Heure de réveil : 3h10 (dans de la pisse de chat)
biais, negativite, pessimisme

J’ai beau adorer Kevan, le traître qui me fait faire des lessives, le fait qu’il s’en prenne à moi dès qu’il a un pet de travers a tendance à m’agacer un tantinet. Donc là je pense qu’il s’est lassé de sa pâtée ou de ses croquettes, je vais devoir deviner ce dont il a envie. Qu’est-ce que je vais me marrer.

Kevan est un mâle.
Coïncidence ?

🐱

Ma santé mentale est toujours down mais tu sais, si ma plume est triste et désabusée, je ne suis pas forcément en train de pleurer devant mon clavier. Comme je décris beaucoup, ça semble immense mais de mon point de vue c’est juste une phase dépressive de plus. Pas de panique ♥
Donc là tu vas êtes esbaudie as fuck mais mon inspirational d’hier qui parlait de genou a été prémonitoire 😱 Hier soir j’ai posé le pied sur la petite marche qui mène à la douche et je me suis éclaté le genou façon one shot, one kill. C’était nul mais c’est moi qui ai choisi cette vie de danger et de débauche, je dois assumer.

(Je crois qu’un des accidents les plus bêtes qui me soit arrivés est lorsque je me suis foulé le poignet en allant me poser sur mon lit. Comment tu veux faire plus naze que ça ? Une tendinite en faisant une mayonnaise. On peut faire plus naze. On peut toujours.)

C’est le souci avec la spondylarthrite et la fibromyalgie : si ça PEUT dégénérer et bien pourrir ta vie, la vie trouvera son chemin.

Ou pas.

🐛🐛🐛

Ce matin je vais te causer pessimisme et biais de négativité. Si, si, ça a un rapport.

Le biais de négativité, c’est retenir surtout les éléments «négatifs». Il est assez facile à démontrer. J’anticipe : j’ai dit «surtout», heureusement qu’on garde de bons souvenirs aussi, merci Captain Obvious.
Pense à 2020, est-ce que…ouais non cette année a été vraiment pourrie, attends on recommence.
Pense à tes années d’enfance. Quels sont tes souvenirs ?

🤔

Moi je me souviens, à 3 ans, quand j’ai trébuché sur une faux (j’habitais loin de la civilisation) et que je suis pas passée loin du tendon. Ma maman m’a acheté mon premier Petit Poney (Pomme) parce que j’ai été super brave mais je me souviens surtout du généraliste qui m’a recousue en anesthésie locale dans son cabinet car l’hôpital était trop loin. J’en garde une phobie des sutures. C’est con j’en ai gagné plein depuis. Je me souviens que j’avais perdu le petit bracelet d’oreille de Patty, ma petite maline (Même type que les Sylvanian, si t’es des 80’s tu t’en souviens sûrement), et je l’avais retrouvé dans le jardin par pur hasard 🐰

Je me souviens quand ma maman nous a mis dans la voiture, qu’elle a roulé toute la nuit et qu’on est arrivées au petit matin chez mes grands-parents. On est jamais rentrées «chez nous». J’ai encore l’odeur du sac de couchage. 700 bornes, faut les enquiller, avec des enfants de 1 et 4 ans.
(T’as bien fait de te barrer, jamais je t’en voudrai pour ça, d’accord ? C’était la meilleure décision à prendre. Ticket également valable pour les mamans solo qui me lisent, bande de badass)

Je me souviens que les années 90 ont été terribles pour moi. Entre les abus sexuels, le harcèlement scolaire, la violence. J’ai retenu, en bien, Super Nana et mon grand-père qui me dit dans la salle de bains «Ne laisse jamais un homme te traiter comme ça, Bibiche».

Pixabay – CD20

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Je triche, j’ai des tendances hypermnésiques.
(C’est vrai, j’ai des millions de souvenirs, y compris très très précoces).
Mais du coup tu t’es peut-être pliée à l’exercice.

Regarde, sur 2020, le ralentissement économique a provoqué une grosse baisse des émissions de CO2 et on a découvert qu’il y avait des animaux sauvages dans les villes.
Il s’est passé des trucs plutôt cools, y compris dans ta vie peut-être ? Mais dans 10 ans, 2020 ce sera le COVID et l’expulsion de Trump (qui est quand même une bonne nouvelle mais il en faut un peu plus que ça pour rattraper cette petite pandémie, les enfants).

🐿 Est-ce que tu te souviens des personnes qui t’ont laissée passer devant à la caisse dans ta vie (moi, oui mais je triche) ?
🐿 Te souviens-tu des gens qui te sont passés devant à la caisse ? Oui, je suis sûre qu’ils sont déjà dans ton Death Note.
🐿 Et…tu te souviens de chacun de tes passages en caisse ? Les 5 derniers ? Non, sauf si ce jour-là ta CB t’a envoyée paître.

Je triche pas, pour le coup, ça m’arrive régulièrement que ma CB me fasse un doigt en mode «le plafond de paiement, encore, t’apprends décidément pas de tes erreurs».
Mais je me souviens PARTICULIÈREMENT BIEN du 24 décembre 2019 où j’ai dû laisser toutes mes courses à la caisse. Je pense que dans 10 ans je m’en souviendrai encore.

😨😨😨

Tu vois le principe, on va pas faire mille exemples. On retient du bon mais ce sont les expériences négatives qui nous marquent le plus. Et tant mieux, en fait parce que si on veut apprendre de nos erreurs et tout le tralala faut les retenir, ces mauvaises expériences. Je vais pas vous faire la blague psycho-évolutionniste, j’ai des lectrices sensibles et la blague serait de mauvais goût (Si tu es Peggy Sastre et que tu me lis tu peux bien aller te faire cuire le cul, cependant).
Mais je pense ne pas trop trop m’avancer en disant que si tu te crames la main sur la plaque, en général tu reproduis pas la même erreur parce que le souvenir de la brûlure t’a marqué. En général, j’ai dit.

Genre moi, là, les faux, je peux te dire que j’évite d’en avoir à moins de 100m de moi en toute circonstance. J’aimerais en dire autant des hommes mais j’en ai deux à demeure…

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C’est bizarrement pas pareil avec les grossesses ou les tatouages , tu douilles mais c’est merveilleux après alors t’oublies tout. Imagine si on se souvenait parfaitement de la douleur de l’accouchement, il n’y aurait plus aucune humaine sur terre depuis un bail.
Mais non, on se dit, allez, c’était pas si pire.
Et c’était si pire en fait.

Ce que je trouve «curieux» c’est que dans le cadre des relations toxiques et abusives, on ne retient pas de nos erreurs. On est capables de répéter un schéma de violence indéfiniment. Je ne sais pas précisément pourquoi, j’ai des pistes mais on en causera un autre jour, c’est un sujet long à traiter.
Aucun de nos souvenirs n’est neutre, chacun a un contexte ET une manière de s’en remémorer. Un même événement peut être lu totalement différemment en fonction de son âge, par exemple. On a pas la même lecture de nos souvenirs d’enfance quand on a 20 ans que quand on en a 88. On idéalise aussi très souvent les choses alors que c’était quand même pas mieux avant, y’avait pas la fibre.

Le problème avec les souvenirs, c’est pas qu’ils sont pas fiables (parfois ils sont fabriqués, ça arrive1), c’est que la manière d’exprimer, de verbaliser ce que tu en as retenu est cruciale. C’est cette interprétation-là qui va donner un éclairage unique à ton expérience. Je le vois souvent avec mon époux pessimiste : on vit la même journée au même endroit, moi je vais être ravie, lui va relever tout ce qui n’allait pas. Et c’est pas si mal d’être pessimiste parce que moi, avec mon optimisme béat, je vois pas toujours le danger arriver.

👾👾👾

C’est un biais cognitif très intéressant car vraiment à double face : il va te permettre de ne pas te cramer la main, il va te dire «Meuf, approche plus jamais d’une plaque, il y va de ton intégrité physique, déconne pas.». Mais il va aussi déterminer un paquet d’autres choses importantes dans ta vie.
Ce biais va par exemple nous freiner si on veut se lancer. Si tu veux te lancer d’une falaise, éventuellement, c’est plutôt bien de ne pas le faire. Mais si tu veux te lancer dans le parapente, ta chute précédente t’aura ptet fait réfléchir et tu le feras pas. En admettant que tu sois précédemment tombée d’une falaise de moins de 3m de haut.
Mais il va aussi nous gratifier de préjugés. Si je me fais emmerder 50 fois par un mec dans la rue, à un moment je vais penser que tous les hommes (alors que paaaas du tout 🙄).
Les préjugés, c’est ce qui te dit si le truc en face de toi est un ours ou un très très gros chat. Des fois, ça sauve la mise.

Si on te relaye uniquement le mot «terrorisme» associé à «Islamisme», si on ne parle que de «ces personnes-là», on a par simple exposition + biais de négativité l’impression (erronée, je le reprécise parce que bon…) que tous les arabes se baladent avec des ceintures d’explosif. Alors que heu. Non. Pis ça doit être super chiant dans la vie quotidienne, c’est complètement con.
Les suprématistes blancs c’est pas vraiment des Bisounours non plus et leur pouvoir de nuisance est très élevé (ils sont blancs). Attends, on vient juste de virer leur chef de la Maison Blanche et mate la galère que ça a été ! Pourtant, un nazi peut être un «bon voisin» selon certains médias.

Si le racisme pouvait penser, il adorerait le biais de négativité.
T’as aussi des gens qui vont de dire «Oh, les [insérer différence random ici] je fais plus confiance, la dernière fois on m’a regardé de travers. Plus jamais, Geneviève, plus jamais !»
Ou…
«Je ne prends plus cette marque-là, un jour…»
«Oh, les gens comme ça, en général…»
«Ouhlà très peu pour moi, j’ai déjà donné»
«Chat échaudé craint l’eau froide mordelol»

🐔🐔🐔

C’est intéressant de connaître ce biais car cela peut se révéler utile. Le fait de savoir qu’on est biaisée est souvent utile, tu me diras.
Là ça permet de reconsidérer un peu ses jugements sur la vie.
Est-ce un préjugé ou pas ? Ma mauvaise expérience est-elle ponctuelle ou universelle ? Et statistiquement ? Est-ce que j’ai vécu l’exception ou la norme ? Que vais-je en retenir ?

Regarde, l’autre jour ma CB est passée à la caisse !
C’est parce que désormais, je lui parle (Pas du tout parce que je vérifie mon solde CB avant et que j’ai du liquide sur moi au cas où).
«Allez, allez, Georgette, tu peux le faire TU PEUX LE FAIRE»

  1. Mais pas souvent [↩]