Heure de réveil : 3h11 (ankylose)

Hey, c’est moi qui ai surpris les chats ce matin en me levant avant eux. Certes, la douleur est pas mal intense mais tout de même, par principe, ce matin c’est moi qui ai réveillé les chats.
Aujourd’hui, je sais déjà de quoi je vais te parler et je sais déjà que je l’adresse particulièrement à une amie chère à mon cœur qui en chie des compteurs Linky de la 5G. Tu sais que c’est toi, oh oui, tu le sais ♥

Je sais que j’avais dit que je ferai un truc léger. J’ai menti.

⛄⛄⛄

Hier, elle a été présenter en terrain neutre ses deux filles à leur père. Le père en question a menacé mon amie de mort et a prouvé plusieurs fois qu’il rigolait pas. Il l’a menacée quand elle s’est remariée, tu sais. Parce que sa propriété changeait de main. Ils supportent pas, ça, les mecs violents, l’atteinte à la propriété. Ils supportent tellement pas ça que la plupart des féminicides sont commis lors de la séparation ou lorsque l’ex conjointe retrouve un partenaire.

Ça, ma pote le sait bien, mais tu sais le plus important, pour elle ?
Que ses filles voient leur père.

🤜🤛

 

WARNING : je parle «binaire» volontairement, car les agresseurs et les parents défaillants sont quasi systématiquement des hommes cis. Les situations de violences ont également lieu au sein des couples qui sortent du schéma papa (cis) + maman (cis) mais les ressorts ne sont pas complètement similaires. Il serait malhonnête de ma part de prétendre que j’ai une connaissance suffisamment grande des couples non-hétéro et/ou non-monogames. En tout cas, le risque que je dise n’importe quoi est beaucoup trop élevé.

Si le patriarcat est surpuissant c’est au sein de la famille, l’endroit le plus dangereux pour une femme (et oui). Je l’ai déjà évoqué, je suis modo sur un groupe de parentalité féministe depuis…6 ans en janvier prochain. Et faut que j’aie vraiment un optimisme forcené pour ne pas hurler de désespoir tous les jours.
Le lieu est mixte mais dans les faits. Il est composé à 91% de femmes (selon l’analytics Facebook).

Appelons ça «la non-mixité subie»
Ça illustre d’une manière éclairante et brutale le fait que (pas touuuuuus 🎺) les hommes sont un peu désinvestis dans leur parentalité. Un peu. Je me demande également où sont tous ces gens qui rappliquent en beuglant au séparatisme dès qu’on parle non-mixité. Pas dans les groupes de bonnes femmes en tout cas, hein, gros malin.

Les pires récits que je lis sont ceux à propos de la séparation.
Schéma classique : le père en a rien à battre de ses gosses mais demande la garde juste pour emmerder son ex. C’est exagéré ? Hahaha. J’aimerais bien.
Un jour, un connard de catégorie 4 m’a dit «Oui mais les juges confient pas la garde aux pères c’est injuste alors moi je me suis battu !» Ouh le menteur

Manquait la grue et un tout petit peu de chouine supplémentaire et on avait le prochain Papa-Héros qui hurle à la mort car on veut le séparer de sa progéniture.
Si tu veux voir tes gosses, faut éviter de te comporter comme un gosse, déjà. Alors descend de cette grue, arrête la chiale et vient t’en occuper, de tes enfants. Et paye ta pension alimentaire, putain !

🔥🔥🔥

Je suis fille de divorcés. Déjà, ma mère a pu divorcer, la loi l’y autorisait depuis 1975. 1884, mais jusqu’en 75 c’était uniquement pour faute. Faut préserver le Couple à tout prix, quitte à tuer les meufs qui se barrent, pour l’exemple. Cette notion de captivité est très intéressante à explorer mais c’est un autre sujet. Je suis adulte depuis un bon moment mais encore aujourd’hui, elle ne dit pas de mal de lui, ou vraiment quand elle est à bout. Pas avec des termes insultants, elle a toujours fait attention à ça (je tiens mon jurage de charretière d’ailleurs faut croire.)

Est-ce que je dois préciser que ce fair play a été entièrement unilatéral ?
Toutes mes potes divorcées font attention à ce qu’elles disent devant les enfants. Parce que «c’est quand même leur père».

Je pense ne pas me tromper en affirmant que cette image est l’illustration la plus cheap des images stock que j’ai jamais vue.
Ou au moins top 5.

Alors tu vois, ce qui me fait péter un câble, c’est que la parentalité c’est à vie chez une femme mais ça va dépendre du mood chez un homme. Il peut se réfugier dans sa man’s cave quand il en a envie, parce qu’il a besoin de se couper du monde. Toi, non. Toi, la nuit, le jour, quand ton gosse est malade c’est toi qu’on fait bouger, même si tu bosses. Toi t’es parent 1.
Lui, il peut se barrer sans les gosses ou faire partir sa femme avec les enfants, déjà, on dira pas que c’est une «mauvaise mère». On dira qu’il a «repris sa liberté». La daronne qui se casse en laissant les gosses mais LAISSE TOMBER c’est le sceau de l’infamie, faute lourde, impardonnable, une maman c’est sensé ne pas.

Et lui, il peut picoler et/ou fumer devant ses gosses, il peut ne pas les nourrir parce que ça coûte cher, tu mangeras chez ta mère, il peut les laisser dans leur coin toute la journée, il peut prendre sa bagnole et faire 400 bornes dans la nuit pour aller menacer son ex de mort et encore mille autres petits exemples que j’ai pu voir passer en 6 ans.

Mais il verra toujours ses enfants.
«C’est quand même leur père»

Tu es un papa courage ? Ça existe, oui, bien sûr, j’en connais et tout. Ben ils peuvent dire merci à ces connasses de féministes qui luttent pour leurs droits, bisou, de rien.
Plus sérieusement, évidemment que ça existe. J’en connais deux, vie réelle et online comprises. Deux.
Voilà. Parce que le patriarcat tient à ce que la maman™ se fade les enfants tandis que le papa va chercher pitance et tout le monde est heureux et les vaches sont bien gardées, les oiseaux chantent et les tartes tartent. La caricature serait presque drôle si c’en était une. 🤢

🤖🤖🤖

Ben tu vois, moi je trouve toutes ces daronnes hyper badass. Je dis pas qu’elles sont pas chiantes dans la vraie vie, tout le monde est chiant dans la vraie vie mais elles vont jusqu’à aller contre leur intérêt parce que «C’est quand même leur père». Et j’imagine les dents serrées. La peur au ventre de confier ton précieux enfant à une personne que tu as quittée car justement incompétente sur ce point.

Comme ça, des fois, parce que «C’est quand même leur père», on oblige des femmes à présenter leur enfant à quelqu’un qu’on sait violent. Parce que le Juges aux Affaires Familiales (JAF) a décidé que oui, bon, cette personne sort de prison pour avoir agressé sa femme, mais C’EST QUAND MÊME SON PÈRE. Alors si tu le fais pas, ben tu peux avoir de vrais problèmes quand le tyran domestique, celui qui n’a jamais dépensé 1 sou pour les chaussures du petit, se chope un avocat requin spécialisé dans les problèmes de garde.

Et, même lorsqu’il y a accord sur la garde, il va s’arranger pour ne pas respecter les termes du contrat. Ou bombarder de SMS révoltants pour que son ex réponde sous le coup de la colère pour pouvoir ensuite aller montrer LE SMS DE LA HONTE sans préciser qu’il en a envoyé 150 en 2 jours juste avant ledit «pétage de câble» (Ça a un nom, ça s’appelle le gaslighting, traduisible salement comme «mettre le feu aux poudres»)

Genre «Personne ne peut m’obliger à voir mes enfants».
En revanche s’il se pointe un matin avec la bouche en cœur et des cadeaux, tout est oublié.

Neurchiné chez Neurchi de daronnes épuisées

🐓🐓🐓

J’ai longtemps idéalisé mon père. Je le voyais comme un super héros, qui vivait tout seul dans sa grande maison, le pauvre, mais qui se battait pour nous voir.
Bullshit. Bullshit. Bullshit.

«Vous coûtez cher à nourrir !» n’a plus le même sens maintenant que je sais combien coûte réellement un gnome. Pour un type qui n’a jamais payé de pension alimentaire, c’est raide. Je le vois, maintenant.
Sa disponibilité n’a plus le même goût non plus. Forcément, quand on vit seul et qu’on se fait faire le ménage, la disponibilité d’esprit on l’a. T’as pas l’école, ni le centre de loisir, ni les factures de cantine, ni les vêtements à racheter, ni l’éducation dans son ensemble à gérer. Tu m’étonnes que t’es libre.

Et lui ne se privait pas pour passer, littéralement, des heures à nous abreuver de sa haine contre notre mère en des termes peu amènes. Je crois que je tiens une piste pour mon langage fleuri.
(Une de ses expressions favorites était : «ça va chier des bulles» et, si je ne peux pas la réutiliser pour des raisons évidentes, ça reste une expression assez drôle)

Alors cette année, le JAF nous a libéré-e-s de notre obligation alimentaire, maintenant qu’il coule des jours heureux en EHPAD à torturer le personnel hospitalier.

Dans mon courrier, je dis :

«Mon état anxio-dépressif n’est pas uniquement dû à la carence affective. J’ai malheureusement été victime des abus du compagnon de ma mère durant des années. Lorsque je l’ai avoué à mon père, il m’a dit « Tu vois, j’avais raison, c’était un connard ! » d’un air totalement réjoui. Et ça a été tout, mes viols avaient prouvé ses certitudes concernant les choix de partenaires de son ex femme, et c’était une bonne chose.»

Je te disais, la violence, quand la propriété se trouve un autre maître. Qu’on puisse leur échapper leur est inconcevable. C’est le seul point qu’il a vu. On en a pas reparlé.
Mais pas une fois ma mère ne l’a insulté devant nous. Parce que c’était mon père. Elle a du attendre que j’aie dépassé la trentaine pour que je perçoive la réalité dans toute sa tristesse et que je découvre le mec pathétique qui se cachait derrière Mon Père Ce Héros.
Alors mon billet est pour toutes les copines qui se battent en ce moment. Vous êtes courageuses, bien plus courageuses qu’ils ne le seront jamais
A un moment, la supercherie est dévoilée. On reste pas des enfants toute notre vie. Moi ça a été à la naissance de mon fils que j’ai réalisé tout ça. Beaucoup de potes ont eu le même flash après la naissance de leur progéniture, que ce soit vis à vis de leur père ou de leur partenaire. Le moment de la naissance est en général un gros moment critique dans un couple.

C’est là où tu constates avec effroi que, la mission accomplie, tu seras seule avec ton enfant. Toute ta vie.
Parent 1 👆
L’arnaque.

Je suis contente d’avoir pu connaître mon paternel, même si ça n’a pas été gloire et champagne tout du long. J’aurais pu ne plus jamais le voir car en fait il en avait rien à foutre et n’aurait pas fait de recours.
Et je me dis, maman, ça a dû être dur…tout comme je me dis D., mon petit chat, ça doit être dur, inimaginablement dur. Mais vous le faites, et ça fait de vous des personnes avec plus de Vraies Valeurs de la Vraie Vie Véritable que toute la pile de Joe-La-Chouine qui sont bien attrapés quand, enfin, on leur colle leur gamin dans les pattes après qu’ils aient remué ciel et terre pour te pourrir la v…pour voir leurs enfants. Pour voir leurs enfants.
Si je n’avais pas «pu» voir mon père, il aurait sans doute crié à l’injustice (sans mener de procédure pour autant, note la nuance) alors qu’en temps normal, rien à branler. Si le désintérêt vient de lui, ça passe, mais si on ose tenter de saccager ses libertés fondamentales, il se découvre fort comme un Lion. Un lion qui chouine.

📺📺📺

Il y a évidemment beaucoup plus à dire et sans doute avec plus de subtilité que moi, mais je ne suis pas là pour ça, je suis là pour écrire des billets à des heures indues.
Moi, là, j’ai envie de serrer D. contre mon cœur même si c’est pas trop trop gestes barrière. Tu es formidable, ne laisse jamais personne t’en faire douter.

J’ai envie de dire aussi à Émilie, Rina, Karin, Marianne, Marine, Claire, Béa, Auré, Carina, Nat, Marie, Méline, Juliette, Hélène, Isabelle, mes amies dont je sais qu’elles sont en lutte et celles que j’oublie, et les millions d’autres femmes dans cette situation : tu n’es pas seule.
Si tu es isolée, victime de violence ou désespérée tu peux venir me parler si tu en as envie ou besoin. On trouvera des solutions.