Savais-tu qu’un artiste de Rhode Island nommé Michael Townsend, avait vécu 4 ans avec sa communauté de hippies improductifs dans un centre commercial ?
😯
Michael passait tous les jours devant le futur centre commercial lors de sa construction. Un jour, il remarque une sorte d’anomalie architecturale et va explorer un peu…pour découvrir, un long couloir, une longue échelle, totalement à l’abandon. Il y trouve des restes de matériau de construction, plein de poussière, et rentre faire les trucs que les gens ont parfois à faire de leurs vies genre manger, dormir, tout ça.
🧱 Quelques années plus tard, des promoteurs se disent que son vieux quartier ferait un super autre projet immobilier fastueux. Tu sais comment ça se passe : on déloge les gens, les gens sont pas contents, les gens protestent, on les envoie se faire foutre et on construit un parking sur la maison qu’il partageait avec son collectif d’artistes.
La colère est souvent productive et là ils (oui je présume que c’est que des mecs, je n’ai vu qu’une seule femme dans l’affaire, mais on va y venir.) ils se disent merde, ils détruisent notre maison, on va les parasiter. Et là, moi, je dis oui ! Oui ! Quelle bonne idée !
Alors, pendant plusieurs semaines, cette bande de petits rebelles vide l’espace secret découvert par Michael des déchets de chantier et se rend compte qu’ils ont 70m² à leur disposition.
Donc pendant plusieurs autres semaines, ils emménagent, le plus discrètement possible. Ils ont réussi à faire entrer un canapé 3 places et un vaisselier antique dans leur nouvelle maison, ce qui, vu l’échelle, aurait mérité un prix.
Ils installent également un mur et une fausse porte style « local technique » et vont passer à tour de rôle QUATRE ANS à l’intérieur, en plein cœur du centre commercial 🪜
Pas d’eau courante ? Les sanitaires du cinéma feront l’affaire…
Tout aurait pu s’arrêter sur cette note rigolote, mais un jour, ils reviennent et un ignoble individu a volé leur PS3 et leur album photo, ainsi que des documents personnels. Drame. Mystère. Ça sent le sapin.
🌲 Personne ne viendra jamais raccorder l’eau car tout s’effondrera A CAUSE D’UNE FEMME 😱
Non, je déconne, en vrai le mec (le même mec qui a dit « la première règle de cet appartement magique est qu’il n’y a pas d’appartement magique » 🍄) a voulu se la péter et montrer son super appart à une artiste venue visiter Rhodes Island. Et il commet l’erreur de l’emmener en plein jour alors que la règle était d’y accéder de nuit uniquement. Et de ne pas parler de l’appartement magique, aussi.
Et toc toc qui est là, c’est maman, non monsieur c’est pas maman, ah bon zut j’ouvre cette porte alors dites donc mais que se passe-t-il je suis surprise et consternation, comment ça, mais je paye mes impôts locaux comme tout le monde monsieur, etc. etc. 🥺
🚓 En réalité, ce sont des agents de sécurité du centre commercial qui avaient spotté la place et tiré la PS3, avant d’attendre que l’un des squatteurs commette l’erreur de revenir en plein jour.
L’histoire dit, et je ne sais pas si c’est vrai ou pas parce que j’y étais pas, que ce sont deux nouveaux agents de sécurité pas au courant de l’arrangement qui ont « découvert » l’endroit. Les autres auraient été au courant et auraient même aidé à l’installation contre une salle de pause discrète. Ça expliquerait le problème de « comment transporter discrètement un canapé aux abords d’un centre commercial ».
Michael Townsend a fait marrer le juge ou l’a attendri, je ne sais pas, mais il est sorti totalement libre du tribunal. Avec son collectif, ils ont mis en place plusieurs installations dans des « zones cachées » de la ville de Rhodes Island. L’un des lieux n’a jamais été découvert, un autre est accessible uniquement via les égouts, ils ont transformé leurs expériences en quelque chose d’unique et ça fait plaisir de lire ça 🦄
🐙🐙🐙
Dans les commentaires de la vidéo qui m’a mis sur cette piste, j’ai été assez…pas surprise, mais ça m’a soulevé un coin de la bouche. C’est long mais ça vaut le coup.
🐦 « Ayant été agent de sécurité pendant plus de 20 ans, je peux vous dire que les appartements secrets sont assez courants, et que nous sommes bien plus susceptibles de les utiliser que de les signaler. »
🐦 « J’étais responsable de la sécurité dans un grand centre commercial à Sydney. Il y avait un certain nombre de grands espaces, pourtant commercialement inutilisables, sur le site. Certains espaces n’étaient accessibles que par les zones publiques du parking à plusieurs niveaux. Ces espaces étaient occupés par des sans-abri, surtout en hiver et par temps pluvieux. Je me faisais toujours un devoir de vérifier leur bien-être, de leur demander comment ils allaient et, selon l’heure du jour ou de la nuit, de leur offrir un café ou un repas chaud et de m’asseoir avec eux pour discuter. Ces personnes ne causaient JAMAIS de problèmes et repartaient au bout de quelques jours, et elles nettoyaient après leur passage, contrairement à certains de nos autres clients………………….. »
🐦 « En tant qu’ancien agent de sécurité, il est plausible que les gardes aient conclu un accord avec eux. Vous seriez surpris de l’efficacité d’une communication respectueuse. Le rôle d’un agent de sécurité est d’empêcher les circonstances indésirables et d’avoir un groupe qui respecte votre autorité et la propriété que vous protégez et qui ne menace pas vos responsabilités, et de fournir un endroit pour profiter de votre heure de pause déjeuner avec une station de jeux, un canapé et d’autres choses que leur pause déjeuner n’a pas… eh bien oui. Nous parlons d’un groupe qui ne provoque aucune scène d’aucune sorte ici. Dois-je continuer ? »
🐦 « Une fois, j’ai dormi dans l’arrière-boutique du Walmart où j’ai travaillé pendant un peu plus de deux ans. J’ai dormi sur l’étagère du haut du rayon sport. J’entourais mon sac de couchage de gros appareils d’exercice qui n’étaient pratiquement jamais vendus. J’avais une rallonge électrique pour ma lampe jusqu’à mon petit cagibi. J’avais un abonnement au YMCA local pour me doucher. Malgré les caméras qui surveillaient cette zone, je n’ai jamais été pris et j’ai économisé assez d’argent pour déménager dans mon propre appartement. »
🐦 « J’ai travaillé comme ingénieur en bâtiment dans une tour d’habitation pendant de nombreuses années. Les plans d’origine prévoyaient deux chaufferies, mais le bâtiment tel que construit n’en avait qu’une. Il y avait un énorme espace inutilisé sur la propriété, rempli de monticules de terre. Moi-même et deux de mes collègues avons creusé la majeure partie du terrain. Nous avons monté un plancher et un sous-plancher en contreplaqué dans une section. Nous avons installé l’électricité et la plomberie. Nous avons fermé l’espace en aménageant une petite pièce et en montant des murs. Nous avons installé un évier et une plaque de cuisson électrique. Nous avons installé deux canapés, une télévision et un micro-ondes. Nous en avons tous profité comme salle de repos pendant de nombreuses années. Nous y avons également tous vécu pendant plusieurs mois. Il y avait une salle de bain au bout du couloir, à l’étage inférieur du bâtiment, où l’on pouvait utiliser les toilettes et prendre une douche. Elle est toujours là à ce jour. »
🐦🐦🐦
Je sais pas si tu trouves ça wholesome (réconfortant) mais j’adore ce genre d’histoires et les commentaires m’ont fait chaud au cœur.
Des dizaines de personnes témoignent de la même chose : de tels espaces secrets existent, souvent avec l’aval des agents de sécurité, si ce n’était pas déjà leur propre lieu de détente. Ils se sont arrangés en dehors de toute règlementation en partageant un espace confidentiel qui profite à chaque partie. Ce n’est qu’avec l’arrivée des nouveaux que le rêve de cette planque d’artistes a pris fin.
🦩 Dans une moindre mesure, je pense aux « senior » de ma future-ex entreprise. Elles avaient tous les bons plans, les astuces pour frauder et se débattaient corps et âme si on cherchait à leur retirer quoi que ce soit. Je les admirais pas mal, j’avoue. Elles ont aussi été broyées, une à une, mais je trouvais dans leurs faux air revêches un vrai désir de liberté et de transgression.
Tandis que les nouvelles arrivaient et se mettaient des bâtons dans les roues pour bien se faire voir, dénonçant sur ordre, qui était en retard, qui fraudait, attention tu n’auras pas de CDI si tu ne dis pas tout, les anciennes se marraient car elles n’en avaient rien à battre de toutes ces conneries. Je me souviens des rires gras en parlant du patron, des trucs pas corrects à dire mais qu’on disait quand même.
C’était chouette, vraiment. La plupart est sans doute à la retraite, maintenant, et a été remplacée par de la jeune précaire dont insécurité permanente garantit une servilité totale ☠️
🌿🌿🌿
🚬 Si tu as été au collège ou au lycée, tu as sans doute eu toi aussi un ou plusieurs lieux de planque. Des espaces hors du temps, hors du cadre, dans lesquels tu te sentais juste libre dans ta transgression (oui, va pas me dire que tu y allais pour ne pas fumer, je ne te croirai pas).
Ces interstices entre la réalité et le vide me fascinent. Le concept de lieu hors du monde, caché, un lieu où personne ne vient te chercher (c’était trop loin pour ma CPE et je pense qu’on nous laissait volontairement faire notre vie), un endroit où il n’y a que ce dont tu décides, un espace…
De liberté ❤️
J’aime beaucoup que cet espace-là, celui dont on parle plus haut, soit caché au cœur d’un centre commercial. La symbolique est éblouissante. Partager le même lieu que des milliers de consommateurices, être dans une démarche fondamentalement anti-consumériste avec l’aval de la sécurité, vivre en clandestinité parmi les humain-es qui jouent le jeu de la société, se mêler à la foule au besoin avant de pouvoir repartir dans l’ombre…car on a cette possibilité qui est celle de l’ombre.
L’ombre ne consomme pas, l’ombre ne vit pas mais bouge, pourtant. Personne ne peut la déloger pour de bon car elle existe grâce au soleil. Au soleil GRATUIT. On peut tout te prendre mais ton ombre, hors de toi, te reste fidèle.
Ces contes modernes me redonnent foi dans quelque chose. Je suis athée donc on va dire que c’est chouette de lire ça, de lire cette révolte dissimulée dans un local perdu dans un centre commercial.
Tant qu’ils n’étaient pas découverts, ils n’existaient pas. Personne ne les cherchait, et je trouve ça merveilleux.
S’extirper de la surveillance de masse pour, simplement, mener une vie un peu pétée mais une vie de liberté, au moins un peu. Plus de like, plus de streaming ou de flot d’actu en continu, jouer à la PS3 entre potes et juste faire ça.
Exister ❤️