Heures de réveil : 3h33, 4h01, 5h58 (moi puis chats, azy que je ronronne dans ton cou maintenant que je sais que tu es réveillée, azy que je te bave dessus…)

Attention, la phrase qui va suivre risque de déclencher l’apocalypse :

C’EST LA RENTRÉE !!!

😱

J’aime mon enfant, tout ça, mais merde, quel soulagement, cette idée. Je sais que ça risque de fermer à nouveau, oui, mais je vais pouvoir vraiment faire des trucs sans craindre la petite voix qui dit « maman ! maman ! » juste quand je viens de me poser et d’entamer une activité minutieuse.

Ma solidarité envers les instits en pâtit mais j’en peux plus, là.
Il a été «  » »compliqué » » » les deux dernières semaines et c’est l’enfer depuis lundi dernier. Sa maîtresse va dire « Oui il a des soucis blablabla » je m’en fiche, pour ce coup-là. Juste une journée.

Je veux juste DORMIR.

Donc je m’excuse sincèrement auprès des profs pour qui ça va être galère. Je suis soulagée qu’il retourne à l’école, oui. Pardon 🥺

Bref. Aujourd’hui on va parler de ceux qui prennent toute la place en faisant du manspreading intersidéral. La transition de la violence, tsé.

👽👽👽

En fait, hier, je me baladais dans les internettes sans aucune intention de nuire, en toute paisibilité, les mains dans les poches et BIM !

A random comment appears !
• Y uses « pas tous les hommes »
• Y uses « Essentialisme ! »
>> It’s not very effective.

Je pense que tu as déjà vu tourner l’image (je la pose en com, fais moi signe si j’oublie, merci 🙂 ) mais ça concerne une statue extrêmement bien réalisée avec un effet de drapé somptueux.

Twittos #1
« Ceci s’appelle de l’art. C’est l’héritage et le patrimoine de l’Occident. C’est pour ça que les occidentaux (hommes) se sont battus, sacrifiés et sont morts.
C’est la victoire. »

Twittos #2
« Y-a-t-il un exemple de femme sculpteur (sic) qui puisse transmettre le même niveau de détails que l’homme qui sculpte une femme ? »

Twittos #1
« Pas à ma connaissance.
Cette sculpture est la représentation d’une dévotion pure et divine et ça se voit. »

Twittos #3
« La sculptrice est une femme chinoise. Bande de trous du cul. »
Et de poster, en effet, l’image de la femme (L’artiste s’appelle Luo Li Rong) en question poser à côté de son œuvre.

👾👾👾

Genre là, fallait se taire.
On a ici un joyeux mélange entre « prendre tout l’espace » « parler de ce qu’on ne connaît pas en étant sûr de soi » et « profiter de chaque occasion pour descendre les femmes ».

Pis crois pas que ça leur ait servi de leçon. Enfin, ça a visiblement servi de leçon à Twitter qui a fini par suspendre les deux comptes en question (#1 et #2)

Mais là typiquement c’est le genre de moment de solitude où ils se raccrochent à ce qu’ils peuvent. Je ne sais pas si tu as remarqué ça. Ce n’est pas uniquement masculin, mais ça l’est la plupart du temps. On se plante. Au lieu d’admettre le truc, on commence à empiler des bouts d’arguments en les tordant suffisamment pour que ça semble plausible et ne pas perdre la face. A ses yeux. Oui, le reste du monde ils s’en foutent, tant qu’ils sont beaux à l’intérieur ♥
(Pas de blague gore, allez, tu peux ne pas le faire, tu le peux)

Genre de réponses envisageables :

🥀 Appel à l’humour, infaillible depuis 1327
« Mais c’était pour rire haha »

🥀 Présomption d’imbécilité chez son interlocutrice
« Mais non, tu n’as pas compris ce que je voulais dire, laisse-moi t’expliquer à nouveau »

🥀 Déni total + effet Dunning-Kruger
(Je sais que cet effet est controversé, oui)
« Oh arrête avec tes simagrées, mon exemple tel que perçu par moi reste plus valable que 40 ans de gender studies et de sociologie confondus »

🥀 Agression et vexation
« Qu’est-ce que tu y connais, toi, à la sculpture, de toutes façons ?
« T’es obligée de m’afficher comme ça ? C’est blessant ! »

🥀 Mauvaise foi et violence
« Mais non je parlais d’un autre sculpteur, tu fais chier à la fin, à rien comprendre, suis un peu ! Tu vois ? Maintenant t’as l’air bête. »

Ma préférée des enfers c’est la présomption d’imbécilité. Parce que ça donne des conversations qui bouclent sur 50 000 commentaires pour peu qu’il trouve une ou deux personnes pour lui répondre.

« Tu n’as pas compris
– Si, si, j’ai parfaitement compris, je ne suis pas d’accord.
– Si tu avais VRAIMENT compris tu serais d’accord.
– Pas forcément.
– Tu verrais l’évidence si tu m’écoutais un peu, pour changer »

Ça leur est tellement difficile de se mettre à la place de l’autre que, forcément, si on ne pense pas comme eux, on a un problème. Impossible d’admettre qu’on puisse juste ne pas être d’accord. Cet effet est purement fascinant, je te jure. Pour être honnête, ce comportement est essentiellement masculin mais aussi utilisé par des féministes, on en parle plus bas.

Tu vois un type les yeux bandés te demander d’ouvrir les yeux. Parce que TOI, tu ne fais pas preuve d’ouverture d’esprit. Lui, si. Lui il comprend tout avec son gros cerveau.

A aucun, AUCUN moment le mec lambda se rend compte que les gens autour de lui, en particulier les femmes, peuvent oser ne pas penser comme lui. Ce comportement de « penser de travers » des autres le rend aussi perplexe que moi devant ses réactions, je présume. Il ne tolère pas non plus qu’on persiste. Bah non. Parce que lui a pensé pour deux, il a fait le job, merde.

🐿🐿🐿

Parfois, ils ne sont pas bêtes. Ils se rendent compte que leur raisonnement est bancal, alors avant de retourner bosser un argumentaire impeccable, ils font glisser la discussion.

« Pourquoi généraliser les hommes d’abord ? Je connais une femme qui… »
« ET LES FEMMES EN AFGHANISTAN HEIN ? »
« Tiens, regarde, une méduse arc-en-ciel volante ! Tu ne l’as pas vue ? T’as pas assez bien regardé ! »
« On ne peut plus rien dire de toutes façons ! »

…et la non-surprenante et plus fréquente réponse :
[insérer ici remarques sexistes violentes et insultes en se montrant le plus menaçant possible pour fermer la conv, j’ai pas envie de faire un exemple pour le coup, merci, t’as qu’à imaginer mieux que la méduse de tout à l’heure et ça fera le boulot]

Oui parce qu’avant, quand ils avaient encore plus de ce précieux pouvoir, ils avaient juste à nous en mettre une pour finir cette conversation et, généralement, toutes les suivantes. Ou alors on joue à celui qui parle le plus fort en faisant de grands gestes.

C’est une technique qui fonctionne super bien avec moi lorsqu’elle survient dans la vraie vie du monde véritable. Je passe en mode sidération quasi directement. Je me fais toute petite, et j’ai peur pour mon intégrité physique. Ouais, j’ai bien été dressée, t’as vu ?
Parfois en réunion quand ça s’engueule je fais « happy place happy place la la la j’ai envie de pleurer la la la happy place happy place ».

Ah bah l’agression ou la menace d’agression, en général, on connaît.
PARCE QU’ON A DEJA DONNÉ 😡


🐱🐱🐱

Et là il s’est passé un truc au cours de la « discussion ». Tu as remarqué ?
Plus personne n’échange.
On est occupées à lui répondre, parfois à plusieurs, totalement dans le vide. Le « laisse moi t’expliquer » peut aussi venir de militantes bien intentionnées, le souci c’est que ça part loiiiiiiin en vaiiiiiiiin c’est utile mais uniquement pour les personnes qui lisent les échanges car on a souvent des pépites argumentatives (ou l’inverse) dans les discussions.
BTW la différence est qu’on connaît au moins aussi bien les théories masculinistes que les théories féministes, qu’on lit et qu’on se cultive. On ne se permet pas de ramener notre science sur des sujets qu’on ne maîtrise pas.

Quand on, femmes, dit « Laissez nous parler » on dit pas « fermez la pour toujours » (même si…ce serait séduisant, non ?), on dit « Laissez nous vous exposer le problème tel qu’on le voit et ressent, à commencer par…

– OUI MAIS NON MAIS MOI ALORS ?

Tout tourne de nouveau autour de leur bite (Je parle de mecs cis ici, je ne l’avais pas précisé mais j’en profite pour le faire.), ils sont contents, ils ont pris toute la place même sans trop parler, et on suit, moi compris.

Parfois, tu as de super échanges hyper intéressants, souvent courtois, et là, BIM, Jean-Nuisible arrive et défonce tout. Et on coupe la conversation pour le prendre en charge.

Et voilà.

Si tu te demandes pourquoi on fait des espaces non-mixtes, c’est exactement pour éviter ça.

On avait parlé du temps de parole et de la représentativité des femmes (Commando Culotte).
Pour la plupart des hommes, on a atteint la parité en politique avec 20% de représentation féminine. Woot woot !

On a environ 3 garçons représentés pour 1 fille dans les films familiaux.
Si les spectateurs voient 17% de filles, ils ont l’impression d’en voir 50%, et la fée de l’édit de 2022 vient te poser l’article qui parle de l’étude affirmant ce chiffre que j’ai ultra galéré à retrouver.

Je m’embête, je m’embête, mais on peut aussi aller directement regarder le temps de parole tel que donné par data.gouv ?
https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/temps-de-parole-des-hommes-et-des-femmes-a-la-television-et-a-la-radio/
https://www.data.gouv.fr/fr/reuses/visualisation-temps-de-parole-hommes-femmes-dans-les-medias/

LES FEMMES ONT MOINS LA PERMISSION DE PARLER

☠️☠️☠️

On a pas encore parlé des comportements « physiques », on a éraflé le truc avec mes histoires de réunions.

Les mecs parlent EN CAPSLOCK PUTAIN
Vous parlez trop fort pour moi en tout cas. C’est bon, on vous entend, parce qu’on écoute, NOUS haha.

Ils se permettent de t’interrompre, plusieurs fois, insistant bien si tu ne redonnes pas la parole immédiatement. Comme un gosse qui s’accroche à toi pour te demander son goûter alors que tu es sur un truc hyper méticuleux. Tu dis « deux minutes, laisse moi finir », et il recommence à te tanner toutes les 12 secondes pour que, de guerre lasse, tu ailles lui chercher ses foutus compotes et gatobato.
Sauf que mon fils est encore un enfant.
Ce type de comportement est un peu moins compréhensible venant d’un quinqua motivé par le programme EELV.

On dirait qu’il y a une étape du développement qui n’a pas été réalisée.
Genre qu’on nous dise depuis qu’on sait parler qu’on parle trop.
« Qu’elle est pipelette ! »
Qu’on nous demande d’écouter, de nous taire, d’être jolies, gentilles, patientes et tolérantes depuis toutes petites. Les petites filles ne se comportent pas « comme ça ». Normal, elles ne sont pas libres de le faire.

Je pense que cette histoire de laisser de la place remonte à tôt dans l’éducation, je m’en rends compte dans une moindre mesure quand je vais récupérer l’Enfant. Les petits assignés-garçons sortent de l’école comme des balles, sautent partout, se font des foots sur le trottoir, piaillent, hurlent, bougent partout.
Les petites assignées-filles, elles, n’émettent que quelques sons. A 3, 4, 5 ans, elles savent. On leur fait porter des vêtements contraignants, inconfortables, qu’elles ne doivent surtout pas salir.

Et si toi tu n’éduques pas ton enfant comme ça, l’école s’en chargera, t’inquiète. On doit souvent lutter contre les attitudes de bully que le petit nous ramène de l’école. Des fois il a des attitudes ultra choquantes, totalement acquises avec les copains.
Les filles sont déjà entre elles à la maternelle. Il y en a des plus téméraires, j’en faisais partie, mais j’ai rejoint les pas-téméraires en primaire après deux trois agressions bien violentes, comme pour me rappeler quelle était ma place.

J’ai commencé par répliquer, tu commences à me connaître, et qu’est-ce qu’il s’est passé ?
« Une fille ne doit pas se battre !!! »
Et j’ai été punie.

Non, je déconne, on punit pas les petites filles, c’est leur permettre une violence qui leur est interdite.

Une petite fille, ça ressemble à ça, une petite fille, c’est joli et gracieux. Tu vois une tache de boue sur sa robe ? Hein ? Ben voilà, elle a pas de tache de boue parce qu’elle a pas le droit parce qu’elle a une si jolie robe ce serait dommage de te salir ma chérie.

💔💔💔

Donc ouais. Fermez là de temps en temps. Ou réfléchissez avant, je sais pas. Les types se croient en plus hyper originaux avec leurs arguments à base de « not all men » et « nous aussi on souffre », je te jure des fois j’ai l’impression de relire 50 fois la même conversation. J’en arrive à confondre mes interlocuteurs. J’oublie leurs prénoms, leur photo de profil, ils se ressemblent tellement…je suis incapable de dire quel est mon dernier ban. Etait il agressif ? Violent ? Juste condescendant et méprisant ? 🤷‍♀️

Parce que là vous envahissez nos espaces mixtes et vous voulez nous interdire la non-mixité. Pour quoi faire au juste ? Pour savoir ce qu’on dit de vous ? Le sujet « les hommes » n’est même pas forcément le sujet le plus abordé lors de ces réunions, souvent on n’y parle même pas de vous.

Alors je me dis, c’est pas grave, on va les faire accéder au savoir, s’ils y tiennent tant, mais non, ça va pas non plus.

Faut juste qu’on ferme nos gueules. C’est tout.

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On est bien d’accord que ça n’arrivera pas, et ça les ennuie beaucoup, tous ces types dont l’assurance repose sur des milliers d’années de domination patriarcale.

Donc on se retrouve avec des mecs qui veulent PAS la fermer pour nous laisser parler et qui en plus hurlent à la mort quand on leur fait remarquer. Mais eux nous réduisent au silence comme si ça n’avait aucun rapport.

« Je ne comprends pas les femmes…
– Je veux l’égali…
– Si fortes, si douces…
– Et qu’on arrête de nous tuer parc….
– Si belles, si gracieuses…
– Ah, et si vous pouviez ne pas nous violer aussi ce serait c…
– Ah là là si seulement ces êtres mystérieux trouvaient une voie pour échanger avec nous, mais nous venons de deux planètes différentes, c’est tellement triste…
– Nan mais genre tu m’écouterais on…
– MAIS TU VAS TE TAIRE OUI je parle, moi ! »

Les femmes sont des créatures si majestueuses
« Les femmes sont si difficile à comprendre
– Oui alors en fait on veut juste…
– Des créatures si complexes
– Si juste t’écout…
– Si mystérieuses »

👻👻👻

Pire, leur parole a intrinsèquement plus de valeur que la nôtre. Il y a maintenant pas mal d’exemples de tests réalisés en ce sens.

La geek de l’IT avec son collègue masculin qui switchent leurs noms pour voir les réponses des clients…et qui se rendent compte qu’il y a une réelle et tangible différence.
La femme qui prend un nom d’homme comme nom de plume.

Clique pour l’histoire au complet, c’est un peu long et c’est en anglais, mais ça vaut le coup.

Quand on pratique un art, c’est un hobby. Pas une passion, pas une profession. Un hobby. T’es docteure en Physique ? Un hobby. Cheffe d’orchestre ? Un bug dans la matrice.

Notre parole est systématiquement dévaluée avant même d’être perçue et comprise. Le vecteur de cette parole étant une femme, le jugement est déjà fait plus ou moins consciemment.

C’est ça qu’on aborde ici : il est nécessaire, oui, que les hommes se taisent et écoutent. On ne leur demande que ce petit effort de rien du tout, mais c’est sans doute déjà trop.

Ils ne nous prennent pas au sérieux, ne nous écoutent pas, nous renvoient dans nos cuisines, plaisantent sur nos physiques, font tout pour ne pas avoir à écouter ce qui est :
Vous nous muselez, vous nous étouffez, laissez-nous respirer, on a le droit de vivre, que ce soit dans les transports en commun ou dans nos discussions, au travail, à la maison ou dans la rue. Laissez-nous exister et penser par nous-mêmes, laissez-nous nous autodéterminer.
Taisez-vous, écoutez.

Personne ne va en décéder subitement. On a la politesse de ne pas vous interrompre, ayez la même vis à vis de nous. Merde à la fin.