Heure de réveil : 7h03 (WOW)

Je sais, je sais que c’est une phase maniaque déclenchée par le stress positif d’être seule, un peu. Mais quand je suis dans ce type de configuration je suis une machine à ranger. Alors…j’ai rangé.

Franchement même dans la bipolarité j’ai de la chance. Quand je suis stressée, je nettoie et je range. C’est assez utile. Ok ça peut devenir inquiétant mais là, franchement, à part un peu mal au dos, ça va. Y’a franchement pire en terme de manifestation maniaque.

« C’est quoi, des vacances, pour toi ?
– Pouvoir me réveiller à 7h, dans le calme, et ranger sans que personne ne me foute le bazar 10 secondes après »

🤷‍♀️

🐹🐹🐹

Je l’ai souvent dit, j’ai été élevée comme une parfaite ménagère par ma grand-mère qui était…professeure d’Arts Ménagers. Tu te dis c’est un truc improbable mais pas du tout, les Arts Ménagers étaient enseignés à l’école comme les autres matières. Avant.

Et…c’était pas con.

« Les arts ménagers comprennent l’ensemble des techniques qui, dans le cadre du foyer familial, permettent de soutenir la vie physique et d’alimenter la vie intellectuelle. Les arts ménagers apparaissent comme un élément des sciences économiques avec l’économie domestique ou la production domestique et comme un élément des sciences biologiques et mentales. »
(Wikipedia)

Non, ça AURAIT ÉTÉ PAS CON si on avait donné cet enseignement aux hommes cis. Je sais que ma mamie a enseigné à des mineurs polonais venus travailler dans les mines du Grand Est, car « ils vivaient souvent seuls et il fallait leur expliquer les bases rapidement pour qu’ils puissent garder un foyer propre et en bon ordre » mais à l’école, c’était les filles seulement.

Mais sinon, son propre époux, malgré mon immense amour pour lui, n’a sans doute jamais su comment fonctionnait le lave-linge ou l’aspirateur. Il était architecte et assez manuel, il gérait des trucs vachement complexes dans sa vie professionnelle mais le lave-linge, bof.

Comme mon époux à moi, dis donc.
Non, je suis méchante, il connaît le programme coton et le programme synthétique. Il mélange coton et synthétiques dans le tambour mais, hey, c’est déjà pas mal, je prends. On a déjà parlé de ça quand on parlait infantilisation des hommes ici et .


🐱🐱🐱

Et donc oui, j’ai été élevée comme ça. A être jolie, discrète, à soigner ma famille, à ranger, trier, repasser, coudre et nourrir les miens.

Bon, la joliesse c’est subjectif. Niveau discrétion, en revanche, c’est foutu de chez foutu.
Et je ne repasse jamais.
Et j’ai développé des TCA à cause de la restriction alimentaire (fallait que je sois mince, j’avais pas fini de grandir mais j’avais de trop grosses joues il me semble), je ne nourris personne depuis quelques années.
J’ai n’ai évidemment pas de livre de comptes, je passe ma vie à claquer de l’argent dans le vide.
Coudre, c’est utile, j’ai gardé, de même que la broderie, le tricot, le crochet et le canevas.

Je n’ai pas été élevée QUE comme ça, j’ai une maman qui était qui me lit sûrement (Coucou ♥ ). Heureusement que j’avais sa dose de fun et d’excentricité, en fait. On a eu cette discussion un peu bizarre il y a quelques semaines, car je parlais de ma grand-mère qui a pris le relais après la séparation de mes parents. Ma maman me dit « Mais en fait je ne t’ai pas élevée ». Bah si. Tu m’as donné les outils pour me rebeller contre tout ça et c’est vachement important. Et ça a VRAIMENT pas dû être amusant de grandir dans les années 50 avec une maman qui ferait pâlir Bree Van de Kamp (Desperate Houswive). Parce que je dit « ouin ouin j’ai été élevée en parfaite ménagère » mais c’était dans les années 80/90, j’avais pas vraiment la même pression à répondre aux standards qu’une femme dans les années 50/60.

T’as dû en chier, oui. Parce que Mamie, des fois, elle rigole pas. Elle rigole pas du tout. Et tu sais quand t’as fait une connerie : tu vois ses lèvres serrées et sa colère rentrée quand elle te susurre que tu as vraiment fait n’importe quoi. Et t’en mène pas large. Ses colères sont calmes et sans limite.

Mon grand-père criait très fort et devenait aubergine, ma mamie ne disait rien ou si peu que c’en était encore plus effrayant. Ça m’a terrifiée alors même qu’elle a été bien plus tolérante avec moi qu’avec ses filles.

Ah bah j’ai répondu à l’appel de la rébellion dès que j’ai pu, oui. Je leur ai tout fait, niveau look. Et prises de risques. Et accès de rage. Et tout ça.
Et c’était la chose à faire, finalement.

Je pense que, comme ma maman, j’ai un sens trop aigu de la liberté. Ma maman a volontairement écrit toute sa dissert à l’encre violette lors de son examen d’entrée à Sciences Po (corrige moi si je me trompe). Elle a été éliminée car il fallait écrire en bleu ou noir, et elle le savait. Elle avait fait sa dissert super sérieusement, mais avec le twist du « chies d’dans j’m’en fous » et je trouve ça super classe. Moi j’ai pas été à mon épreuve de Lettres au Bac, c’était moins élégant mais tout aussi efficace niveau disruption de l’harmonie familiale.

« Now you do what they told ya
And now you do what they told ya, now you’re under control{…]
Fuck you, I won’t do what you tell me
Fuck you, I won’t do what you tell me
Fuck you, I won’t do what you tell me »

🐦🐦🐦

Donc, je range. Ça m’apaise. C’est comme si je répondais à l’appel de la parfaite ménagère planquée en dedans moi.

Je pense que mes « crises » de rangements sont très probablement liées à cet enseignement que j’ai reçu. Mon cher et tendre sait que des fois, bizarrement, quand je suis pas trop crevée, je peux ranger de manière systématique et massive. Je me donne un objectif. J’y vais jusqu’à l’épuisement. Je ne peux pas m’arrêter.

C’est intéressant de faire ces liens là dans mon cheminement personnel. Ouais, désolée, tu te coltines ma vie mais on va parler féminisme après tkt.

En quoi le stress est-il associé aux tâches ménagères ?
Est-ce parce que j’ai parfois eu l’impression d’être dressée comme un animal savant et que je dois sortir du personnage pour mieux m’y blottir quand j’en ai besoin ? Au moins, là, je me sens utile à quelque chose.

Ce type d’activité m’apaise-t-il car je me conforme enfin aux standards ?
Oui et non, j’aime bien quand c’est propre et rangé chez moi. Mais oui, évidemment. C’est une activité refuge pour moi, je m’y sens en sécurité et à « ma place ».

C’est atroce hein ? Utile, mais atroce.

Je découvre pas ça d’hier donc j’ai mis en place des stratégies pour ne pas me faire bouffer. Je tolère le désordre et les autres manières de faire. Je ne lève plus les yeux au ciel en pestant quand je réalise que mon dulciné mélange coton et synthétique dans le tambour du lave-linge et met le tout à 40°C. C’est pas grave, c’est lavé, on s’en fout si UNE fois tes serviettes de bain ne sont pas passées à 60°C.

Tu rigoles mais ça m’a pris du temps.

Je passe volontairement sur l’aspect physique parce qu’on en aura pour des plombes. Les régimes. L’injonction à la peau parfaite. La vérification quotidienne soigneuse du cou et des oreilles (« T’as le cou tout sale tu t’es pas bien lavée ! »), et tout ce qui relève de la féminité selon les critères des années 50 : ongles ni trop long ni trop courts, cheveux bien brossés, vêtements simples et discrets.

J’étais mignonne, petite, mais fallait surtout pas me le dire. J’ai été systématiquement rabaissée là dessus, parce que « Sinon elle va plus se sentir » ou « De toutes façons tu n’es pas parfaite, loin de là ». Je n’avais pas de compliment, au contraire : chaque imperfection faisait l’objet d’un contrôle technique et de mesures correctives.

Etre parfaite c’était sensé être mon état normal. Si je déviais, ça n’allait plus. Je sais que ça a été bien moins difficile pour moi que pour ma mère qui a, je pense, subi des violences psychologiques assez terribles en son temps.

Maintenant on se trimballe toutes les deux des personnalités addict et des TCA en plus d’une confiance en nous totalement ruinée. Mais on sais repasser les cols de chemise. On ne le fait ni l’une ni l’autre mais on sait le faire.

Et c’est dommage parce que ça aurait totalement pu se passer autrement. Enfin non, mais si, bref, tu vas voir.


🌾🌾🌾

Je pense toujours que les Arts Ménagers devraient être enseignés à l’école. Surtout pour les personnes assignées garçon.

Non pas que chacun-e doit avoir une maison propre et bien tenue, ça, j’en ai rien à battre. J’en ai rien à battre mais j’ai les bases pour le faire en cas de besoin, tu vois ?

Dans ces enseignements tu avais l’entretien de la maison, la cuisine, la comptabilité et le budget du foyer, le jardinage, la sténographie… Et aussi la puériculture. C’est pas des choses légères, c’est la structure du foyer qu’on te fait gérer.

Imagine, on enseignerait tout ça à l’école ? Sans distinction de genre ? Ça serait comme les maths ou la physique : tu as les bases pour comprendre mais tu n’es pas obligée de postuler à la NASA ensuite.
Juste, les bases.

Je vise les hommes, oui.
Imagine (si tu es en couple avec un homme cis) on aurait appris à ton partenaire à passer l’aspirateur ou à faire un soufflé au fromage à l’école ?

Pis c’est l’enseignement obligatoire, il pourrait pas te dire « Ouin ouin je sais pas faire » parce qu’il l’aurait appris à l’école. Il pourrait pas te feinter. Il sait faire une multiplication ? Parfait, il sait aussi repriser ses chaussettes, c’était au programme en cinquième, essaye pas de me la faire à l’envers, John Bob.

C’est une idée rétro as fuck mais bizarrement pertinente. Faut qu’ils rattrapent leur retard.

Est-ce que c’est à l’école d’apprendre ça ?
Je le pense, oui. On a tellement dévalué le travail domestique qu’on considère qu’il ne faut aucune compétence spécifique pour l’exécuter. Alors que si. Va détacher du sang. Va faire ta compta. Va préparer ta liste de courses et tes menus de la semaine. Va gérer ton stock alimentaire.

Enfin tu connais, c’est tout ce qui est dans TA charge mentale à TOI.


🍎🍎🍎

Back to 50’s ?
Pas tout à fait, non.

Comme je disais, t’es pas obligée de postuler à la NASA si tu comprends le programme de seconde en physique. Mais ça t’a apporté des bases.

Les bases, c’est aussi les compétences techniques et savoir rester en vie dans un environnement pas trop crade. Par exemple, la plupart des bactéries et micro-organismes responsables des intoxications alimentaires meurent à 65°C. Il ne faut pas laisser décongeler de la viande à température ambiante car ça « réveille » ces bactéries qui ont le temps de se multiplier avant cuisson. Plus de bactéries = moins de facilité à les tuer. Tu le savais, ça ?

C’est tout sauf grotesque. Or, si tu parles ménages, les yeux se lèvent au ciel comme si la maison se rangeait toute seule et que c’était les elfes qui faisaient tout dans la nuit. Y’a quoi de honteux à s’occuper de son foyer, en fait ?

Je ne sais pas vraiment à quoi ressemble l’enseignement général au collège/lycée en 2021 mais je ne suis pas sûre qu’on y donne des cours pour savoir juste gérer le quotidien. Hahaha.

Nan on a des interventions sur la laïcité, c’est beaucoup plus utile (non).

Dans tous les cas, je sais que mon idée de réintégrer les cours d’Arts Ménagers à l’école sera considérée par beaucoup comme ridicule. Je m’en fous. C’est ridicule, oui, jusqu’à ce qu’on se rende compte que nos mecs cis sont totalement incompétents en la matière. On les rend volontairement incompétents, en plus. C’est pas à nous de leur enseigner la vie.
Et quand ils vivent seuls…mein gott…je n’ai JAMAIS vu un appart de mec célibataire qui soit vivable. Ça existe sûrement, je dis pas. Mais j’ai jamais vu ça de mes yeux.

Et niveau hygiène, je suis déjà « intervenue » plusieurs fois pour aider des potes, j’ai vu des choses non seulement horribles mais aussi atrocement dangereuses (garder les produits frais hors du frigo, ne pas sortir les poubelles et les laisser béantes dans la cuisine, avoir la même éponge depuis 2003…), à se demander comment ils n’avaient jamais eu d’intoxication alimentaire. Deux en avaient déjà eues, cela dit. Mais n’avaient pas du tout fait le lien entre manger des produits périmés gardés à température ambiante et le refus obstiné de leurs corps de garder cette nourriture dedans eux.

En plus, quand ces types savent faire UN Truc, t’en entends parler mille ans. « Je suis le Roi du Lave-Linge, j’ai enfin percé tous ses mystères »
Et quand ils sont vraiment maniaques de la propreté, ils en profitent pour culpabiliser à mort lae partenaire qui est moins à fond.
« Je suis un homme, et tes standards sont encore plus bas que les miens, ce devrait être l’inverse, honte sur toi ».
(Je le précise car c’est une vraie stratégie de gaslighting et de manipulation et fallait que j’alerte sur ce point)

Bon, donc, on le sait, ça n’arrivera pas. On ne va pas remettre ce type de cours au goût du jour.

Alors on va faire des cours de pensée critique et de débunk ?
On va apprendre aux enfants à se protéger sur Internet ?
On va expliquer le harcèlement ?
Comment ça « on a pas d’argent » ? Vous avez embauché l’Oncle Fétide pour mener la barque, ça a dû coûter bonbon en royalties, arrêtez vos conneries, vous pouvez bien heu….ouais…non….ok…laissez tomber.

🍄🍄🍄

Le féminisme et les arts ménagers, ça a pas l’air super compatible, comme ça. Mais je pense qu’on a une piste intéressante.

On voit le ménage comme quelque chose de peu important, qui coule de source. C’est « normal », enfin, tout le monde sait passer le balai ! Bah non. Tout le monde sait pas passer le balai. Si tu réfléchis bien à la somme de tous les petits savoirs et de toutes les compétences « insignifiantes » qui constituent ton foyer dans toute sa complexité, tu te rends compte qu’il y a de la technicité. Il y a de la compétence, du savoir, une valeur incontestable. (Edit : fiches de lecture sur Silvia Frederici)

Pire, le fait de dire « je passe l’aspi et ça m’éclate » te fait passer pour une meuf psychorigide et certainement pas féministe. La rabat-joie.

Je passe l’aspi et ça m’éclate. Ok ça m’éclate pas non plus genre youhou bienvenue à Disneyland, mais ça me fait du bien. Quand ma maison est propre, je me sens bien dedans. Quand les LEGO ne traînent pas par terre, on ne marche pas dessus et cette absence de traumatisme de la voûte plantaire me fait du bien.

J’ai aucun problème avec ça. Je ne suis pas rigide, mon logement est tout sauf un temple immaculé, c’est parfois bien le foutoir. Avec 2 adultes, 1 enfant, 2 chats, rien n’est jamais parfaitement propre.

C’est important et ça pose des questions passionnantes à explorer. C’est pas un sujet trivial (cf. la charge mentale quand même un tout petit peu), ça concerne le quotidien de chacun-e.

🧽 Quels sont tes standards en terme de ménage ? Sont-ils stables ou bien varient-ils en fonction de ton état psychologique ? Es-tu la seule à respecter ces standards ?

🧽 Souffres-tu du manque de reconnaissance devant ton travail d’elfe invisible ?

🧽 Est-ce que toi aussi, parfois, ranger et nettoyer te fait du bien ? Est-ce que tu as honte de le dire ?

🧽 Aimerais-tu des cours d’Arts Ménagers pour mecs cis adultes ? Et pour les enfants ?

🧽 Est-ce que le ménage est un non sujet, finalement ?

🧽 De quelle manière se réapproprier la chose en la transformant positivement ?


🎏🎏🎏

C’est assez marrant, j’étais pas DU TOUT partie là dessus au départ, puis pouf pouf. Je voulais râler sur la gestion des pages par FB car si je ne poste pas depuis le PC et sur la page, mes posts et réact disparaissent dans le vent.

Donc ça fait chier, je pense que j’ai mis des vents à pas mal de monde et je ne suis pas en capacité de tout retrouver…

Alors si je t’ai mis un vent je suis désolée 🥺 je suis aussi deg que toi.