Heure de réveil : 5h32 (chats)
TW : cyclisme, agressions sexuelles

J’ai tellement d’automatismes de merde que j’ai nourri les chats avant même de m’en rendre compte. Le monde est bien fait, quand même.

Et qu’est-ce qui s’offre à moi ? Ce délicieux commentaire sous l’article du Point qui parle d’un skieur finlandais dont le pénis à gelé durant une compétition :

« Et la peine hisse l’homme et la femme vers les sommets du plaisir de la gloire. »

🤷‍♀️

J’en connais un qui se surestime un tout petit peu…🙄

Nan on va pas parler de pénis, tkt, je voulais montrer ce commentaire plein de…mots…au monde. Enfin à toi. C’est pareil.
Bonus : c’est la deuxième fois que ce skieur a le problème, va ptet falloir réfléchir à un costume plus chaud que le truc en spandex livré en bundle avec des stéroïdes.

Je pense spandex, je pense dopage, je pense cyclisme et je me demande quels sont les accidents bêtes des cyclistes. Pour des raisons toutes personnelles (un de mes agresseurs était et est probablement toujours cycliste-à-spandex), je n’aime pas trop trop les cyclistes. Ce billet risque de me faire du bien, moralement, je suis navrée si tu vélotes, c’est pas contre toi.

Alooooooooooooors…

🌕🌕🌕

☄En 2018, un cycliste (Rickaert) percute sa propre voiture. J’ai mis du temps avant de ne pas comprendre, puis j’ai percuté moi aussi la voiture de la réalité : il ne s’est pas auto-percuté en trichant, il était en vélo et a percuté une voiture qui s’avérait être celle de son équipe, écurie, bref, une vraie voiture mais lui était à vélo.

🪐J’ai un incident étrange qui date de janvier 2022 : un cycliste colombien (Egan Bernal) a percuté un bus durant l’entraînement au contre-la-montre.
[insérer ici gif de la meuf paumée devant des chiffres]
Ce type s’est fracturé la rotule, deux vertèbres, onze côtes en plus de deux poumons perforés. 62km/h dans un bus à l’arrêt, visiblement ça donne ça 😱

Il explique :

🐦 « Quand je fais 270 kilomètres de Zipaquira à Tunja aller-retour, des millions de choses peuvent arriver, il faut en être conscient. Des risques pourraient être évités, mais je ne peux pas m’arrêter de m’entraîner sur route ouverte, sinon je ne gagnerai plus jamais le Tour de France. » (L’Équipe)

Ok donc c’est normal de croiser d’autres véhicules sur la route, tout s’explique. Et je sais maintenant qu’un Colombien a gagné le Tour de France en 2019 à l’âge de 22 ans.

🌟 J’ai aussi Amy Pieters, une Néerlandaise de 30 ans qui est tombée sur la route et qui, malgré le casque, a subi des lésions cérébrales graves et est toujours dans le coma ce jour à 6h33.

🍅🍅🍅

Merde, c’est super dangereux, le vélo, en fait ! Alors pourquoi mon agresseur est toujours là, hein ? C’est nul !

Attends si ça se trouve il est mort, on sait pas. Je vais pas le Goo…rhaaaaaaaaaaa
Non il est pas encore mort. Par contre j’ai maté, la fiche IMDB est celle de son homonyme en réalité, mais il continue toujours ses activités artistiques, y compris avec des enfants, yeah !

Moi, ma vie a été un tout petit peu détruite, j’ai pas de fiche Wikipedia ni de Nobel de Littérature, j’ai galéré des années et des années pour ne toujours pas être stable, j’ai ramé, crié, pleuré, et lui il a toujours le même boulot, il a même été promu, il a toujours les mêmes activités, cause moi encore de « ruiner la vie » des honnêtes citoyens qui font face à des élucubrations adolescentes.

🤢 Nan mais t’en as qui ont des récompenses filmesques après avoir violé des gamines, reparle-moi voir de « ruiner des vies ».

En gros, ma vie à moi est moins importante. La vie d’une gosse est moins importante que celle d’un agresseur multi-récidiviste, c’est ça que j’en retiens, et ça m’a toujours tordu le bide.

Je ne crois à aucune rédemption concernant ces gens-là (les personnes narcissiques et antisociales). J’aime bien les gens, dans l’ensemble, faut pas croire, je suis pas très sociable mais j’attrape les produits en haut des étagères pour les mamies au supermarché et tout. Juste, eux, eux et les mecs cis toxiques, en fait, pour faire simple, je ne les crois pas tout court.

La pratique m’a munie d’un filtre à bullshit : passé un certain stade, mon cerveau les laisse monologuer pour aller gambader ailleurs. Et rien de ce qu’ils me disent n’est cru sur parole. Rien.

🍥🍥🍥

Ce que ça m’a appris, c’est que ma vie n’avait pas de valeur et pouvait être sacrifiée à n’importe quel homme car leur vie est plus importante que la mienne.

Amusément, chacun de mes agresseurs vit une vie paisible. Mariage, enfants, comme si de rien n’était. Je me demande avec quelle victime ils ont fait leurs gosses, je me demande s’ils sont en couple, s’ils n’ont été des raclures qu’avec moi, je me demande quelle est leur vie, là, maintenant.

☎ De temps en temps, je recherche un nom et un prénom, avec internet c’est beaucoup plus simple de trouver des informations, oui. Eux m’ont peut-être recherchée un jour ?

Tellement de questions, si peu de réponses.

« Tu regrettes ce que tu as fait ? Est-ce que tu te rends compte de la gravité de ce que tu m’as fait subir ? Pourquoi tu ne m’as jamais demandé pardon ? Pourquoi ta vie est équilibrée et pas la mienne ? »

Je suis juste le dégât collatéral à l’ascension sociale de ces personnes. Rien ne les freine, pas même le fait d’être hors la loi. Ils s’en sortiront toujours.

Les dégâts occasionnés sont majeurs, pourtant. Comme une gamine de 10 ans qui percute un bus, j’ai eu des séquelles. C’est moi qui ait été huée, c’est moi qu’on a insulté, c’est moi qu’on a pas crue. Le bus, ça va, tsé, il a perdu une petite loupiote à l’arrière, peut-être, mais il roule toujours. Moi aussi, je roule toujours.

🔮🔮🔮

Constater qu’eux n’ont pas subi de préjudice, ça me tue un peu dedans moi.

Bon, après, moi, j’ai une conscience, c’est pas mal non plus. Mais ça ne me soulage par parce que je sais qu’aucun d’entre eux ne se sent coupable envers qui que ce soit d’autre qu’eux-mêmes.

Ils vivent leur vie, ils vont au boulot, ils se marient, ils font des enfants. Je le sais, parce que comme je disais, je fais des recherches de temps en temps. Je me demande ce qu’ils deviennent, je pense toujours à eux, forcément.

👉 Eux ne pensent pas à moi, bien sûr.
Je fais partie du passé, comme il n’y a pas de souffrance de leur côté, ça a été archivé depuis bien longtemps.

Et moi, je m’accroche. Je m’accroche à ce lambeau d’histoire commune. On dirait qu’il est plus simple d’enterrer le passé quand on est le bourreau. Comme un clin d’œil magique, en une seconde tu as disparu de leur vie.

Je pense aussi à ceux que j’ai blessés. Quasiment tous les jours, j’y pense et je m’en veux. J’ai une conscience, moi. Mais elle n’existe que pour ces moments de solitude et de souffrance. Le poids de mes fautes est une fraction du leur, mais ma conscience me travaille.

Mais eux ne pensent pas à moi et ça me tue.

🍎🍎🍎

En gros, lors de la première agression, j’ai tout perdu. Je ne le savais évidemment pas, mais j’ai tout perdu cette nuit-là. Après la première agression, j’étais finie. J’avais pas fumé une cigarette de ma vie, je ne buvais pas, je ne faisais de mal à personne, mais on a décidé de me terminer ☠️

Comme toi lorsque tu cueilles une fleur 🥀

Tu t’es déjà dit qu’une plante avait pris racine, poussé, pendant des mois et des mois, pour te donner des fleurs que tu vas couper avant de les laisser mourir dans un vase ?
On arrive, on prend. On ne demande pas oui ou merde, on arrive, sécateur en main, et on cueille le jour comme disait l’autre.

🌻 J’ai le même sentiment. On m’a cueillie. En un geste, on m’a tuée, et c’est normal. Personne ne s’en préoccupe. On trouve mille manière d’expliquer le comportement de celui qui viole mais toi, on te juge pour toute la vie.

Si tu montres des signes de détresse psychologique, attention, ça peut jouer contre toi (« hystérique »), si tu es trop dépersonnalisée pour pleurer, tu es cataloguée menteuse. Si tu es usagère de substances, tu mens. Une « junkie » ne peut pas témoigner.
Même si lesdites substances t’aident à pas te foutre en l’air, on te juge.

Si tu es en plus atteinte de troubles psychiques ou de neuroatypie, c’est le bonus : tu es folle, tu ne sais pas ce que tu dis. Tu peux avoir un Syndrome de Stress Post Traumatique causé par les actes de ton agresseur et t’entendre dire que « tu prends tout trop à cœur » et que ton état joue en ta défaveur car tu es folle et puis de toutes façons personne ne te croit 🖕

🍘🍘🍘

« Moi, de mon temps, on en faisait pas tout un plat »
Le temps béni de la culture du viol.

👉 J’ai lu chez Despentes que le viol était pas forcément évitable. Je confirme, haha. Non, c’est pas drôle. Mais il faudrait qu’on se blinde, qu’on se défende. Qu’on pense résilience et tout ça.

Alors oui. On va pas se mentir, statistiquement, tu as été, tu es ou tu seras victime. Et c’est à toi de te dévictimiser. Je sais que c’est un BON conseil, sur le fond, c’est un conseil réaliste et désabusé qui fait mal à entendre, mais c’est un bon conseil.

Mais merde, on en est là.
Puis de toutes façons, qu’est-ce qui soigne des personnes qui n’ont aucun intérêt à lâcher la coercition sexuelle comme outil de domination ? Rien. Rien ne les soigne, rien ne les incite à la réflexion, eux font et feront toujours partie de la société, semant des victimes sur le bord de la route, percutant des cyclistes en les klaxonnant, outrés.

On chasse les victimes de l’espace public. Elles ont parfois, souvent, peur de rentrer chez elles tard. Elles prennent les précautions que toutes les meufs connaissent, elle apprennent à se défendre, mais ceux en face ne changent jamais.

Toute tentative d’évolution masculine est muselée par les « copains ».
Si un homme prend le parti des victimes, il est suspect. Soit il est de leur côté, et donc un ennemi, soit il veut baiser et il est aussi un ennemi. Face ou face.

🎯🎯🎯

On perd tout le temps, à ce jeu de merde qui n’est un jeu que pour eux. L’impunité qu’on leur confère renforce leur sentiment de toute-puissance. J’imagine que ça doit être grisant, je comprends qu’on ne veuille pas lâcher son doudou.

Sauf que le reste de la société avance sans eux. Et, contrairement à ce que dit ce type dans ce commentaire qui me fait hurler de rire à chaque fois, non, les mecs cis blancs hétéro ne représentent pas 97% de la population 🤣

🎲 ON EST PLUS NOMBREUXSES qu’eux et eux se pensent tellement la norme qu’un monde constitué à 97% d’hommes ne les choque pas.

Malheureusement (pour eux), on grandit et on sait avancer, NOUS. On déconstruit les vieux schémas, on trouve de nouvelles modalités de communication, on progresse dans notre compréhension individuelle et collective du monde qui nous entoure.

☀ Je le vois, ce monde qui change. Il change pas qu’en mal, non.
Je vois des jeunes de 14 ans qui en savent plus que leurs daronnes en terme de féminisme et de déconstruction, tout comme j’en sais plus que ma daronne à moi sur le sujet, tout comme elle en savait plus que sa daronne à elle sur le sujet.

Y’a qu’eux qui changent pas, parce que leur modèle semble fonctionner.

Et on sait ce que ça donne, les impasses évolutives. Ça donne le Kakapo, ce gros perroquet vert qui ne sait pas voler et qui chuchote dans un trou pour appeler sa compagne qui ne vient que si elle n’a pas assez mangé l’année précédente.

L’espèce va s’éteindre, à un moment. Et nous, on sera là, toutes celles qu’on a cueillies, qu’on a brisé, à qui on a refusé la clémence qu’on accorde à leurs agresseurs, on sera là et, sans pitié, on ricanera comme des hyènes.