Print Friendly, PDF & Email

Heures de réveil : 3h32, 4h39 (gratte gratte papattes on a la dalle)

Mes chats sont naturellement chiants, c’est l’essentialisme des chats, mais le fait que je sois une maman-chat qui se lève chaque matin aux petites heures de l’aube ne doit pas aider. En réalité, je me lève pour que Kevan (le chat qui a pour mission de gratter sur les vitres pour me réveiller et m’obliger à me lever) ne réveille que moi. Il le sait. Je le sais. Lorsque je suis seule il peut gratter 1h, il se reçoit des coussins ou je l’ignore, à un moment il arrête et il attend.

Ah bah voilà un débat. Les chats sont-ils naturellement chiants ? Je pense que oui, ce sont de petits instruments du Malin dont le but est d’aspirer toute notre vitalité (« Ça suce…et ça coupe » 10 balles virtuels a qui a la réf.).

Le souci c’est qu’ils ont pâtée à 6h et 18h (La matriarche – bisoux au paradis des chats ma Moumoune ♥ – avait passé beaucoup de temps en refuge et était nourrie toutes les 6h, j’ai mis 2 ans à passer à 2 gamelles par jour, alors Kevan a pris le pli et a montré le truc à Miki qui est une goinfre) et qu’ils commencent à réclamer vers 4h30 et 16h30 (je ne les affame pas, ils ont de la croquette de luxe et de l’eau et de l’herbe à chats que je fais pousser, chuis au max). Des fois ça marche, leur meilleur plan est de faire croire à l’autre humain que l’humaine ne les a pas nourris.

Pis des fois après une nuit blanche ou trop courte, j’ai tous les automatismes du matin, tu sais ? Je mets de l’eau dans le truc, je fais chauffer…et je colle des croquettes ou du yaourt dans le biberon (le temps du biberon du matin est révolu, heureusement), donc des fois il est 3h et par pur automatisme je les nourris et je me fais ma boisson chaude avant de réaliser qu’il est 3h.

 🧠🧠🧠

Zéro transition.

Une fois un jour de 2004, un type qui s’appelait Peter Porco s’est fait « agresser à la hache » dans la nuit (j’ai pas mis de TW et je vais pas raconter en détails). Il se réveille (à côté de sa presque défunte épouse qui survivra, elle), va se laver les mains, fais sa vie, descend les escaliers, remplit le lave-vaisselle (bien !), prépare sa lunchbox, va chercher son journal, se fait enfermer dehors, chope la clé sous le pot de fleur, rentre chez lui et…finit par s’effondrer. Les coups avaient provoqué des lésions mortelles as fuck mais la partie « automatisme » a continué de tourner encore un moment.
C’est comme ça que tu te retrouves un matin au boulot sans aucun souvenir de ta matinée. Pouf pouf, t’es là.

J’aurais bien dit que c’était fabuleux mais bon, non, c’était pas trop fabuleux.
Le cerveau est quand même un outil puissant. Et fragile.
Beaucoup (mais pas tous) de tueurs en série ont eu des commotions cérébrales dans leur enfance et adolescence. La prévalence est assez nette même si on peut avoir eu des lésions cérébrales et ne pas devenir une personne qui tue.

Les sportifs également, et ça a beaucoup été évoqué avec le cas de Aaron Hernandez, le footballer étazunien qui a tué plusieurs personnes. Parce que c’était un tueur, pas à cause des lésions, plein de gens ont des lésions cérébrales et partent pas dans un tel trip de toute-puissance.

« Après son décès, la famille d’Aaron Hernandez décide de faire donation de son cerveau au centre de recherche de l’encéphalopathie traumatique chronique (CTE) afin d’évaluer si les chocs à la tête subis pendant sa carrière de football américain sont la cause des changements de comportement du joueur. Le 21 septembre 2017, la directrice du centre de CTE de Boston, Dr Ann McKee, révèle que l’autopsie dévoile que le cerveau d’Hernandez est atteint d’encéphalopathie traumatique chronique de niveau trois sur quatre. L’état avancé de la maladie est inédit pour un joueur de cet âge. Celle-ci provoque des changements d’humeur, de la dépression et d’autres désordres cognitifs. Les chercheurs n’évoquent cependant pas de lien entre la maladie et la violence d’Aaron Hernandez. Les chercheurs annoncent également que le joueur souffre d’une nouvelle atrophie du cerveau et des larges perforations du septum pellucidum, une membrane verticale du cerveau »
(Wikipedia)

J’ai trouvé une étude ici sur les traumatismes crâniens :
https://www.santepubliquefrance.fr/content/download/153474/2186543
(Page 23)

« D’assez nombreuses études sur les délinquants incluent des groupes témoins, les données de prévalences en population générale étant, en effet, quasi-inexistantes. Plusieurs méta-analyses ont été réalisées et montrent des prévalences au cours de la vie très élevées. Chez les personnes incarcérées en général, elle est autour de 50-60 % (Farrer & Hedges 2011, Shiroma et al. 2010). »

« Chez les jeunes délinquants, elle est autour de 30 % pour Farrer et al. (2012), et entre 16,5 % et 72,1 % pour Hughes et al. (2015), avec 100 % pour les jeunes délinquants condamnés à mort aux États-Unis. Les conclusions sont que malgré la faiblesse des études (hétérogénéité, recueil déclaratif etc.), la prévalence de TC chez les délinquants et les populations incarcérés est plus élevée qu’en population générale. Certains travaux relativisent le rôle causal des TC dans la mise en œuvre de comportement criminels, en notant que ces populations sont à la base à risque de TC du fait de leur niveau socioéconomique très faible (Perkes et al. 2011). »

« Les études chez les sans-abris, sont aussi difficiles à mettre en œuvre et présentent à peu près les mêmes limites. Les données de prévalences sont de même plus élevées qu’en population générale et assez proches de celles décrites pour les délinquants. La méta-analyse de Topolovec-Vranit et al. montre des prévalences comprises entre 8 % et 53 % (Topolovec-Vranic et al. 2012). Dans ces populations, le lien entre TC et l’exclusion se pose, de même qu’avec l’état de santé mental de ces personnes (Mackelprang et al. 2014). »

« un TC peut générer de façon permanente des séquelles physiques, cognitives, et psychosociales, que les victimes souffrent en général de plusieurs types de séquelles. Ils soulignent aussi que si des séquelles physiques peuvent être bien présentes, celles neuropsychiatriques (cognitives, comportementales, etc.) sont plus problématiques en lien avec les relations sociales, l’école ou le travail. L’excès de séquelles neuropsychiatriques a bien été montré par comparaison de traumatisés crâniens à des traumatisés orthopédiques (Masson et al. 1996, Stéfan et al. 2016) » (Page 42)

J’ai foutrement aucune idée de comment j’en arrive à lire ça, mais j’apprends des choses, c’est cool. Les traumatismes crâniens sont moins fréquents chez les femmes par exemple. chez les moins de 25 ans la différence est vraiment importante : au total l’incidence sur 100 000 par année chez les 10-14 ans aux zuéssa est de 304,1 chez les personnes assignées filles contre 913,4 chez les assignés garçons.

« Au niveau comportemental, les séquelles les plus couramment rapportés chez les enfants et adolescents sont :
– des troubles de déficit de l’attention avec hyperréactivité (TDAH) ;
– des troubles de conduite, agressivité (troubles oppositionnel avec provocation) ;
– des troubles dépressifs ;
– des troubles de l’anxiété (syndrome de stress post traumatique, phobies, symptômes obsessionnels-compulsifs, troubles d’anxiété généralisé) ;
– des changements de personnalité (personnalité instable). »

Certains de ces déficits (notamment TDAH, troubles de conduites) sont par ailleurs décrits comme des facteurs de risque de survenue de TC, et de fait, ils sont décrits comme présents pré-TC chez certaines des victimes (autour de 20 % des enfants traumatisés pour le TDAH). » (Page 46)

Mais on note bien que la pratique d’un sport « vigoureux » (genre le rugby, le foot, le hand, le basket…) ou le vélo sont des facteurs de risques.

Je ne fais ni l’un ni l’autre, ça tombe bien. Par contre je m’encastre régulièrement dans les placards de la cuisine et les étagères, je ne sais pas si ça compte. En tout cas j’ai fait un scanner puis un IRM cérébral quand on m’a fait la blague du « attendez, revenez demain faire un autre examen, vos symptômes font penser à une sclérose en plaques » en 2016 et tout allait bien là dedans, j’ai zéro excuse.

🦈🦈🦈

Non, c’est pas une excuse, bien sûr que non.
C’est assez difficile de résumer tout ça alors on va la faire rapide :

🤖 Beaucoup d’études, beaucoup de chiffres différents, pas les mêmes barèmes, un beau foutoir.

🤖 On peut tomber de sa propre hauteur et se faire super mal, déjà.

🤖 La cause secondaire est l’accident de circulation, c’était la cause première jusqu’à ce qu’on invente la sécurité routière en 1999.

🤖 Perso après ça jamais je me lancerai dans le rugby, trop dangereux.

🤖 Les hommes sont plus touchés que les femmes, surtout dans les tranches d’âge de prise de risque.

🤖 Les populations « défavorisées » et racisées ont plus de « chances » de souffrir d’un TC dans leur vie, et sont moins bien soignées.

🤖 Pour autant, les femmes tuent toujours beaucoup moins, la différence entre le taux de criminalité (3,6% de la population carcérale est constituée de femmes) reste extrême.

🤖 On va pas parler de mortalité, c’est le matin, mais « ouch ».

🤖 Il peut exister une augmentation des comportements agressifs ou de mise en danger chez les personnes présentant des séquelles. (Page 44)

🤖 J’émets ici l’hypothèse d’un lien entre la manière d’éduquer les petites filles dans l’impuissance et la moindre prise de risque et donc la moindre incidence des TC sur elles. NB : plusieurs tueuses en séries ont eu des TC sévères dans leur enfance.

 🦝🦝🦝

On ne peut pas en conclure grand chose sauf que les hommes ont plus souvent des comportements à risques et sont plus souvent victimes de traumatismes crâniens. On peut aussi dire sans trop se gourrer que les traumas crâniens peuvent entraîner des altérations du comportement.

Vu le manque d’une vraie corrélation entre le TC et la criminalité (on sait que beaucoup de criminels ont subi un TC mais toutes les personnes ayant subi un tel événement ne se criminalisent pas.) il est difficile de déterminer qui vient en premier : le TC, les comportements à risque.

Mon hypothèse de noob c’est que c’est évidemment multi-factoriel : une fillette dans un milieu aisé avec des parents protecteurs au mode d’éducation patriarcal (les filles ne se salissent pas et ne bougent pas) aura moins de risques de faire n’importe quoi (attention, l’équitation est une activité à haut risque cependant), de se blesser, d’être peu ou pas soignée ni rééduquée. Si elle a un TC, elle sera mieux prise en charge (ses parents ont de l’argent).
Un garçon moins riche (et à fortioti racisé) aura plus de chances de se blesser jeune, je relie ça à la valorisation de la prise de risque et de l’agressivité chez les « boys will be boys », l’excuse du mauvais comportement parce que « c’est un garçon ». Il sera également moins soigné et suivi si la famille manque de moyens. L’absence ou l’insuffisance de suivi suite à un TC peut entraîner des lésions importantes et impactent le comportement.

Dans le cas Aaron Hernandez, on a un cumul entre une starification très jeune en tant que sportif et une succession de chocs violents. Je suis persuadée (après avoir vu le docu Netflix + lectures) que l’encéphalopathie n’est pas la cause unique de passage à l’acte. Il était déjà élevé dans un milieu très patriarcal, a été porté au nues hyper jeune, et a fini par se croire tout permis et intouchable. il abusait également de la cocaïne et de l’alcool, il me semble, il a eu des contrôles anti-dopage positifs et pas mal d’incidents de bastons dans les bars.
Les TC ont bien sûr exacerbé l’existant, mais c’est bien lui qui a tué, pas sa pathologie.

Parce que si le lien physiologique entre TC et criminalité était si simple, on aurait beaucoup plus de femmes en prison. Là ça colle juste pas du tout.

C’est donc un facteur de risque (il y a débat sur le fait que le TC soit lui-même un facteur de risque pour expérimenter à nouveau le même trauma), mais c’est pas du tout un argument.

J’ai failli oublier de mettre la tête (haha) de Aaron Hernandez

 🐢🐢🐢

Voilà, on en sait maintenant autant l’une que l’autre sur le traumatisme crânien. T’es contente ? Tu t’en fous ? Même tarif ! 🤓

Je trouve ce genre de lectures intéressant parce que ça peut remettre en cause nos idées reçues. Je ne pensais pas que la totalité des jeunes criminels dans le couloir de la mort avaient été victimes de TC, par exemple.
Je n’ai pas trouvé d’analyse approfondie sur la criminalité féminine suite à un TC, je pense que les résultats seraient un peu différents.

En guise de conclusion on va dire : ne tombe pas, stp, c’est dangereux.