Heure de réveil : 4h57 (chats)

Mon cher et tendre ayant décidé de naître un 8 mars, moi-même étant blasée sur “la journée de la Fâme hon hon hon des fleurs c’est beau les fleurs, regarde tout cet électroménager à bas prix”, je NOUS ai offert des oreillers ergonomiques et je viens de BIEN dormir.

Ensuite je lui ai acheté des trucs à manger, mais c’est lui qui a cuisiné.

Enfin, j’ai râlé intérieurement sur toutes les personnes que je voyais avec des fleurs.

En réalité, je les ai écrit, mes 3000 mots, mais ce n’était à destination que d’une seule personne (et non, je ne divorce pas)(enfin je crois 😱). Je m’éloigne d’une personne que j’aime de tout mon cœur mais qui entretient mes schémas malheureux tandis que j’entretiens les siens. Je suis comme sous emprise depuis une dizaine d’années, j’ai accepté des choses que je n’aurais jamais accepté de personne d’autre, sans comprendre que je me cramais dans l’histoire.

Je me sens très triste, je me sens méchante, mais ça passera.

Donc hier, j’ai badé, voilà.
(Je bade pas mal ce matin aussi donc pas sûre de la teneur du billet)

Grrr

🌈🌈🌈

J’ai aussi esquivé la Sainte Femme parce que je sais pas. Je peux pas manifester, j’avais pas envie de refaire un article “que s’est-il passé de bien niveau droits des femmes cette année ?” (à part l’IVG légalisé en Argentine), je suis blasée de l’imbécilité crasse de nos dirigeants.

🎊 Fête des femmes 2022 🎉
Victoire, l’Argentine a légalisé l’IVG en 2021, le Honduras, lui, l’a totalement interdit ainsi que le mariage de personnes de même sexe. Au Salvador, le président Nayib Bukele qualifie l’avortement de « génocide » après le énième rejet d’une légalisation de l’IVG.

Je pense avoir la réponse (“non”) à la question : est-ce qu’on fête un truc ? Le télétravail a juste permis aux LaFâme de garder les enfants pendant la pandémie sans manquer le boulot.

On a gagné ça.

Woot woot ! 🥳


🛑🛑🛑

Bon et aussi c’est le moment de dire que j’en ai PLEIN LE CUL des militants qui m’expliquent mes propres oppressions. Mec, t’as eu ton épiphanie, c’est bien, je suis contente, mais tu sais, j’étais déjà au courant, vu que, heu, ça me concerne un tout petit peu ? Un chouilla ? Un soupçon ? Non ?

Par exemple, si je ne précise pas ceci :
“Je sais qu’il s’agit de la Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes”
Un random dude va me dire cela :
“C’est pas la fête de la femme mais la Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes”

Nan, sans déconner ?
Sans déconner, je fais la vanne chaque année et chaque année t’as un MEC CIS HET qui vient me dire “heu non hein c’est pas la journée de la femme”.

Ils se pensent super malins mais niveau humour, les copains sont meilleur public.
Et quand ils se vautrent, c’est nous qui savons pas nous marrer.

Alors qu’on est hilarant-es ! 😥


⭐⭐⭐

Honnêtement, je ne vise personne en particulier, parce que je ne connais pas un seul, pas UN SEUL militant homme cis qui ne soit pas tombé dans ce travers.

Je comprends que l’épiphanie est à marquer d’une pierre blanche, là dessus j’ai pas de souci : un jour le rideau s’est ouvert et tu t’es dit “Mais qu’ai-je fait de ma vie ?” 😱

Un truc que je trouve fabuleux, c’est quand on m’explique que je ne suis pas assez pure dans ma lutte, que je n’ai pas lu tel ou tel auteurice probablement fascinant-e et que je n’ai pas tout compris à mes propres oppressions.

Je suis persuadée que toi aussi tu as eu ce genre de moment de flottement. Le mansplaining, admettons (non), le mansplaining sur le féminisme, c’est vachement plus audacieux. Je veux dire, faut être bon sprinter, quoi.

Et je sais, je sais que toi aussi tu en as quelques uns autour de toi.

Je les considère comme les éternels deuxièmes de la classe. Ils ne peuvent décemment pas être premiers car ça contredirait le dogme, mais ils luttent pour être LE parfait modèle d’homme déconstruit.

Et donc ils sont meilleurs que toi qui fais tout un peu comme tu le sens. Parce que tu évolues à l’intérieur de la problématique, ta manière de gérer, de construire et d’apprendre sera radicalement différente : en général, tu as pu construire ton militantisme en partant de l’exemple pour en arriver au systémique. Les cisdudes, eux, partent du concept (c’est là où on en perd 99%) et tentent de relier ça a des événements.

Et comme ça ne les concernent, pensent-t-ils, que très superficiellement (car ils peuvent rester dominants, je veux dire, pourquoi changer ?), ils en font un passe-temps intellectuel. Un jeu de rhétorique. Parce que ça les occupe. Y’a pas d’enjeu, de truc vital, ou c’est perçu de manière lointaine.

Ce qui donne parfois des mecs qui viennent te dire “Je suis victime, en fait, je suis victime du système !”
Pfiouuuuut et ben ça a mis le temps, hein ?


🎻🎻🎻

Le souci c’est qu’une fois qu’ils ont pigé qu’on pouvait aussi les aider à s’émanciper de leurs masculinités toxiques :
👉 Ils se considèrent comme prioritaires
👉 Ils nous considèrent comme des infirmières

Mec, tu as réalisé que tu avais pas été cool dans ta vie ?
Tu sais pas quoi faire ?
Parles en à un pote, ne nous fais pas encore porter la charge émotionnelle.

Non, vraiment, parlez entre vous.

Je reçois aussi parfois des MP de personnes inconnues ou inhabituelles qui me demandent “Que penses-tu de la reproduction des hermines en Sibérie, comparativement à l’exploitation du flétan dans des dynamiques sociales rurales mais technologisées ?”
Et quand t’en sais rien, ouuuuh, tu perds des points.
Et quand tu sais, tu démarres ce qui sera une longue, longue conv…heu long monologue qui deviendra de plus en plus poussif. Les mecs savent beaucoup écrire, mazette ! Dès qu’il s’agit de trouver la faille qui dit “ce mec est pas comme les autres, preuve en est” ils sont au taquet.

Et sinon, ils disent “Prouve-moi que j’ai tort”.
Mais va chier, Jean-Profem, je suis pas prof de féminisme, je ne te dois rien, alors je vais fermer cet onglet, voilà et…ah on me tagge. Ah, un MP. “Mais pourquoi ? Je veux comprendre !” Oui bah je suis pas psy, et je ne suis même pas payée donc reviens avec ton chéquier la prochaine fois, merde.


🦄🦄🦄

Je le répète mais : parlez entre vous, organisez-vous, discutez vos initiatives ensemble.

🙄On en est parfois à organiser des rencontres entre nos mecs, qui se connaissent, qui savent où se trouver et tout. Mais on leur propose, on trouve une date, voilà, tu veux un gâteau Minecraft pour partager avec tes camarades ou ça va aller ?

Mais nan, parler c’est un truc de meufs, manifestement. Les bonhommes ils parlent pas. Ils endurent en silence parce que c’est parfait pour pouvoir se victimiser ensuite.

Après, l’idée n’est pas forcément la meilleure du monde, car bien souvent, les groupes masculins non-mixtes deviennent des lieux masculinistes non-mixtes. Je ne plaisante pas : à force de pleurer sur leur sort, ils se mettent tous d’accord. Ce sont eux, les victimes du système, nous on a les entrée en boîte gratos.

Je ne sais pas ce qu’on va faire d’eux. Il y en a quelques uns qui sont chouettes (oui, tu es dedans, tout va bien) mais c’est clairement pas la majorité.

Tu vois ? Je viens de me faire avoir.
“Je ne sais pas ce qu’on va faire d’eux.”
J’ai pas à faire quelque chose de toi, tu te débrouilles, tu es grand, mais on a toujours ces relents d’infantilisation qui les arrangent bien quand il faut.


🐙🐙🐙

Les mecs ne s’envoient pas de bouquets de fleurs, par exemple.

A chaque fois qu’on m’a fait livrer des fleurs, l’émetteur était une émettrice. C’est assez effrayant et triste que de constater que les mecs n’ont pas vraiment de solidarité entre eux.

Ils sont souvent dans une sorte de compétition maladive à vouloir à tout prix obtenir le titre de mâle alpha. On a débunké le mâle alpha dans un billet précédent, si tu étais là, tu sais que c’est bullshit.

Mais y’a toujours cette espèce de concurrence, qui a la plus belle femme, la plus grosse voiture et tout et tout.

Et c’est triiiiiiiste 😱😓

C’est triste mais j’avoue que j’ai un peu le seum de voir que ce type de comportement revient en milieu féministe. Parce que ça veut dire qu’ils ont pas fait leurs devoirs et que la déconstruction n’est que superficielle.

Je ne demande pas l’abandon total des velléités égalitaires, ouhlà, non, on touche à rien, c’est déjà un miracle qu’on en ait quelques uns qui ne tombent pas dans ce travers, un édifice si fragile, malheureuse !

Je dis juste que lire un pro-fem réclamer des cookies en disant “moi je suis sympa” (le pick me à l’envers en fait) provoque en moi une vraie souffrance cognitive.


🦖🦖🦖

Le truc qui n’est pas compris c’est que les femmes et les personnes en minorité de genre ou d’orientation sexuelle sont des proies qui ont parfois développé une sensibilité à la prédation.

Il est relativement facile de me faire passer en défense. Une fois, un type, sans doute “normal”, me pose une question un peu pointue sur un de mes billets, bon, je réponds parce que je suis sympa. Mais au fur et à mesure, je me suis sentie mal. Très mal. Et quand il m’a demandé des informations sur ma vie, en passant, j’ai juste tout bloqué. Il était sûrement inoffensif (edit : en fait non, mon flair m’a sauvée) mais il a déclenché cette réponse en commençant à se montrer un peu trop intrusif à mon goût. Pour lui ça n’a pas eu de conséquences, à part peut-être envoyer les screens à ses amis zététiciens en disant que j’étais une grosse fragile. Pour moi, ça a été la panique, la vérification totale de mon profil, de l’accessibilité de mes données, la recherche d’amis d’amis, la panique, quoi.

Et c’est pas une réaction disproportionnée, en fait, car c’est un vrai risque.

Pour moi, de base, un dominant qui va chez les dominées, c’est suspect. J’y peux rien. Je révise, heureusement, souvent mon jugement, le temps de me faire un avis, mais en premier lieu je n’ai que méfiance.

Les tirades pro-féministes me laissent souvent un sale arrière goût. Je me demande combien ont cette image publique virtuelle tout en continuant de ne rien changer à leur vie privée. On en a toutes connues, des génies du féminisme en ligne qui se révèlent être juste un type pathétique dans le quotidien.

C’est pas comme si on avait régulièrement des callouts dans le milieu, des dénonciations de mecs cis qui en réalité en ont juste profité pour niquer et bénéficier des mille petites choses qu’on a “entre nous”.
Exemple : les faux poly, les mecs qui font croire en ligne qu’ils sont poly, sauf que leur partenaire “habituelle” n’est pas au courant. Utiliser un outil féministe contre des femmes, ça arrive. Souvent.

Mon expérience m’a montré que ceux qui en parlent le plus en font souvent le moins.

😾 J’ai fait, moi, un post pour dire “ayé j’ai eu l’épiphanie” ?
Non.
Et heu…en 10 ans j’ai pas vu ce type de post venant de dominé-es.
PARCE QU’ON A PAS BESOIN DE RÉALISATION SOUDAINE
PARCE QUE C’EST NOTRE VIE


🍉🍉🍉

Je sais que ça fait la meuf qui crache dans la soupe.

Mais, franchement, au lieu de nous donner des cours de féminisme, parlez entre vous, organisez-vous sans notre aide et réalisez que c’est pas parce que vous êtes supers que nous devons baisser le pont levis.

Toi, tu es sûrement un type bien, aucun doute là dessus.
Parce que ta vie quotidienne a changé ou évolue : tu prends en charge plus de choses, tu fais l’effort de t’éduquer, tu ne pars pas en vrille à la moindre remarque, tu fais preuve de respect et d’écoute, très bien.

Mais il faut aussi comprendre qu’on restera méfiantes toute notre vie, que nos filles se méfieront aussi, tout comme nos aïeules ont eu raison de se méfier.

Perso, tu me propose d’aller câliner un tigre, je refuse.
Déjà parce que : un tigre en captivité c’est affreux.
Ensuite, parce que c’est un animal sauvage qui, même né et élevé en captivité, conserve des réflexes d’animal sauvage. Et j’ai envie de garder mon visage et mes bras, si tu veux.

Alors je ne fais pas confiance, pas d’emblée. Je suis désolée et c’est moche tout ça, mais de base, vous partez avec un score négatif, et faut savoir remonter la pente. C’est injuste ? Pas plus que le taux de féminicides, si on va par là. La vie est plus injuste avec nous qu’avec toi, dans l’ensemble, donc BON.

Notre risque à nous c’est de nous faire buter ou piéger par un sale type qui nous fera préalablement franchir chaque palier du cercle de la violence mille fois.

J’aurais un tigre qui sonne chez moi, par exemple, je ne lui ouvrirais pas, même s’il fait des câlins. Si c’est un agent immobilier, j’envoie le tigre. Pardon. C’était beau à envisager, j’en ai marre du spam et des gens qui rentrent chez moi déposer des flyers.


🍰🍰🍰

Mais non. Dire ça à un mec, c’est blesser son ego fragile. Parce que lui n’est pas comme ça ! Indignation !

Alors, je sais pas. Merde. Réfléchissez. Nos agresseurs font en graaaaaaaaaaande majorité partie des vôtres, vous n’y pouvez rien, certes, mais faire la personne blessée dans son honneur c’est vraiment indécent.

Si vous disiez à vos potes “Tu te comportes mal avec ta meuf, tu peux pas faire ça !” au lieu de rigoler grassement aux récits d’entourloupes, ça serait genre vachement mieux que de faire des tirades sur le courage que vous avez à vous émanciper des codes de la masculinité toxique auprès d’un public déjà convaincu.

Sans rire, j’ai souvent été “la meuf/mec” d’un groupe de potes et j’ai entendu les conversations de vestiaire. J’ai réagi, oui, et invariablement je me suis fait exclure, mais je ne pouvais pas ne pas dire “hey stop là”. C’est facile d’exclure une meuf/mec, mais c’est visiblement beaucoup plus compliqué de dire à vos potes qu’ils se comportent comme des connards.

Alors, je sais pas, commencez par ça au lieu de nous pondre des trucs gentils mais invariablement cringe ?

👉 Je sais qu’on est le 9 mars mais je pense que c’est dans vos possibilités. Faites juste ça. Reprenez vos potes, vos collègues, sur les discours et actes sexistes. Faites ça, pour commencer. Ce sera plus utile à la Cause que les demandes de médaille.

C’est VOTRE mission (et votre projeeeet)(j’ai pas pu me retenir), c’est VOS pairs, c’est à VOUS de gérer.

Nous sommes dominées, donc pas écoutées, et nous avons souvent peur de vous. Je sais pas pour toi, mais moi, seule dans un ascenseur ou une rame de RER avec un ou plusieurs mecs, je dois l’endurer ou l’esquiver.

Vous n’êtes pas autant menacés que nous par vos pairs. Pire, ils vous écoutent. Donc profitez-en : allez-y, lancez-vous. Ce n’est pas à nous de faire votre travail.

CE N’EST PAS A NOUS DE FAIRE VOTRE TRAVAIL

PS : si tu te sens outré par ce texte, tu es sans doute concerné.