- Le Capitalisme Patriarcal – #1 Introduction
- Le Capitalisme Patriarcal – #2 Le Capital et le genre
- Le Capitalisme Patriarcal – #3 Omnia sunt communia
- Le Capitalisme Patriarcal – #4 Le capital et la gauche
- Le Capitalisme Patriarcal – #5 L’invention de la ménagère
- Le Capitalisme Patriarcal – #6 Origines et développement du travail sexuel aux États-Unis et en Grande-Bretagne]
Heure de réveil : 4h11 (woot woot)
Je me suis fait tatouer hier, c’était long mais le rendu est top. Je ferai une vraie photo quand ça aura un peu guéri, je fais des hématomes très vite et ça peut être malaisant à regarder donc on va attendre un peu. J’espère que ce teasing t’a rendu-e bien impatient-e, en attendant, sache que j’ai été au Gamin à Dix Doigts, que je me suis fait tatouer par Ludai.
J’ai donc eu un peu d’attente, d’autant plus que je suis arrivée super en avance, et…et…et…j’ai fini le premier chapitre du bouquin de Silvia Frederici (Le Capitalisme Patriarcal) pour prendre un peu d’avance.
On va donc parler des lapins-garou des neiges en période de reproduction dans un contexte de réchauffement climatique intense 😶
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Ce chapitre 1 (p.27 – p.61) évoque les lacunes liées au genre dans la pensée marxiste.
J’avoue avoir ri, à des moments, mes annotations c’est un peu n’importe quoi. Bon, Marx a pas connu #metoo ni même internet ni même la télé, mais il est le digne représentant des dominants, dans le sens où il oblitère 90% des problématiques féminines. Je ris aussi car j’ai, forcément, du recul sur ses pronostics. Oui bah c’était ça ou me mettre en PLS en pleurant ce monde de merde, je préfère le cynisme.
En tout cas :
🐦 “Il n’avait pas grand chose à dire sur le genre et la famille”
(Heather Brown)
Le mouvement féministe a pu récupérer certains outils, certaines idées qui, malgré les lacunes, sont des idées très pertinentes sur le capitalisme, notamment concernant l’accumulation primitive et l’exploitation des personnes. Heureusement qu’il disait pas que des conneries, Karl Marx.
🐦 “[…]si Marx a laissé la question du genre non théorisée, c’est notamment parce que l'”émancipation des femmes” avait une importance secondaire dans son travail politique.”
(p.29)
C’est ce qu’on peut, hélas (parce qu’on est en 2022 les enfants) constater encore aujourd’hui lorsqu’on nous promet que la Lutte des Classes est en bundle avec le décolonialisme et le féminisme. C’est une pensée tellement courante, portée de préférence par des mecs cis blancs, que ça devient risible. Hey, vous nous la faites à l’envers depuis des siècles, on va paaaaaaas vous croire sur parole.
“La violence et les armes sont nécessaires à la Révolution, fillette” m’a-t-on dit, un jour. Le mec devait avoir pas plus de 22 ans, j’en avais 39, j’ai ri jusqu’à ce que je comprenne qu’il était sérieux.
Ok, ils sont pas tous de ce tonneau, mais il est difficile de cacher la misogynie, la transphobie, l’homophobie et le racisme qui se tiennent dans l’ombre des discours fleuris et en flammés sur des lendemains meilleurs, pensés uniquement pour les hommes blancs cisgenres. Pas besoin d’autres luttes : la Lutte des Classes est la Sainte Lutte.
Ainsi, le Capital a été pensé du point de vue d’un travailleur salarié masculin-universel-bien-sûr. Les autres luttes, féministes et antiracistes, sont secondaire, encore aujourd’hui.
🐝🐝🐝
Frederici parle ensuite de son action avec “Wages for Housework” (un salaire pour le travail domestique) dont on peut trouver un bon résumé sur Paris-Luttes Info, qui a été en partie pensé grâce aux outils et réflexions marxistes. En revanche, ce mouvement a démontré encore une fois les limites de la théorisation initiale de Marx.
Lorsque les femmes sont évoquées, c’est dans le cadre du travail salarié (en usine). A l’époque, et c’est mon premier rire nerveux de ce chapitre :
🐦 “[Les hommes] vitupéraient contre le travail des femmes dans les usines qui provoquait la destruction de la vie familiale, donnait une indépendance nouvelle aux femmes et contribuait à la contestation ouvrière, ce dont témoignait la montée des syndicats et du chartisme1.
(p.31)
Marx parle des dégâts du travail en usine, suite à des rapports de cinquante millions de pages qui évoquent la mort au travail. Il sait que les femmes (et les enfants, qui travaillaient également) souffrent de conditions de travail extraordinairement difficiles. Mais il ne ne penche pas plus sur les problématiques de genre. Il tient des propos moralistes sur la dégradation des mœurs, tacle les TDS et affirme que les travailleuses sont de moins bonnes mères. Les femmes sont victimes, sans aucune agentivité, et ne peuvent plus accomplir leur travail domestique si elles ont des journées de 18h. Le Capitalisme pourrait donc détruire la force reproductrice et c’est pas très malin.
🛠🛠🛠
Ce qui n’est pas très malin non plus, c’est d’arrêter ici sa réflexion. On sent une essentialisation du rôle des femmes, évidemment liée au travail reproductif, sans penser la complexité des rapports de domination liée au genre. Parce que pour le coup, on pense le travail à l’usine, on moralise sur l’incapacité des mères à bien s’occuper de leurs enfants, mais aucune solution n’est envisagée, car le problème va se résoudre tout seul grâce au “Progrès”.
Alors oui, maintenant, j’ai une machine pour faire à peu près tout dans la maison, j’aime bien avoir un lave-linge, tout ça, mais je suis pas beaucoup plus égale qu’avant, 155 ans après la publication du Capital. Et je te jure que si tu viens faire le malin en faisant “hon hon hon le droit de vote” tu seras mal reçu, voire ban à vue. Réfléchis bien.
🐦”Bien qu’elle ne soit pas prononcée explicitement, la clé du présupposé de Marx selon lequel le remplacement de l’industrie domestique par la grande industrie produirait une société plus humaine était certainement aussi l’idée (sur laquelle il est revenu dans plusieurs sections du Capital) que le travail industriel est davantage qu’un multiplicateur de la force de production et une garantie (présumée) d’abondance sociale.
(p.37)
Davantage = également potentiellement créateur de liberté quand à la variété des tâches dans une association coopérative.
J’avoue, j’ai ri aussi, mais je suis une voyageuse temporelle en 1867, c’est moche de rire en réalisant qu’une personne ait pu penser l’industrie et la technologie libératrices. Ouais, j’ai un lave-linge, mais je dois aussi rentrer des thunes, la technologie me permet simplement de passer moins de temps à mes tâches ménagères. Pour utiliser ce temps à bon escient, c’est à dire élever ma progéniture.
So much fun.
⚙⚙⚙
🐦”En louant l’industrie moderne d’avoir libéré les femmes et les enfants des chaînes du travail domestique et de la domination patriarcale et d’avoir rendu possible leur participation à la production sociale, Marx présupposait que[…]
(p.38)
🔸 Les femmes n’ont jamais pris part à la production sociale : le travail reproductif n’étant pas un travail.
🔸 Elles étaient limitées par leur force physique moindre.
🔸 Un bond technologique participera à l’égalité entre les genres…à un moment.
🔸 Le travail en usine permet une production sociale et est le lieu de la contestation anticapitaliste (lire : “ça se passe pas à la maison entre deux biberons”)
Sur la force physique empêchant le travail “comme les hommes”, Frederici souligne un point important. Marx fait des descriptions des conditions de travail abominable des femmes et des enfants. C’est donc que ces gens travaillent déjà. Iels sont en capacité de travailler. On ne leur demande pas forcément de soulever 50kg pour les décréter aptes à l’exploitation, on peut exploiter des gens par pas mal d’autres moyens. Par contre, iels sont bien plus facilement soumis-es car faisant déjà partie des moins que rien.
Ensuite, l’artisanat. Les femmes artisanes. Les paysannes. Les commerçantes. Les femmes n’ont pas attendu l’usine pour taffer. Le développement de l’industrie et du capitalisme n’ont rien libéré du tout, au contraire. Ouais ok la machine peut porter des trucs et des machins lourds, faire des gestes répétitifs, mais on a pas attendu ça pour travailler et ça n’a, je parle depuis 2022, vraiiiiiiment pas été libérateur. Nope.
Vu de 2022, je vois les burn-out et la violence qui règne dans le feutrement des bureaux où, sorti des photocopies et des réunions à rallonge, il n’est pas besoin de savoir soulever un enfant de 12 ans à bout de bras. Je pense aussi aux suicides au travail et le harcèlement ou la discrimination. L’industrialisation aura pas été trop trop aidante là dessus, on va dire.
🎩🎩🎩
🐦”Mais, comme on l’a vu plus haut, il supposait que ces violences n’auraient plus lieu quand les travailleurs s’empareraient du pouvoir politique et réorienteraient les objectifs de l’industrie vers leur propre bien-être. Cependant, après deux siècles d’industrialisation, on peut voir que, si la fin du capitalisme n’est toujours pas à l’horizon, partout où l’égalité a été réalisée ou améliorée, c’est le résultat de la lutte des femmes et non un cadeau de la machine.”
(p.40)
Le travail domestique n’est pas un travail, t’as compris ?
🐦”Au sein d’une famille[…], il se crée une division naturelle du travail, à partir des différences de sexe et d’âge, donc sur une base purement physiologique
(Karl Marx, le Capital, vol.1)
Ah mais voilà tout est plus clair, maintenant ! C’est la Nature. Les femmes font des bébés et les élèvent et c’est leur but dans la vie. Repasser tes chemises est na-tu-rel.
Pourtant, il admet que la production de nouveaux travailleurs est vitale, si j’ose dire. Il faut de nouveaux ouvriers car on casse ceux d’avant plus ou moins vite. Pour ne pas avoir à faire attention à ses salariés, on compte sur la reproduction qui en amènera d’autres.
Les travailleurs produisent des biens, qu’ils consomment et ça leur permet de vivre et donc de faire des enfants.
⛓⛓⛓
🐦”Il s’agit, littéralement, de la production des travailleurs salariés par les marchandises produites par les travailleurs salariés. Ainsi, la “valeur de la force de travail est la valeur des moyens d’existence nécessaires à la conservation de celui qui la possède”, et elle est déterminée par le temps de travail nécessaire à la production des marchandises consommées par les travailleurs”
(p.43)
Et donc, nulle part, le travail reproductif n’est envisagé, mais je radote. Pour Marx, le travailleur se reproduit naturellement tout seul 🧙♂ Et tout ce qui est d’ordre ménager n’existe pas car ça va de soi. A aucun moment il ne parle de sexe comme outil de reproduction. Non. Le sexe c’est sale et ça concerne surtout les “prostituées” qui vendent donc du vide. J’en connais qui seront bienheureuses de lire ça, dis donc. “Le précipité le plus bas de la surpopulation relative”. Wow merci mec. Heureusement que t’es déjà au Paradis des Communistes, dis donc, sinon tu aurais eu pas mal de problèmes.
Frederici cite un passage où il est à ça de découvrir le pot aux roses mais…non. Toujours dans le Capital, il explique que les mères n’ont plus le temps d’être mère et achètent donc ce qu’elles produisaient avant dans le cadre domestique (couture, par exemple). La diminution du temps de travail domestique entraîne une augmentation des dépenses monétaires.
🙎♀️ ET
🙎♀️ C’EST
🙎♀️ TOUT
Parce que le linge, en fait, le secret c’est de le racheter, ça évite d’avoir à le laver. Et Uber Eats existait sans doute déjà en 1867, tu vois, parce que la cuisine, c’est typiquement quelque chose qu’on achète avec de l’argent (les ingrédients) mais t’oublies toute la partie chiante à éplucher des patates et à faire la vaisselle. Mais vu que tu pètes ta vaisselle pour en racheter, j’imagine que ça va.
Il y a un GROS souci, oui. Considérer que les bébés se font “naturellement” sans connaître les implications multiples de la procréation (genre les risques de décès pendant la grossesse, l’accouchement, et pendant les premières années de vie de l’enfant, la charge exponentielle de l’éducation, ce genre de trucs) est…totalement oblitérer les femmes. On a un “instinct” de reproduction, ça va le faire.
Je pense que Karl Marx ferait une syncope si on lui parlait des personnes childfree ou des hommes enceints 😅
On a donc une contradiction : d’une part il considère les mères qui travaillent comme presque infanticides, de l’autre il veut l’égalité à l’usine, tout en ne tenant jamais compte des conditions dans lesquelles les bébés magiques sont fabriqués. Avant de dire que finalement, c’étaient surtout les révolutions technologiques qui permettaient la création de la “surpopulation”.
Mec.
T’es à la ramaaaaaasse !
🦕🦕🦕
Dans les faits, les ouvrières d’usine ne représentaient que 20 à 30% de la population active féminine et beaucoup quittaient ces emplois après la naissance d’un enfant. Marx évoque le conflit entre le travail et les enfants mais ne va pas plus loin dans son analyse. Parce que le travail ménager est “naturel” pour les femmes et qu’il a manifestement une vision très traditionnaliste de la famille.
Les femmes travaillent sans être salariées, et comme elles ne sont pas salariées pour leur travail domestique, elles sont exclues de la pensée de Marx. C’est plutôt effarant car, heu, les bébés, tout ça, enfin, c’est prenant comme taff, hein ? Et en plus t’es pas payée et tu es vue comme inférieure. Dans tous les cas, qu’on travaille, qu’on ne travaille pas, on est juste absentes du tableau. On se penche beaucoup sur notre “moralité” cependant. Nos entrailles et nos chérubins intéressent beaucoup de monde, notre taff gratuit et nos conditions de vie, moins.
Ici, Frederici note quelque chose qui me semble crucial :
🐦”Cela ouvre la possibilité qu’il soit resté circonspect sur la question du travail ménager parce qu’il craignait que l’attention portée à ce sujet puisse faire le jeu des organisations de travailleurs et des réformateurs bourgeois qui glorifiaient le travail domestique pour exclure les femmes du travail d’usine.”
(on est p.51)
Salut, c’est bien le sempiternel “tu fais le jeu de” que je vois là, hein ?
C’est de là que vient le “Tu fais le jeu du RN” que se lancent des gens sur les internettes ? Formidable, j’ai résolu un grand mystère personnel.
🐦”Quoi qu’il en soit, la conséquence de la sous-théorisation du travail domestique par Marx est que sa description de l’exploitation capitaliste et sa conception du communisme ignorent la principale activité sur cette planète, et un terrain majeur de divisions au sein de la classe ouvrière.”
(p.52)
Ouais, c’est pas d’bol.
🐓🐓🐓
Pas de bol non plus pour les personnes racisées et colonisées, hein ? Le point de vue universaliste est un point de vue blanc anthropocentré, qui l’aurait cru 🙄
Mais pourquoi ne pas avoir sauté sur l’occasion pour accuser le capitalisme ?
Parce que la Lutte des Classes va nous sauver et qu’ensuite par ricochet les problèmes considérés comme secondaires seront résolus. Ne pas penser le colonialisme quand on écrit Le Capital, c’est quand même assez tendu, quand même. Qui de plus exploité que les esclaves ? Alors moi je dirais “les animaux” mais c’est tout ce qui me vient, là.
Je te propose, si tu en as envie, de lire cet entretien avec Heide Gerstenberger qui explore un peu plus en profondeur certaines notions abordées plus haut. J’avoue l’avoir lu en diagonale parce que je suis fatiguée (je suis là depuis 4h, j’en suis à mon 4ème café et j’ai encore la crève, faut pas m’en demander trop non plus), mais j’ai trouvé ça intéressant.
🐰🐰🐰
On parlait de “faire le jeu du capitalisme”, et tu vas comprendre pourquoi.
Si tu tapes “Lois de protection” sur Google, tu vas tomber sur plein de choses. Ici on parle des lois de protections appliquées à l’industrie. Limitation du temps de travail des femmes et des enfants, inspections des sites, protection des travailleurs, etc. Le capitalisme, à l’origine de ces réformes, fait suite au constat (ou à la constatation krr krr krr) suivant : si on ne fait pas attention, les gens meurent au travail. Déjà ça le fait pas, mais SURTOUT ça implique moins de main d’œuvre vivante ou en bonne santé. Personne n’a voté de loi pour le bien-être, on a voté uniquement pour le profit. Les normes de sécurité sont plus là pour garantir la continuité de la production que pour protéger les salarié-es. Le travail domestique, lui, est vu comme source de “valeur” car pouvant être exploité : une femme à la maison, c’est une travailleuse en moins, mais un travailleur moins fatigué et pacifié. Il n’a pas à se préoccuper des milliards de trucs chiants genre recoudre un bouton ou faire un pot au feu.
👉 Aussi, ça implique un retour des femmes à la maison. Si les femmes sont en meilleure santé et travaillent moins, elles feront des enfants qui travailleront à l’usine. Relâcher un peu la bride permet aux gens d’être exploités plus longtemps tout en étant plus zen, absolument. Bah quoi, c’est pas une bonne nouvelle ?
Ici, Frederici retourne dans les années 70, lors de la relecture féministe politisée de Marx qui a mené à beaucoup de théorisation de l’oppression : on redécouvre la ménagère, celle qui bosse gratuitement et qui compte pour environ 50% de l’effectif mondial.
Et surtout, on a appris à revendiquer notre statut et notre travail invisible “qui va de soi” mais qui est pourtant créateur de valeur.
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🐦”Et notre lutte devait être menée d’abord contre les hommes de nos propres familles, puisqu’avec le salaire masculin, le mariage et l’idéologie de l’amour, le capitalisme avait donné aux hommes le pouvoir de disposer de notre travail non payé.”
(p.57)
En considérant l’Histoire et l’histoire de l’accumulation primitive, Silvia Frederici a pu découvrir l’influence des chasses aux sorcières, destinées à dévaloriser le travail féminin et à diviser la force de travail en deux camps. Ensuite, tu lis Caliban et la Sorcière, hein, je vais pas te résumer ce livre, surtout qu’un mec me l’a piqué. Salopard 😡
Ensuite, on s’est rendu compte que, malgré les pronostics, l’accumulation primitive ne s’est jamais arrêtée et que le capitalisme avait gagné (pour le moment ☠️). Marx pensait que la progression se ferait couche après couche et qu’on avait temporairement besoin du capitalisme pour faire tampon car les capitalistes forgeaient l’industrialisation.
😬 Si jamais Karl Marx vient te dire de jouer certains numéros au Loto, tu l’écoutes pas, d’accord ?
Autre point, porté par Maria Mies et Ariel Salleh :
🐦”L’effacement des activités reproductrices chez Marx n’était pas un élément accidentel, subordonné aux tâches qu’il assignait au Capital, mais un élément systémique.”
(p.59)
En effet, on a l’idée bien ancrée qu’il faut dominer la nature. La fixette sur l’industrialisation et la technologie salvatrice me font grincer des dents, en 2022, j’avoue, depuis le début du bouquin. Il faut dominer la nature et l’exploiter au mieux.
Qui personnifie la nature ? Les femmes.
Qui personnifie la technique et la productivité ? Les hommes.
🐦”[…]le travail est décrit comme le père, la nature comme la mère, la Terre aussi est féminine – Marx l’appelle Madame la Terre, face à Monsieur le Capital. Les écoféministes ont montré qu’il y avait un lien profond entre le rejet du travail ménager, la dévalorisation de la nature et l’idéalisation de ce qui est produit par l’industrie et la technologie humaines.”
(p.59)
🦔🦔🦔
…et on a fini ce chapitre. C’était super bien, j’ai trouvé. Bon, ma fiche de lecture est peut-être toute pourrie, je ne dis pas, mais la lecture était éclairante. Comment le patriarcat, perçu comme “naturel” peut entraver l’esprit d’une personne qui a pourtant fait des livres qui restent des références depuis 1867.
Je comprends mieux la fixation sur la Lutte des Classes de beaucoup de communistes, qui restent dans le mode de pensée que ça ira pour les autres, par ricochet. Sauf que les autres, bah ça commence à faire un moment que ça change pas trop, pour euxlles. Puis on y pense pas des masses non plus. Perso j’en ai marre d’attendre sur le bas côté de la route que ces messieurs se décident à arrêter d’être cons.
Sur ce, je vais me faire un 5ème café, nettoyer mon bras et me moucher 50 000 fois entre deux quintes de toux.
- “Limitation des pouvoirs d’un peuple souverain par une série de chartes et de traités. Mouvement social ouvrier en Angleterre entre 1838 et 1848” [↩]