanche, des fois, tu me dis un truc, je me perds. Mon grand « jeu TCC » du moment c’est de m’attribuer des points imaginaires quand je rattrape le fil J’ai gagné 50 points sur ce billet !

🐻🐻🐻

Mais je n’ai pas beaucoup de souvenirs de mes parents, même si je me souviens très précisément du tilleul dont les branches touchaient la fenêtre de ma chambre, du chemin de terre qui passait devant la maison, des chaises, immenses, qui m’ont appris à marcher. Je me souviens aussi quand j’ai trébuché sur une faux à cause de scouts qui l’avaient laissée traîner là, je me souviens de quasiment tout l’incident, j’en garde une belle cicatrice et le souvenir de l’aiguille du généraliste du coin.

Je me souviens du 14 décembre 1986. A l’époque, je ne savais pas trop qu’on était le 14 décembre, j’avais 4 ans. C’est ce jour-là que ma mère nous a mis dans la voiture avec mon frère et le plus d’affaires possible avant de se barrer. Je me souviens de nos sacs de couchage réversibles bleu et rouge, le sentiment de stress et d’incompréhension, l’arrivée sous une lumière blafarde après un long long trajet. Mon frère avait été étonnamment calme. Et on est jamais revenus à la maison.

Le Domaine des 3 Tilleuls (rénové), en Lozère, là où j’habitais. La maison était partagée avec un couple d’amis de mes parents avant de devenir un gîte rural.

C’est assez étrange car je me souviens vraiment des émotions, sensations, couleurs, lumière.

J’ai pu retrouver des souvenirs par la méditation, aussi. Je laissais mon esprit se fixer sur un endroit de ma vie au hasard, et je reconstituais.

C’est là où je me suis dit « Ah, attention ».

On peut se fabriquer de faux souvenirs.

🦋🦋🦋

En 2009, un redditeur a posé la question d’un film qu’il se souvenait avoir vu dans les années 90. Ce film s’appelait « Shazaam ».
En 2011, la trend repart avec un autre redditeur qui se souvient du film.
En 2015, on recommence, mais là…beaucoup de gentes se souviennent maintenant de ce film. Alors on cherche. On cherche, et on ne trouve pas.

En réalité, ce film n’a jamais existé.

On appelle ça l’effet Mandela.

Des gens se souviennent de la « mort » de Nelson Mandela en prison dans les années 80. Nelson Mandela n’était pourtant pas mort, il a attendu 2013.
Et pourtant. Beaucoup de gens s’en souviennent, et pensent vivre dans une réalité alternative.

C’est un faux souvenir « de masse ». On dirait un glitch dans la matrice, c’est surtout un faux souvenir contagieux. Celui de « Shazaam » est une confusion avec le film « Kazaam », bien réel.

A partir de là, ça devient un peu compliqué. Si on peut avoir de faux souvenirs collectifs, on a ptet rêvé plein de choses, non ?

Si ça se trouve, hier j’ai rêvé que Sarkozy allait en prison ?

Nooooooooooon ! C’est bien réel !!! 🥳
(Oui je sais il y foutra pas un pied mais je suis joie un peu)
(Je trouve que les politiques ont un taux de criminalité incroyablement élevé, comparé aux grutiers par exemple, faudrait les dépister à la maternelle, hein ?)

🥳🥳🥳

Je sais qu’une partie de mes souvenirs est fausse. J’en ai conscience. Avec le temps et l’entraînement, je sais quand je pars du « attends, je me souviens… » vers le « mon imagination… »

J’ai essayé des dizaines de fois de me souvenirs du plus grave des abus que je sais commis sur ma personne enfant. Je sais à peu près ce qui a eu lieu, j’ai encore en mémoire certaines sensations, l’angoisse, la peur, tout ça. Mais je bloque à un moment.

J’ai tenté d’ouvrir la porte en séance de méditation, je me souviens d’avoir eu la main sur la poignée, mais d’avoir fait demi-tour, très clairement.
« Je ne veux pas me souvenir de chaque seconde de ces horreurs »

Et ce fut ma dernière tentative, il y a une dizaine d’années. Je ne veux pas me blesser d’avantage, j’ai décidé de laisser ça comme ça. J’ai des flashs traumatiques ou certaines réactions réflexes que je sais liées aux événements. Mes remontées de trauma me suffisent, en fait. Ce dont je me souviens a été assez pénible pour qu’il soit condamné (En appel hahaha 😑 )

Je suis aussi sûre qu’on tisse nos faux souvenirs dans les interstices de notre mémoire. Attention, je sais ce qu’il m’est arrivé. Je n’ai juste pas les détails et le reste des « indices » est hurlant de vérité (autres victimes, souvenirs anodins qui prennent un autre sens sous un nouvel éclairage, expertises psychiatriques, traumatisme).

Je sais surtout que pour le coup, je suis pile à l’endroit où on peut se faire de faux souvenirs.

🐞🐞🐞

Je comprends qu’on le fasse.
L’amputation de la mémoire est terrible, surtout pour les victimes d’agressions. On oscille entre le silence qui répond au trauma, ce grand endroit sombre, et la douleur bien réelle qui demande une explication tangible.

👉 En psychologie, on dit que les souvenirs, mêmes faux, donnent de précieuses indications sur la personne. Peu importe que le souvenir soit vrai ou pas : la personne exprime quelque chose qu’il faut prendre en compte.

Un souvenir, quel qu’il soit, affecte nos vies. On a intégré cet élément dans notre lore((mythologie)) personnelle, on y a répondu, même à posteriori, par une réaction dans la réalité véritable.

Dans les cas de viols ou de violences, c’est assez classique d’avoir des blancs. On se souviens de l’avant, de l’après, mais le pendant est parfois suspendu dans les limbes.

Mais l’amnésie traumatique et le refoulement, ça marche pas quand on veut porter plainte ou quand on veut s’expliquer la situation. Alors on tisse quelque chose de conforme à nos projections.

Ce n’est PAS mentir. C’est une réaction post-traumatique classique à un événement traumatique. On se doute de ce qui s’est passé, on a parfois des bribes, et quand on en a suffisamment c’est juste encore plus traumatisant de ne pas avoir tout le tableau.
L’événement a bien eu lieu : il y a eu un avant, un après, parfois des marques physiques.

C’est pour ça que j’ai montré mes bleus sur le cou quand mon ex a essayé de me gaslighter (me faire réagir de manière « hystérique » à une affirmation calme, ici « Mais non il ne s’est rien passé hier soir »). Regarde, je l’ai pas rêvé, ça.

🦄🦄🦄

On ne s’invente pas un tel trauma.
Ok, ça arrive. Ça doit forcément arriver. Mais je n’ai pas d’exemple sous la main et c’est très difficile à quantifier, sachant que je ne les mettrais pas dans les fausses accusations (Notamment à cause du avant et du après consistants).

Epilepsy, headache concept with face silhouette shattered, vector illustration.

C’est ok de ne pas vouloir se souvenir, en plus. Vraiment.

T’imagines quand même la violence quand on nous demande de décrire nos agressions par le menu ? Parce qu’il faut « tout savoir ». Les flics ne se contentent pas du avant/après. C’est, je pense, une des raisons qui font que les femmes ne portent pas plainte aussi souvent qu’elles le devraient. Il faut tout dire, répondre aux questions parfois crades, se répéter, encore, encore, encore, et ce jusqu’au procès où on se répète encore et encore, mais devant public.

On sait, en tant que victime, qu’on va nous demander tout ça. Et on ne sait pas trop. C’est possible qu’on tisse, oui.
Est-ce que c’est l’important, au final ? Je ne dis pas « mentir youpi », je dis que l’important c’est l’acte d’agression, pas ces putains de détails que les flics trouvent croustillants. Le traumatisme est le même, la douleur aussi.

Mais en cour, visiblement, on pinaille sur la profondeur de la pénétration pour disculper un violeur. On pinaille sur la tenue, le maquillage, l’attitude de la coup…victime (ou coupable d’avoir osé porter plainte ?).

Pourtant, l’acte doit être pris dans son ensemble. L’agression ne commence pas par le viol. Elle commence dans un contexte, par la coercition, les menaces, la stupeur. Elle s’achève avec cette impression dégueulasse qui va coller aux semelles de nos basques toute notre vie. Jugement ou pas, on a pris perpète, nous.

Les détails, on s’en fout. Moi, je ne veux pas les connaître, sauf si tu veux m’en parler de ton propre chef. C’est PAS ÇA L’IMPORTANT EN FAIT.

Perso, j’ai été vraiment en détresse après avoir porté plainte car ça a changé ma vie, la vie de ma mère et celle de toute la famille proche. Je m’attendais à du réconfort, mais je venais de faire péter un gros truc alors on m’en a un peu voulu je crois. C’est comme ça que je l’ai ressenti. Une fois lâché le morceau au commissariat, j’étais strictement seule, tout avait changé, j’avais lancé la machine. Et j’étais seule, je me suis enfermée dans cette solitude le plus possible, pour oublier. Ça, c’était important.

🦊🦊🦊

On oublie pas, hein ?
Non, on oublie pas.

On oublie mais on oublie pas. Notre cœur, je pense, s’en souvient. On a du stress post-traumatique, parfois. On a des flashs. Certaines choses déclenchent des remontées de détresse. Un prénom, pour moi. Une couleur. Un plat. Une chanson.

On peut inventer un film, on peut inventer la mort de Mandela, on ne peut pas inventer un trauma de toutes pièces.

Je pense à une personne lorsque je dis « faux souvenirs ». Cette personne, sur un groupe féministe, qui dit « Attention, c’est remonté avec ta psy, c’est peut-être un faux souvenir » à une victime de multiples agressions par des personnes différentes, qui se souvenait parfaitement du avant/après.

DUDE 🤬

Ouais, faut pas forcer la mémoire. Mais on te demande les détails, alors tu forces. Pis t’as besoin de savoir. Alors, évidemment, tu cherches, tu cherches, tu cherches. J’ai cherché des années comme ça.
C’est normal de mettre toutes ses forces dans ce travail, j’ai choisi de ne pas savoir, ce choix m’a parfois pesé, surtout quand ma voix intérieure, celle qui me gronde, me traite de menteuse.

« C’est peut-être un faux souvenir »
Faut pas dire ça à une victime de viols, mec. Faut pas faire ça. Mais je sais pourquoi tu dis ça. Parce que tu es zététicien.

🍁🍁🍁

« L’effet de désinformation (misinformation effect, en anglais) est le fait de souvenirs du passé qui sont altérés par une information (source d’erreurs) qui se produit après l’exposition
[…] Cet effet est étonnant, mais il est démontré dans de nombreuses études : les souvenirs rapportés par les sujets peuvent être fortement influencés par des suggestions durant des entretiens »
(Wikipedia1)

Ce dont parle notre ami plus haut, c’est des « faux souvenirs induits », créés par des techniques psychanalytiques ou par l’hypnose.

PLOT TWIST Wikipedia :

« Jennifer Freyd (en) est une psychologue américaine née en 1957. Elle travaille principalement sur les abus sexuels. Dans les années 1990, elle accusa de façon non officielle son père, Peter Freyd, de l’avoir abusée pendant son enfance, ce qui incita ce dernier à fonder la fondation pour le syndrome des fausses mémoires. Selon Jennifer, il ne s’agit pas de faux souvenirs induits implantés par un thérapeute mais de souvenirs clairs d’abus. Jennifer Freyd était soutenue dans ses accusations par la mère et le frère de Peter Freyd.

L’expression « faux souvenirs induits », d’origine américaine, False Memory Syndrome, a été développé par Peter Freyd après qu’il eut été accusé en privé d’abus sexuel par sa fille. Il créera avec sa femme la False Memory Syndrome Foundation (FMSF) en 1992 avec le soutien actif du psychologue américain Ralph Underwager (en). Celui-ci s’était jusqu’alors spécialisé dans la défense de personnes accusées de pédophilie (témoignant plus de 200 fois dans la presse ou lors de procès) critiquant ouvertement les programmes de protection de l’enfance. En 1991 Ralph Underwager affirme ouvertement ses positions pro-pédophile lors d’un interview auprès du média hollandais Paidika: The Journal of Paedophilia. La révélation au public de cet interview contraindra Underwager à démissionner de la False Memory Syndrome Foundation. »

Oui, tu as bien lu, et toi aussi tu es toute surprise ohlàlà ?

Un avocat pro-pédocriminalité (et sans doute au moins pédophile) et un père accusé par sa fille montent une association pour hurler aux faux souvenirs sur une accusation de viol…

Le fait que Peter Freyd soit accompagné par sa femme, même si elle a soutenu l’accusation, n’est pas surprenant non plus. Dur de croire qu’on soutient un violeur, surtout quand on l’a épousé.
Hypocrite.

Illustration de Karl Fahringer inspirée du conte Le loup et les sept chevreaux, qui aurait inspiré Le petit chaperon rouge. © Karl Fahringer, Wikimedia Common, DP

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Cette histoire de « faux souvenirs induits » est un régal pour ces gens-là, oui. D’autant plus lorsque la victime était enfant. On sait bien que les enfants fabulent, et je sais de première main que les pédocriminels mettent toutes leurs forces au profit de leur défense.

Pourtant, les véritables cas de faux souvenirs ne sont pas légion. On parle ici de technique psychanalytique. La psychanalyse a comme basique que tout est sexuel, c’est pas ça ? Chaque élément de névrose est dû à un trauma quelconque, que ce soit ta mère qui a égaré tes chaussettes à pois rouges ou ton poisson rouge qui nageait sur le dos en 1994.

Dès lors, trouver le trauma devient l’objectif du jeu. Alors que…l’objectif c’est de soigner normalement. Cela ne me semble pas absurde que des psychanalystes cherchent à induire de faux souvenirs car ça soutient leur théorie sur nos psychés défaillants.

On fait quoi ?

Ben on va relativiser.
Dans la très très très très très vaste majorité des cas, même s’il y a des lacunes, on SAIT qu’on a été agressées, on le sent dans notre chair, les manifestations physiques et psychologiques sont incontestables.

Pourquoi tout de suite penser aux faux souvenirs induits quand une victime raconte qu’elle s’est souvenue d’un événement par flashs ?
Statistiquement, c’est une très faible probabilité.

 

🙉🙉🙉

Pourquoi DIRE à une victime « c’est peut-être un faux souvenir » ??!
Je veux bien, la rigueur scientifique, mais pas quand c’est pas demandé, et surtout pas si c’est pas demandé sur ce type de sujet.

Le faux souvenir c’est une défense de coupable, je pense. Pas à 100% parce que not all machin. Mais l’argument est quand même vachement souvent repris par les avocats de la défense, surtout lorsque la victime était enfant. Je sais, les mecs, vous faites votre travail, mais je vous hais.

Le « faux souvenir induit » fait bien leurs petites affaires, oui.

Sauf que…

« Le syndrome des faux souvenirs a été et reste contesté par une grande partie de la communauté scientifique et des spécialistes de l’inceste : « il n’y a aucune preuve scientifique présentement pour prouver qu’on peut créer une fausse mémoire d’abus sexuel chez quelqu’un qui n’a pas de traumatisme dans son passé » écrit Daniel L. Schachter psychologue et chercheur diplômé d’Harvard dans son livre Searching for Memories (1996). Les scientifiques anglais ont également fortement contesté cette théorie.

À l’inverse, une étude scientifique dirigée par Linda Meyer Williams et publiée dans le Journal of Consulting and Clinical Psychology aux États-Unis a démontré que 38 % des femmes victimes d’inceste durant l’enfance ne se souvenaient pas de l’abus rapporté 17 ans auparavant. »

…c’est marginal, oui, tout comme les fausses accusations de viol.

🦁🦁🦁

Aparté :

⚠ L’amnésie est souvent utilisée dans les cas de gaslighting

Vous vous engueulez, il te dit des trucs atroces mais les a oubliés le lendemain ?
Il met ta mémoire en doute constamment ?
Si lui oublie, pourquoi tu t’en souviens ?
Est-ce la réalité ?
Et s’il avait raison ?

🟥 RED FLAG 🟥
C’est une technique très répandue chez les partenaires abusifs. D’abord, il te montre une réalité distordue, que tu acceptes. Ensuite il joue avec tes nerfs en remettant ta parole en question. Tu n’es pas folle. Ou, si, tu es folle, mais pas là-dessus.

🐯🐯🐯

Fais-toi confiance.
On s’en fout, du reste. Toi, que ressens-tu ?
Le mal-être, il sort pas de nulle part et il faut le gérer.

C’est ok de vouloir se souvenir à tout prix de quelque chose qui nous a dévastées. C’est aussi ok de ne pas vouloir soulever le couvercle.

Dans tous les cas : on s’en fout des détails.
Je dis pas que la Justice devrait s’en foutre, mais elle devrait avoir la décence de ne pas juger de la réalité d’un viol sur des critères aussi arbitraires que la profondeur de la pénétration (je te jure ça m’a rendue ouf ce truc). Moi, j’aimerais bien qu’on croie les victimes, j’en ai parlé dans un billet ici le 03/09/2020.

Les souvenirs sont de toutes façons le produit de ta mémoire, qui est malléable. Si ça se trouve, on vit toustes dans une simulation. Ou dans un monde parallèle alors que nos vrais moi se la coulent douce aux Bahamas. On est peut-être déjà toustes mort-es, pour ce que j’en sais.

Ce que je vois, ce que je perçois, est déjà une expérience subjective.
Est-ce que le rouge que je vois est le même que le rouge que tu vois ?
On en sait rien. Si ça se trouve je vois ton violet, tu vois mon orange 🤷‍♀️

Finalement, tout est traité par notre cerveau de manière totalement personnelle. Il peut aussi décider de ne pas enregistrer le souvenir pour diverses raisons (sur le coup ça ne lui semble pas important, ou il y a trauma). Ou, dans mon cas, il enregistre trop et je me retrouve perdue dans un flot d’informations.

🐙🐙🐙

Le problème, finalement, c’est pas de se souvenir et à quel point.
Le problème c’est qu’on ne fait pas une bonne victime quand on ne détaille pas tous les outrages qui nous ont été infligés.

C’est surtout pour ça que je rencontre des victimes désespérées et terrifiées de SAVOIR, enfin. Savoir pour elles, mais aussi parce que c’est ce qu’on attend d’elles. Mais on a LE DROIT DE NE PAS (VOULOIR) SAVOIR !

Je pense que si on nous mettait moins la pression là-dessus, si on nous permettait de dire « Je ne m’en souviens pas » sans remettre en cause notre bonne foi, on se fabriquerait moins de souvenirs et ils nous reviendraient (ou pas) plus naturellement. C’est la maîtrise de notre histoire et c’est uniquement à NOUS d’en juger.

Ah, je n’ai presque plus de caractères autorisés dans Google Keep (20 000, c’est 20 000 la limite), ça tombe bien, j’ai fini.

  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/Faux_souvenirs []