Hier j’ai suivi les tribulations d’un post qui demandait si c’était normal de réserver les mariages (et autres événements, mais ça a été focus sur le mariage) aux adultes et d’explicitement interdire les enfants. J’ai réalisé que j’ai pas mal parlé parentalité ici, mais de l’adultisme une seule fois.

Réparons !

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L’adultisme, c’est nier ou entretenir les oppressions envers une catégorie de personnes en fonction de leur âge. Les enfants sont des sous-humains qu’il faut dresser et qui ont intérêt à bien fermer leur gueule, surtout dans l’avion, merci. Quand aux vieux, ils sont forcément chiants, non ?

Je te le dis tout de suite : oui, je suis biaisée, totalement. J’ai un enfant, j’ai des ami-es avec des enfants, j’aime bien les enfants en général. (Par contre, tu fais chier les chats, peu importe ton âge, tu te prend un scud adapté à ton âge. On chasse pas les chats, même si c’est eux les vrais propriétaires des lieux et qu’ils compliquent bien ma vie, ces petits boulets.)

Ce qui est plus ou moins amusant, c’est le « avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants ». Je vois les potes daronner comme jamais et tout le monde se rend compte que c’est pas si simple. Devenir parent, c’est quelque chose qui change tout. Je comprends à 100% les personnes childfree, parce que c’est un engagement à vie, non seulement avec l’enfant mais aussi l’autre parent, s’iel existe. Quand tu fais un enfant avec une personne, tu es liée à jamais et c’est très angoissant. Surtout quand tu vois les extrémités auxquelles parviennent certain-es ex toxiques, avoir un enfant, ça pose plein de nouvelles questions et de difficultés.

« Personne n’est obligé d’avoir un enfant, c’est un choix »

Je n’ai pas pu m’empêcher de ricaner en lisant ça. Alors en fait, non.

Des fois, comme dans mon cas, c’est voulu, attendu, planifié. Des fois, ça ne l’est pas. Accident contraceptif, déni de grossesse, coercition reproductive, pression sociale, tout ça n’est pas un choix mais un système mis en place pour produire du travailleur de qualité. C’est pour ça qu’on parle de « travail reproductif » sous le capitalisme : on produit des sujets qui produiront eux-mêmes pour le Bien Commun du Grand Capital Surtout. On en parle ici, voir la fiche de lecture de Silvia Frederici sur le patriarcat capitaliste.

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La reproduction est une aliénation, qu’on le veuille ou non. Tu as beau adorer ton enfant, tu es désormais dans une configuration qui t’impose mille petites concessions et frustrations, mille incompréhensions et doutes.

C’est vraiment pas simple, la parentalité, et c’est pas toujours un choix.

Maintenant, on va réfléchir : les parent-es subissent des pressions intenses tout au long de leur parentalité. La parentalité est un sujet.

Et les enfants ?

Pour les mômes, c’est pire, en fait. Parce que les enfants n’ont pas de pouvoir, ici bas. Si tu décides de ne pas le vacciner, par exemple, tu mets potentiellement sa vie en danger sans qu’iel puisse décider. Tu peux décider de l’habiller comme tu veux, avec des souliers vernis qui font mal et des collants blancs inconfortables, tu peux décider de son lieu de scolarisation si tu as de quoi lae coller dans le privé, tu peux aussi lae séquestrer à la maison, tant que tu fais bonne figure auprès de la CAF.

Lorsque tu as par exemple moins de 3 ans, c’est chaud de dire « il s’est passé ça chez la nounou, c’était grave, je crois ». Pas grand monde ne croit les adultes qui portent plainte pour des violences sexuelles, alors les gosses, laisse tomber. Facile de dire « Mais non, tu as rêvé » ou « Tout est normal » à un enfant. Moi, j’ai cru que tout ce que je subissait était normal jusqu’à ce que je réalise que non, à 12/13 ans. Et j’ai mis encore plus de temps à comprendre que non, c’était pas normal de vivre dans la terreur. Enfants et personnes âgées ou vulnérables à cause d’un handicap sont en bout de ligne. On aime pas les vieilles aux sacs dans le bus, les poussettes non plus. Les vieux sont chiants et racontent parfois n’importe quoi, comme les plus jeunes.

Les personnes âgées sont elles aussi victimes de l’adultisme, cf. les affreuses histoires de fin de vie en EHPAD ou les combines liées aux héritages. Les mamies ont toujours un bas de laine avec des pièces d’or chez elles, et elles aussi font partie d’un cœur de cible spécifique en terme de criminalité (ex. : Thierry Paulin, le tueur de vieilles dames, Christine Malèvre, infirmière tueuse, Yvan Keller, le cambrioleur, Claude Lastennet, etc.)

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L’espace public, mis à part les sorties d’école, les parcs et les lieux d’amusement spécifiques, est malaisé pour les enfants.
L’espace public trouve que les vieux qui prennent le bus le samedi font rien qu’à faire chier, faut adapter ses habitudes aux autres, mamie !

Les uns comme les autres dérangent par leur comportement : désinhibition, paroles libres et voix mal calibrée, agissements mettant à mal toute notion de logique, il faut donc soit les ranger soigneusement à la maison, soit les forcer à jouer un jeu social qu’iels ne comprennent pas ou plus.

Si je te dis « L’autre jour, y’avait une vieille à la caisse… » tu t’attends à un récit de méchante mamie. Si je te dis « Il y avait un enfant dans la salle d’attente », tu t’attends au gamin qui casse tout.

Et tout ceci est relativement bien accepté par la société. Les vannes sur les enfants et les personnes âgées ont toujours un certain succès, il est facile de se moquer de l’absence ou de la perte de capacités cognitives d’autrui. Si drôle, la démence sénile, Alzheimer, Parkison, les lésions cérébrales. Trop de lol en soins palliatifs. Qu’est-ce qu’on se marre (non).

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L’univers tout entier est calibré en fonction du potentiel de productivité des personnes : entre 20 et 60 ans, tu es sensé-e produire de la valeur, y passer l’essentiel de ta vie, le monde essaye de te « faciliter » la tâche. Quand tu ne produit pas d’autre valeur que des couches sales, jeune ou vieux, tu ne mérites pas toute cette compassion. Tu ne sers à rien, tu ne rapportes pas d’argent et en plus tu coûtes cher à la société. C’est également le cas avec les personnes non valides : leur productivité est grevée par leurs incapacités, alors on leur laisse parfois de quoi survivre, mais pas plus.

Les enfants ont le bénéfice du doute : si ça se trouve, iels deviendront PDG d’Air France, on sait pas encore. Les enfants neuroatypiques ou en situation de handicap, euxlles, l’ont dans l’os. L’eugénisme est encore à la mode, à en croire certain-es. Un enfant en situation de handicap c’est double peine. Personne ne les croit, personne ne les écoute ni ne les comprends, iels dérangent et perturbent la tranquillité des autres.

Notre modèle sociétal est fait pour ça : l’argent magique. Tu coûtes plus que tu ne rapportes ? Parasite !

Le libéralisme est individualiste. Ta valeur est indexée sur quelque chose et c’est TON problème. Chacun-e sa merde. Si je trouve déjà ça moche pour les 20-60 ans, que dire de ceuxlles qui sont aux deux extrémités de la vie ? On doit absolument conformer les jeunes et faire taire les vieux tout en faisant en sorte de limiter les dépenses.

La limitation de l’expression dans l’espace public n’est qu’une forme « visible » de ce mépris. Une personne en situation de handicap physique aura du mal à se déplacer dans un monde taillé pour les gens valides, les vieux prennent toutes les places prioritaires dans le bus et c’est injuste, les chiards sont sales et bruyants. J’ai déjà été engueulée parce que je prenais une place avec ma carte station debout pénible, j’ai vécu des mésaventures bien pétées, mais ça n’a rien à voir avec la lueur de dégoût lorsque j’entrais dans le bus avec une poussette. Je me suis déjà fait bousculer violemment alors que je portais l’Enfant en écharpe. J’ai protesté (tu touches pas mon gosse) et je me suis fait engueuler. On m’a déjà demandé de « tenir » mon fils, comme s’il était un chien mal dressé.

On réserve les enfants du Dehors aux parcs et jardins, à l’école ou au centre de loisirs. En dehors de ces espaces, iels ne sont pas les bienvenu-es. Un enfant, ça gigote, ça parle fort, ça braille et ça emmerde ostensiblement les autres. Si tu fais les courses avec ton enfant qui court partout, les gens te jugent, fort, même s’il ne fait que faire ce que font tous les mômes qui s’ennuient dans un supermarché.

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Alors tu imagines, lors des cérémonies de mariage ou les enterrements ? Un enfant, c’est jugé comme bruyant et sale, avec leurs mains pleines de doigts qui ont tripoté le gravier sur le parvis de la mairie au lieu de poser gentiment pour les photos. Un enfant, ça gâchera FORCÉMENT la fête.

Bizarrement, et j’ai une bonne expérience en terme de cérémonies solennelles, je n’ai pas encore vu le jour où un bébé ruine totalement le mariage. Tu sais ce qui se passe, lorsqu’un bébé pleure ? En général, tu t’isoles avec ellui (si c’est ton enfant ou si tu as l’autorisation d’un parent, sinon faut pas faire ça) et tu fais en sortes de ne justement pas gâcher le truc.

L’enfant braille toujours ? Il n’y peut rien. C’est un peu au parent de gérer, aussi. Forcer des enfants à assister à des cérémonies longues et chiantes, c’est pas forcément bien. Pour euxlles. Espèce d’égoïste.

J’ai assisté à une cérémonie des plus émouvantes, un mariage entre deux ami-es. Les deux mariés étaient childfree et n’avaient pas de gêne à dire qu’iels n’aimaient pas les enfants. Pourtant, dans la salle, il y avait des ami-es, avec enfants. Ce mariage était une immense preuve d’amour et l’un des deux n’allait pas finir ses vieux jours sur un transat aux Bahamas. Les deux auraient parfaitement pu dire « C’est un jour extrêmement important, une célébration de l’amour et de la vie pour lutter un peu contre la mort, n’emmenez pas les enfants ». Mais non. Il y avait plein d’enfants, et, stupeur, les parents ont réussi à les gérer. L’émotion était immense, intense, et les gosses, mêmes les plus petit-es, ont compris ça. Les grands ne parlent pas, une personne importante a un micro, tout le monde est ému, il se passe quelque chose qui fait que cette salle toute entière respecte le silence.

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Les enfants ne sont pas des machines à bruit vecteurs de miasmes. Ils ne sont pas QUE ça. Même très très petit-es, iels comprennent beaucoup plus de choses qu’on peut le penser. C’est juste qu’iels ne savent pas encore bien s’exprimer. Malheureusement, pour comprendre ça, il faut soit avoir un enfant, soit être un-e pro dans le domaine de l’éducation.

Un enfant a un répertoire de communication insolite mais immense. En trois « gnagna maman » tu sais qu’il a faim, froid, soif, envie de faire pipi ou besoin d’un câlin. Et, tant mieux, car leurs besoins sont, au moins dans les premières années, totalement dépendant de notre bon vouloir. Iels n’ont simplement pas encore acquis toutes les subtilités langagières nécessaires à l’expression de ce besoin, tout comme les personnes en fin de vie qui ne peuvent plus s’exprimer. On décide donc pour ces personnes vulnérables ce qu’on pense être le mieux. On interprète leurs demandes comme on le peut. Qu’on le veuille ou non, c’est l’adulte qui domine.

Et lorsqu’on se sait dominant-e, on doit évaluer cette domination et les oppressions qui en découlent. On a aucun souci à le faire lorsqu’on parle de féminisme : les dominant-es doivent accepter leur responsabilité et se remettre en question. Le travail sur la domination et les oppressions systémiques sont à la racine de la pensée féministe, antiraciste, anticapitaliste. On sait le faire pour un PDG, je suis désolée de t’annoncer ça comme ça, mais toi aussi, tu domines forcément quelqu’un-e. Pourquoi exclure les rapports de domination âgistes de la Cause ? Parce qu’on est TOUSTES âgistes, à différents degrés.

Navrée de péter le fun, mais si tu te dis militant-e, tu dois prendre en compte les personnes les plus vulnérables et les enfants en font partie. Tu es libre de ne pas en avoir, mais pas libre d’exercer une domination sur euxlles. Même en tant que parent.

🧉🧉🧉

Un enfant, c’est bruyant. Tu as toi aussi probablement été enfant. Deal with it.

Si personne n’avait pris soin de toi, au moins au niveau des basiques, tu ne serais pas là. Si personne ne t’avait appris à lire, tu ne me lirais pas. Quelqu’un-e a pris soin de toi ou essayé, et raté, oui, ça arrive. Mais si on t’avait posé tout-e nue sur une plage comme un bébé tortue, tu te serais fait rapidement bouffer. Oui, il y a des maltraitances, plein. Je parle bien ici des besoins physiques de base : manger, boire, chier. Au moins une personne t’a nourri-e et torché-e. Tu as toi aussi été dans cet état de dépendance extrême et tu as survécu jusqu’ici. Bravo.

Mieux, tu sais, en grandissant, en quoi les choses vécues pendant l’enfance peuvent impacter la vie durablement, y compris celles s’étant déroulée durant la période d’amnésie infantile. Tu sais que les maltraitances ou la négligence laissent des traces indélébiles. Tu as parfois été victime de violences, et je suis sûre à 100% que tu as été victime d’adultisme toi aussi.

Comment, donc, ne pas se retrouver face à une grosse dissonance lorsqu’on traite les enfants comme des boulets, des chiards, un handicap ? Si tout le monde ne finit pas les doigts de pied en éventail aux Bahamas, tout le monde a eu une enfance. Je ne dis pas que tes parents sont les personnes les plus cool de toute la terre, non. Mais tu es là, ici, maintenant. Ouais, moi aussi j’aurais aimé être ailleurs. J’ai pas eu le choix. Toi non plus.

Pourquoi se permettre de reproduire le schéma néolibéral qui ne prend en compte la valeur des personnes qu’en fonction de leur capacité de production de valeur, en fait ?

On cache des trucs vraiment pas ouf en terme de militantisme derrière les injonctions au silence. Si on lutte pour le droit à l’IVG, à la contraception, au respect des corps, comment se regarder en face lorsqu’on parle des marmots comme de petites sangsues inutiles ? C’est totalement reprendre le discours dominant que de juger des individus en fonction de leur adaptation au monde.

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On PEUT ne pas aimer les enfants, ne pas en vouloir, et j’encourage réellement les personnes childfree à tenir bon face aux injonctions.

On peut aussi, et c’est mon cas, décider que le parent finira ses jours en EHPAD. Mon père est mort, cette année, de Parkinson (et c’est une fin très très moche). J’ai culpabilisé, évidemment. Mais il a agi de manière vraiment toxique toute notre vie et je me suis dégagée de cette responsabilité. Il ne m’a pas élevée, ne s’est pas occupé de mon frère ou de moi et nous a trahis. Je ne vais pas faire la morale aux personnes qui ne veulent pas s’occuper de leurs parents, tu vois, je serais mal placée pour juger.

Tout le monde a une très bonne raison. Ce que j’ai envie de dire, c’est qu’il faut être lucide sur ses raisons et accepter que d’autres fassent des choix différents. J’ai choisi d’abandonner mon père, en toute conscience, après avoir pesé le pour et le contre pendant une bonne dizaine d’années. J’étais et je suis toujours en accord avec cette décision. Ma plus grande demi-sœur a veillé sur lui jusqu’à ce qu’elle s’endommage trop. C’est son choix. Jamais je ne l’ai jugée pour avoir aimé un père malaimant. Cette femme est une sainte, à mes yeux. Elle a fait preuve de tellement d’abnégation, pour ne recevoir que du mépris. Elle a choisi. Et choisi, elle aussi, de se libérer de l’obligation alimentaire. C’est dire l’ampleur du problème.

J’aimerais, simplement, qu’on reconnaisse que l’âgisme existe, que c’est un problème dont nous faisons toustes partie. Quel est notre rapport aux enfants, aux vieux ? Pourquoi ? Dans quel contexte la domination s’inscrit ? Comment ne pas profiter de la vulnérabilité, agir de manière juste et éclairée, dans le respect de ceuxlles qui ne savent pas ou plus s’exprimer ? Comment faire en sorte que les plus fragiles ne soient par systématiquement écrasé-es ?

Surtout, comment se permettre de dire autant de saletés sur des êtres humains qui n’ont rien demandé à personne ? Pourquoi tant de généralisation autour des enfants et des vieux alors que chacun-e a son caractère et une personnalité qui lui est propre ? Comment se proclamer militant-e en ignorant, au mieux, ces personnes jugées indésirables ? Faut-il cacher nos enfants comme on cache nos vieux et ne les sortir que de temps en temps, tout comme on le fait quand on a un pet au casque et qu’on se tait pour ne pas être jugée délirante.

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Ma première et unique grossesse m’a fait découvrir un truc : quand tu deviens parent-e, on te juge constamment, y compris dans ta communauté. J’ai perdu beaucoup de ma street cred féministe en ayant un enfant. Beaucoup ne comprenaient pas que je passe autant de temps et d’énergie à m’en occuper. La différence est nette, y compris dans nos cercles militants. Faire un enfant, c’est comme se marier : c’est trahir la Cause.

La preuve ? On laisse faire des blagues trop drôles sur les bébés au congélateur, on laisse les gens insulter nos gosses parce qu’iels sont des gosses. On laisse les généralisations se faire, on laisse passer des propos de type « et l’avortement post-partum » ou « et l’IVG à 9 mois hors contexte de danger médical ? » sans ciller.

Que dire, alors, aux personnes ayant vécu une situation de deuil périnatal ? Toujours lol ?

Si tu remplaces le terme « enfant » ou « vieux » par n’importe quelle catégorie de personnes reconnues comme étant opprimées, est-ce que le discours est toujours aussi sympa ? Tu laisserais passer, toi, des insultes à propos de personnes en situation de domination et de vulnérabilité ?

Je ne comprends pas comment on peut se permettre de dire autant d’horreurs sur des personnes tout en se gargarisant de féminisme d’élite. Sérieusement. L’égalité c’est pour tout le monde, les fragiles aussi. On est ici dans la lignée du féminisme libéral : chacune sa merde, les autres ont qu’à être moins chiants. Dire « avoir un enfant est un choix » c’est être pile dedans, c’est ignorer tout le contexte néolibéral capitaliste patriarcal dont TOUT LE MONDE SOUFFRE, merde. Se moquer ou rabaisser les mères de famille nombreuses, trouver que « tout le monde est TDAH car c’est à la mode », c’est problématique, non ? Pourquoi on accepte ça ?

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Validisme, classisme, âgisme font partie du spectre des oppressions encore trop rarement adressées, et je trouve ça incroyable.

Le féminisme bourgeois libfem, c’est de la merde. Je suis navrée, c’est un peu violent, mais la violence qu’on se prend dans les dents quand on est enfant, vieille, handicapée ou folle, elle est bien réelle et elle provient de tout le monde, y compris dans nos milieux militants. Il n’y a pas de cape d’invisibilité ou de joker « je suis féministe mais j’ai le luxe de pouvoir ne pas m’intéresser à ton cas » si on se réclame révolutionnaire.

Je pose aussi le validisme dans cette catégorie, car quoi de plus simple qu’exclure les personnes en situation de handicap de nos milieux sans avoir l’air d’y toucher ? On déplace le lieu de rencontres, on ne se soucie pas de l’accessibilité ou du tarif, on exclut de fait les personnes tout en se proclamant égalitariste, mais quelle hypocrisie. L’exclusion de facto, le degré zéro de la réflexion militante.

Les enfants sont un sujet qui concerne tout le monde. Comme les vieux. Même si t’as pas d’enfant, il est nécessaire de réfléchir à leur situation et aux moyens de la rendre moins traumatique. J’ai abandonné mon père, mais je suis concernée par la fin de vie des autres. J’ai envie que les vieux soient bien traités. J’ai aussi envie que les enfants soient bien traités. Ce n’est pas question d’en avoir ou pas, c’est une question de lecture du monde et de considération d’autrui comme être vivant dont l’existence a autant de valeur que la tienne.

Se permettre d’ignorer ou d’insulter les plus vulnérables, qui que tu sois, c’est crade. Franchement. Tu peux dire que les enfants et les vieux te font chier, je suis pas flic. J’ai juste envie de te demander si, quelque part, tu ne perpétues pas, toi aussi, une oppression, des fois.