Heures de réveil : 3h02, 4h47, 5h35, 6h30 (chats, chats, chats, enfant)

« Maman, mais…t’es pas réveillée ?
– Maintenant, si. »

Trop crevée ce matin, gueule dans le sac, tout ça, je me suis dit hey, c’est samedi, allez, grasse mat, on fait comme si les chats n’existaient pas. Stratégie payante mais, hélas, présentant un angle mort fatal : l’Enfant est aussi matinal que moi. Damn.

Hier j’ai fait un assez long commentaire sous un post de Mona Chollet qui parlait de Linda Evangelista et de chirurgie esthétique qui tourne mal.
Et Mona Chollet HERSELF a mis un like 🥳 donc azy, on va continuer à parler de ça, c’est la gloire !

Non, en vrai on continue parce que mon long commentaire m’a laissé un goût d’inachevé, je suis destinée à rester dans l’ombre.

☢ Je connais les positions de Mona Chollet sur le TDS, on peut en parler en com si tu veux mais c’est pas vraiment l’objet du billet donc on peut aussi ne pas le faire et se dire qu’elle reste une humaine de grande qualité qui a produit des essais qui m’ont vraiment énormément apporté dans ma recherche déconstructrice. On est à mon avis pas obligées d’être raccord sur TOUT pour apprécier son travail, mais c’est vraiment personnel et je comprends que ses positions abolitionnistes puissent rebuter. ☢

Aujourd’hui, on va parler chirurgie réparatrice, chirurgie esthétique, chirurgie bariatrique et, évidemment, les injonctions multiples qui vont autour.

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Bon, alors, déjà, je suis concernée, je suis même tri…quadruplement concernée.

En 2010 j’ai subi une sleeve gastrectomie qui m’a « libérée » des 60 kg pris durant ma Grande Dépression de 2008. Ouais, l’économie s’effondrait, moi je faisais des crises d’hyperphagies arrosées histoire de plus jamais ressentir quoi que ce soit. Cela n’a pas fonctionné, la chirurgie bariatrique, si. On m’a retiré une portion de l’estomac, j’ai perdu 60 kg, j’en ai repris 6 (en 10 ans) et ça m’a sauvé la vie.

Le recours à ce type de chirurgie est tout sauf anodin et j’ai fait un billet de blog pour raconter toute mon expérience. Si tu as des questions sur la chirurgie bariatrique, j’ai sans doute des réponses.
https://aucreuxdemoname.fr/blog/vis-ma-vie-la-chirurgie-bariatrique/

Dans cet article je raconte notamment comment le sentiment d’imposture m’a retourné la gueule durant des années. J’avais perdu du poids, mais je me voyais toujours comme avant dans le miroir (ça a changé en 2019), alors que les autres, les vraies gens, elles perdaient en galérant. Comme si 7 à 8h d’intervention suivi de 5 jours sans manger ni boire puis 7 jours d’hospitalisation et enfin les 18 mois durant lesquels j’ai dû tenir un carnet alimentaire, j’avais juste été en vacances aux Bahamas. J’ai l’habitude du carnet alimentaire, mais là c’était pour veiller à dépasser les 300, puis 600, puis 900, puis 1200 kcal par jour.

Ça n’a pas été simple, j’ai eu des moments vraiment atroces et j’ai encore des effets de bord (si je mange trop de sucre, je fais un malaise)

Mon choix m’appartient, et j’en parle aussi sur cette page, donc on va dire que c’est pas exactement le sujet mais ça pose le cadre. Je ne regrette absolument pas ce choix, je me sens mieux, ça m’a, je pense, sauvé la vie parce que je partais vraiment en vrille. Je conseille régulièrement des personnes qui entrent dans la démarche, parce que les chir répondent jamais vraiment aux questions, c’est les patientes qui communiquent entre elles. Je connais les motivations à le faire (ou ne pas le faire).


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Je ne sais pas si tu as remarqué un truc.
Je n’utilise pas d’inclusif pour parler de patientEs ou de sleevéEs. Il existe des hommes ayant recours à la chirurgie bariatrique, mais…sur un groupe de 20 personnes dans mon parcours pré-op, il y avait 1 homme.

J’ai croisé en tout et pour tout, dans ma vie, UN mec cis sleevé autre que celui en réunion. Et pourtant, j’ai créé le groupe de soutien des patient-es de mon chirurgien, quoi, j’ai pu avoir un panel assez large de personnes. De femmes.

Mais ça on en reparle tout à l’heure, on va continuer dans la chronologie.

Quand tu perds 60 kg, y’a un truc qui se passe et qui est très difficilement évitable : la peau ne rétrécit pas par magie. Non. Elle fait de son mieux, mais elle ne redevient pas comme avant et tu as de toutes façons toujours des vergetures. J’avais en prime un double problème avant l’opération, un problème d’environ 130G (de taille de soutif). Après la perte de poids, c’était évident qu’il fallait que je fasse quelque chose, je ne supportais plus mes seins, mon ventre et mes bras.

J’ai fait « refaire » les 3. Dans mon cas, ce sont des interventions de chirurgie réparatrices qui sont prises en charge, après examen médical, par la CPAM. Les critères sont assez précis, je sais que mes cuisses ne passent pas la douane par exemple. Cela dit, j’ai pas forcément envie de faire ça car c’est, semble-t-il, assez douloureux et j’ai déjà donné.

En 2011, j’ai subi une intervention de réduction mammaire. On va résumer à : fiasco. Methotrexate non pris en compte par l’anesthésiste, je n’ai pas arrêté les injections assez tôt, j’ai plus le speech sur ce médoc mais ça peut provoquer des nécroses. C’est ce qui s’est passé, côté gauche. Le reste a excessivement mal cicatrisé et je ne le savais pas encore, mais je ne pourrais jamais allaiter.

J’y suis retournée en 2012 et tout s’est bien passé. Le chir a tenté une reprise au niveau de la poitrine mais honnêtement, à ce stade, autant y aller à la TNT.

Puis les bras, en 2018. Je dirais juste : ne pas pouvoir utiliser ses bras même en mouvement réflexe, c’est impossible. Le résultat n’est pas conforme à mes attentes mais v’la les attentes, aussi, donc au final ça va, ça a bien cicatrisé, blablabla c’est cool.

Close up of a plastic surgeon marking the human skin for surgery.

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Je ne regrette à aucun moment, aucun, même pour la poitrine, d’avoir demandé ces interventions. C’était MON choix, motivé par MOI et MES besoins.

⚠ Note importante : le résultat ne sera jamais celui attendu, car tu as projeté, parfois des années, un corps après l’opé, et que la vie ça marche pas comme ça. ⚠

Il ne s’agit pas d’un caprice, et ça c’est super important. La chirurgie réparatrice ou esthétique sauve des personnes. Notamment les personnes trans durant leur parcours de transition. Ou des personnes gravement blessées après un accident. Ou des personnes nées avec des «  » »malformations » » » (je déteste ce mot, si t’en as un autre…)(Je vais dire « des problèmes d’impression 3D », je crois).

Une ancienne collègue devenue amie m’a raconté ce qu’elle ne racontait jamais : comment elle avait passé des semaines à se préparer et à se remettre de son opération de la mâchoire.
Sa mâchoire inférieure était « fuyante », ça a sans doute un terme scientifique cool (« problème d’impression 3D »)mais j’ai pas envie de chercher. On l’a opérée. Le post-op a été extrêmement difficile (je vais pas te détailler l’opé mais c’est pas rien), et elle était ravie. Parce qu’une fois la galère passée, on a arrêté de se foutre d’elle. Elle était au collège au moment de l’opération et je sais bien comment ça se passe quand t’as un truc « qui va pas ».

Techniquement, ni elle ni moi n’avions besoin de chirurgie. J’étais en mesure de vivre avec mon corps tout pété, elle n’avait aucun problème fonctionnel avec sa bouche. On l’a fait, on a galéré nos mères, et si c’était à refaire, on le referait.


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🐦 « Oui mais c’est pas pareil que de se faire faire un lifting »

Bah…………oui et non.
C’est tendu de déterminer ce qui relève de la pression sociale de ce qui relève de la souffrance intime, car les deux sont trop liés. On souffre du regard de l’autre, mais on souffre aussi de notre propre regard formaté par la société de consommation de corps jeune et beaux.

Techniquement, j’aurais pu totalement me dispenser de ces opés, tout comme une femme peut se dispenser d’un lifting ou de botox ou que sais-je encore. Mais j’en avais BESOIN, et je peux comprendre qu’une femme en ait besoin. C’est PAS futile, vraiment pas.

On rigole sur les bourgeoises blanches vieillissantes qui courent chez le chir mais ça n’a rien de drôle, en réalité. Je ne les plains pas particulièrement mais j’imagine les injonctions par milliers.

Alors imagine, t’es Linda Evangelista.
Tu as construit ta carrière et ta personnalité avec ton physique. Je ne sais pas si tout le monde la connaît du coup je précise que c’est un SUPERMODEL of DOOM tellement elle est canon que même dans tes rêves les plus fous t’es pas comme ça. Tout repose sur ton corps : tes contrats, ta réputation, les réactions des fans, ton couple, et ta santé mentale.

Se voir vieillir ça doit pas être simple quand tu as été Supermodel of Doom. Même quand t’as pas été Supermodel of Doom en fait.
Mais on attend de Linda Evangelista qu’elle soit canon, tout le temps. Les journaux à scandales ne s’y trompent pas et les photos les moins flatteuses y sont sur-utilisées. Son corps est son outil de travail, sa source de revenus. C’est comme dire à un peintre que l’arthrose des mains c’est rien, ça arrive à tout le monde. J’ai de l’arthrose dans les mains. J’ai déjà pleuré devant un dessin que mes mains ne me permettaient pas de terminer.

Elle a 56 ans, aujourd’hui. Enfin elle a eu 56 ans en mai et elle a encore cet âge au moment où j’écris ce billet.
Le corps vieillit, les années 90 sont bien loin. Elle n’est plus « la plus belle femme de la planète » et ça a dû être une sacrée claque pour elle.

Faut vraiment pas avoir de race pour faire son beurre là dessus, sans déconner.

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Quoiqu’on pense du mannequinat, du milieu de la mode et de toute la toxicité qui va avec, on oublie, moi la première, que les femmes y sont victimes d’une grande violence et réagissent comme elles le peuvent, avec leurs outils. Linda Evangelista est une femme, une personne avec une âme et tout.

Ça tombe bien parce que Mona Chollet en parle dans « Beauté Fatale », de cette objectification par la beauté.
Donc moi, qu’elle soit ce qu’elle veut, je me sens solidaire de cette femme qui a fait « l’opération de trop ». Elle a encore pas mal de marge pour le niveau « Donnatella Versace » ou cette personne dont j’oublie le nom.

Jocelyn Wildenstein

J’ai cherché « chirurgie plastique ratée » pour retrouver ce nom en particulier, et j’ai été servie. La première page comprend presque uniquement des liens vers des avant/après de stars « ratées ». Foozine, Cosmopolitan, Marie-France, Elle…

Quand Sylvie Vartan est décédée, on a mis des photos d’elle, mais jeune, en couverture (et on a parlé des « hommes de sa vie à qui elle devait tout » aussi). Lorsqu’on parle de Brigitte Bardot, on illustre pas toujours avec son visage actuel.

De toutes façons, tu vas sous une publi Facebook qui parle de Bardot, t’as 75% de commentaires sur son grand âge. J’ai zéro affection pour Brigitte Bardot, qu’on soit claires, cette meuf était, est et restera une meuf de droite 100% remora. Il n’empêche que je ressens un peu le drame de se voir vieillir…

…parce que je me vois vieillir aussi.

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J’ai 39 ans. Je suis périmée depuis 9 ans.

On m’a dit de faire des bébés avant mes 30 ans, « après c’est compliqué ». On m’a fait comprendre que ce serait moins simple de pécho à 40 ans qu’à 30 (mais ça à la limite je m’en cogne, j’ai un mec cis à la maison, c’est pas pour en ramener d’autres, oh non !). Ma mamie m’a toujours dit, et j’ai suivi ses conseils : « L’anti-rides c’est à partir de 25 ans, pas quand tu es déjà ridée ».

Ma mamie a 95 ans, elle a toujours fait bien plus jeune que son âge et elle m’a en partie élevée donc j’ai appliqué (et ça valait le coup en fait). Ma mamie est superficielle, parfois. Elle ne supporte plus de voir son visage, aujourd’hui. On ne peut la prendre en photo que dans certaines conditions. Je sais qu’elle le vit mal et je lui ai fait un petit speech en aparté sur « Mais ton corps est beau, ton corps fait des choses formidables, et pour moi de toutes façons tu es comme celle que j’ai connue enfant, tu n’as pas changé dans ma tête et je t’aime tout pareil » (Faire pleurer Mamie avec sa propagande féministe : ✅)

J’ai été éduquée à être jolie, silencieuse mais intelligente, élégante et sobre, toujours soignée et tirée à 4 épingles même pour aller chercher le pain.
Sur « jolie » je dis rien, on va encore m’engueuler, mais « silencieuse » « sobre » et « élégante » c’est totalement foiré. Je ne sors pas non maquillée. Cela n’arrive pas. Cela est arrivé moins de 5 fois dans ma vie.

Du coup le truc de « Han à 30 ans… » ça m’a un peu touchée.
Et puis j’ai eu 30 ans, et j’ai reçu les condoléances de certain-es.
« Alors, pas trop dur ? » « Tu tiens le coup ? »
Je…..oui, je tiens le coup (??!)

Il était sensé se passer un truc après mes 30 ans mais il ne s’est rien passé.

🔮🔮🔮

J’achetais, l’autre jour, des cosmétiques quelconques en parapharmacie. L’acide Hyaluronique, la vitamine C et tout ça n’ont pas de secret pour moi. Donc on discute actifs essentiels à la survie de l’espèce avec la pharmacienne, qui me dit :
« De toutes façons quand on arrive dans la trentaine comme nous, il faut vraiment s’y mettre, parce que le relâchement…
– Heu……..je ne sais pas trop quoi répondre, mais oui, on dirait que ça marche bien, j’entre plutôt dans la quarantaine, on va dire… »

Mais d’où après 30 ans tu te périmes ? Comment ? Où ? Pourquoi ? C’est ce que j’ai demandé à la pharmacienne. Elle n’avait pas de réponses, car elle est pharmacienne, pas sociologue, mais je pense avoir semé un truc dans son esprit, c’est déjà ça de gagné.

On ne dit pas aux femmes qu’après 30 ans, la vie va un peu mieux. On a les injonctions à la maternité et tout le reste, mais moi ça m’a fait du bien de vieillir. J’ai répondu à la plupart de mes questions existentielles, je sais où je vais et je sais avec qui j’y vais. On est en Grand Modus par contre on y va pas super vite et on fait des pauses souvent. Mais on y va.

Pour mes 39 ans, j’ai eu, beaucoup moins car en 9 ans les amitiés se sont redéfinies, dirons-nous, également des condoléances.
« Alors, l’an prochain, 40 ans ! »
Oui. L’an prochain, 40 ans 🤷‍♀️

Après mes 30 ans j’ai connu une vraie montée en puissance, et pas que à cause des crises de manie. Je suis plus sûre de moi, je sais d’où je viens, je connais mes fragilités, mes forces. J’ai grandi et c’était pas dommage.
Je m’autorise beaucoup plus de choses, j’ai laissé tomber plein d’injonctions, j’ai fait des fuck à la face du monde, je me suis vautrée comme une merde, souvent, mais c’est comme ça qu’on apprend, je crois. J’ai 39 ans et c’est génial. Pas tout le temps, mais c’est vachement mieux.


📍📍📍

On se garde bien de nous le dire. Pourquoi ? Parce qu’une fille de 20 ans paumée est malléable, parce qu’une ado de 15 ans est influençable. C’est la période bénie pour nous rabattre notre caquet et nous mettre la main dans la culotte au passage.

T’es pas assez belle, t’es pas soignée, t’es trop grosse, t’es pataude, t’as aucun goût vestimentaire, et puis de toutes façons tu ne sera jamais aussi belle que Linda Evangelista mais faut essayer quand même. Si tu ris trop fort, on te calme vite. Si tu parles on te traite de conne, parce que tu sais pas ce que tu dis.

Toute cette période de jeunesse fragilisée est exploitée par le patriarcat. C’est là où (presque) tout se joue. C’est à ce moment-là, entre tes 10 et 29 ans, qu’il faut te dresser, parce qu’après tu deviendras incontrôlable. J’ai la malchance d’une excellente mémoire et j’ai pas envie de redescendre là dedans. J’ai juste la violence qui ressort. Un mal-être perpétuel, transmis par les magazines, les copines, les mamies bien intentionnées, les mecs (si tu es hétéro comme moi, pas de bol) et toutes les personnes qui ont intérêt à ce que tu la ramène pas trop trop.


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Bon, dans mon cas ça a foiré. J’ai tenté, je te jure, j’ai tenté de coller au modèle (« C’est dommage, un si beau visage, il faudrait perdre un peu de poids »), je me suis foirée, foirée et encore foirée.

J’aurais bien aimé qu’on me dise : « Allez, chies d’dans, on s’en balek, t’es cool comme meuf, allons fumer de la laitue démoniaque sur la terrasse ».

Le souci c’est vraiment pas de faire de la chirurgie, de se rater ou pas. Le souci c’est ta motivation à le faire. Je l’ai fait en mon âme et conscience et je ne regrette pas de l’avoir fait.

Linda Evangelista n’avait pas ce choix. Quand tu as passé 40 ans à vivre de ton corps, tu n’as pas l’option « On s’en fout on va aller en Dordogne élever des lamas ». Quand tu sors de chez toi, un type t’attend au téléobjectif. Du coup elle n’a pas fait d’apparition publique depuis 5 ans.
Elle est restée cloîtrée chez elle durant 5 ans. Tu imagines ?

Oui, ok, pour moi aussi c’est un objectif de vie mais elle ptet pas.

C’est dégueulasse de la juger là dessus, et c’est super hypocrite.
Si tu avais des fonds illimités, est-ce que tu ne ferais pas, je sais pas…retirer tes taches brunes, un grain de beauté disgracieux, te faire blanchir les dents ? Moi je ferais bien retirer mes taches brunes et améliorer ma rosacée au laser, en fait. Mais je peux NE PAS le faire (et je ne le fais pas). J’ai le choix de rester comme ça, et ça me convient. Mais j’ai le choix.

Faut pas se tromper de cible.


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🐦 Lire les commentaires moqueurs sur « encore une qui a été trop imbue d’elle-même, faut savoir vieillir, haha » me donnent envie de hurler.

C’est pas elle, le problème, c’est vraiment pas elle.

Le problème c’est de dire à une femme qu’elle perd de la valeur en prenant de l’âge.

🐦 Lors d’un énième docu-crime-mystère, un homme disait « Je ne les prends pas après 25/30 ans, elles sont trop compliquées à gérer ».
Et c’est assez juste.

On peut assez facilement « groom » (préparer) des enfants ou jeunes adultes à se faire réifier sexuellement. Passé un certain âge, on capte l’embrouille et on est plus méfiantes, à force de traumas plus ou moins grands. Je repère un mec abusif en 38 secondes maintenant. Parfois, juste le regard me suffit, et je me ferme. Il sent que je me ferme, et il devient agressif ou, plus communément, il perd tout intérêt envers moi. Je deviens invisible et ça me va bien, j’ai pas envie de vivre au travers du regard de ce type, j’ai pas envie d’occuper ses pensées non plus.

Le souci c’est qu’on est des perçues comme des objets sexuels et des machines à bébés qui font le ménage et la cuisine en bonus. Alors il faut qu’on suive la ligne directrice du Désir Masculin Qui Est La Norme. Evidemment. 🤓


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Alors on est trop grosses, trop grandes, trop petites, nos cheveux devraient être plutôt comme ça, nos seins comme ça, et surtout, notre bouche devrait rester fermée.

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En prime, on crée de la compétition entre les femmes pour qu’elles se surpassent au grand jeu du « Séduis un Mec Cis Décevant ». On se sape les unes les autres, on se juge, on se jauge, on se critique, on se donne de « bons conseils » régime ou cosmétique. Pis ça nous occupe, hein ! Le temps passé à l’épilation, au coiffage, au maquillage, au shopping dans des magasins qui ne font pas ta taille, c’est du temps qu’on ne passe pas à servir la Cause.
(Mais t’as le droit de le faire, on s’en fout, fais toi plaisir comme tu le souhaites, aujourd’hui je pars en quête du jean parfait et de mascara, qui suis-je pour juger ?)

Donc je sais pas.
Le minimum, je dirais, c’est qu’on soit au moins un peu bienveillantes les unes envers les autres. Ou même juste neutres, je sais pas. Des fois, vaut mieux ne rien dire.

T’es pas contente parce que ta pote ou une star a subi un acte chirurgical que tu désapprouves ? Pour quelle raison tu désapprouves ? Est-ce que l’opération est dispensable ? Est-elle lourde ? Quelles sont les motivations de ta pote à le faire ? Pourquoi ça te fâche ? Parce qu’elle « triche » ?

🐦 Quand je lis « Encore une star défigurée, elle n’a qu’à s’en prendre qu’à elle-même, elle était très bien comme ça » je me dis qu’on a encore du boulot.

C’est pas Linda Evangelista, le vrai problème.
C’est pas le vieillissement non plus.
C’est pas la chirurgie.
En fait.
Tu crois pas ?