Heure de réveil : 3h32
Le réveil dans de la pisse de chats c’est moche. J’ai l’habitude mais c’est moche. Ok, ça pue, surtout. En terme de révolution non-violente, Kevan (le pissounours en question) il se pose là, je parie qu’il ferait péter un câble à n’importe quel GI Joe. En l’occurrence, l’ennemie, là, elle lui file sa pâtée et elle est bien sympa, ingrat. Hier soir en allant me coucher à 18h53 je me suis dit «Han super demain je vais trop parler de ça» et j’ai bien sûr totalement oublié de quoi je voulais parler.
Comme. Chaque. Matin.
Et c’est ce qui est amusant avec cet exercice d’écriture : j’ai beau être matinale, à 3h32, j’ai (du) mal. C’était une référence de vieux, Djeyson.
Donc là je suis bien attrapée, tu vois, parce que je me dis, je regarde l’actu histoire de, et BIM, Donald Trump. C’est violent, et je suis un peu cruche d’aller sur Google Actualités en ce moment…
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J’ai «rien» contre les Étazunis mais je sais depuis un moment que c’est un pays que je ne visiterai pas. Depuis que j’ai appris pour le Maccarthysme (persécution des communistes aux USA) je sais pas, je suis moyen chaude d’y aller. En plus ils ont des armes partout, c’est ultra flippant. Avant de rédiger un commentaire acerbe, je te rappelle que je grossis le trait volontairement, y’a plein de coins sûrement super sympa et des gens adorables. Mais je les connais pas.
J’ai découvert les redneck grâce aux memes et aux sites d’humour à la ICanHasCheeseburger (j’ai dit, je suis vieille) et franchement au début je n’y ai pas cru. Un site m’a notamment marquée, «There, I fixed it !»1, qui présente les réparations improbables avec des matériaux improbables réalisés par des personnes improbables. Genre des ailerons de bagnoles en contreplaqué, des soudures au duct tape, des installations que tu t’électrocutes juste en les regardant. Je me suis demandé si on était dans un pays du tiers monde.
En me politisant, évidemment, ça m’a beaucoup moins fait rire. A l’époque, je me demandais comment un des pays les plus puissants du monde pouvait connaître une telle misère.
Après quelques années j’ai eu ma réponse : en n’ayant aucun minima social et aucune solidarité étatique, couplé avec un individualisme forcené. Je pense que les US sont une vision de notre avenir. Un pays où le capitalisme s’est tellement emballé qu’on croise des aberrations incroyables entre les productions culturelles formidablement écrasantes et factures d’hosto à 20 000$ pour un ongle cassé.
C’est vraiment un pays que je ne comprends pas. Je sais comment il fonctionne, mais je ne comprends pas ce qu’on peut trouver de libérateur à avoir la possibilité d’un jour à l’autre de tout perdre pour une rage de dents.
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Meritocratie.
Le principe est simple : tu bosses bien, on te récompense, tu branles rien on te laisse sur le carreau. C’est sans doute plus compliqué mais ce résumé est pas trop mal.
Dans la pureté des limbes de la neutralité du raisonnement, c’est une croyance envisageable. Mais ça te pète au nez dès que tu arrives dans la vraie vie.
(Ah oui zut je voulais parler de la pseudo-neutralité des scientistes ce matin, je m’en souviens, maintenant !)
En fait ça marcherait si le monde était juste. Si chaque personne naissait avec les mêmes chances. Et tu le vois, le problème, je pense. Si oui, bravo, tu es plus intelligent que pas mal de monde.
La croyance en un monde juste c’est de penser qu’on est toustes égales et égaux. Ce qui est OBVIOUSLY une grosse connerie. Je vais donner un exemple à l’arrache : tu naît dans la famille Rockfeller et tu es un homme, blanc, t’auras pas les mêmes chances dans la vie que si tu étais née noire et pauvre à Detroit ou à Flint (tu sais, l’endroit où l’eau est empoisonnée au plomb depuis 2014). Tu naîs avec un bras en moins, ou sourd t’as moins de chances de réussir facilement.
Partant de là je ne sais pas par quelle gymnastique de mauvaise foi intellectuelle tu arrives à placer «égalité des chances» dans ton équation. Mais je suis pas douée en maths, c’est sûrement ça.
Les «self-made» men ont quand même bien souvent une famille qui a les moyens de leur payer des études et de leur donner un petit million histoire de bien démarrer dans la vie. Si ils se plantent, le filet de sécurité fait le job.
C’est drôlement plus facile d’oser entreprendre quand tu ne risques rien. Quand il faut allonger 5000$ pour un brevet, c’est plus simple de déjà avoir les 5000$.
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Certains ont vraiment fait toute l’échelle sociale à force travail, intelligence et…chance (Je déteste cette image car tu ne peut avoir qu’une seule personne par barreau, ce qui signifie que les places sont limitées, ce qui signifie que t’as plein de gens coincés en bas de ton échelle et que tu dois en faire tomber encore pour monter.)(Oui, je suis de gauche, au fait).
Pour X pauvres qui réussissent, combien d’idées novatrices volées, d’embûches administratives, de faillites, d’accidents de la vie ? Combien d’histoires de personnes qui perdent tout du jour au lendemain ?
Est-ce qu’on est prêt-e-s à sacrifier 100, 1000 personnes pour la réussite d’une seule ? Comment ça, c’est ce qui se passe ? Comment peut-on dire «dans ce pays on peut réussir à partir de rien» alors qu’on réussit en grimpant sur les autres ? Et surtout, comment est-ce possible que ce mythe du «quand on veut on peut» tienne encore le coup alors qu’il est si manifestement aberrant ?
A mon avis on se raccroche à l’exemple. L’exemple de la meuf qui a eu une idée de génie qu’elle a développée dans son garage et qui finit millionnaire. Tu peux avoir 50 personnes qui ratent, tu ne retiens qu’elle.
Et c’est normal, on ne retient que l’exceptionnel. Admettons, tu vas au travail tous les matins (Je sais on est confinées, mais rappelle-toi 2019). Un matin, c’est la grève, c’est la merde intégrale alors que d’hab c’est juste pénible. Un autre jour, tu croises une amie devant le RER et tu arrives en retard au boulot parce que vous avez discuté. Et quelques semaines, mois après, tu ne te souviendras plus de tous les jours sans problème à la RATP mais tu te souviendras uniquement de ces deux événements. Pas de toutes les fois où tu n’as eu strictement aucun problème à aller bosser. C’est totalement normal, ton cerveau trie les informations. Mais, fatalement, ça biaise ton point de vue.
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La croyance en un monde juste c’est le summum du cherry picking. T’as UN jour cette nana qui a développé une machine anti-pisse de chat dans son garage, elle est devenue multi-millionnaire parce que perso, tu me proposes une machine comme ça je te vends un rein direct, et paf, c’est la règle. Si ELLE peut le faire, TOUT LE MONDE peut le faire.
Sauf que non.
Si elle était née handicapée, par exemple. Ses frais de santé l’auraient tellement plombée qu’elle n’aurait pas pu acheter les matériaux pour cette machine ou n’aurait pas pu suivre des études longues ou n’aurait juste pas le temps d’inventer la machine parce qu’elle cumule 3 boulots.
Si elle était née en Syrie, elle aurait pas eu de garage, d’ailleurs.
Si elle était une femme, personne ne l’aurait prise au sérieux, ou elle se serait fait piquer son idée. Si c’était une femme racisée, laisse tomber.
Ou elle n’a jamais pu déposer l’idée en question, faute de fonds. Elle n’a pas pu aller plus loin que son prototype et maintenant cette veinarde vit dans la seule maison miaou-proof du monde !
En fait si on a pas de machine-anti-pipi-de-chat c’est totalement à cause de ce système de merde. 🤔
Donc non, la méritocratie c’est une légende qui sert à nous faire croire qu’à force de travail (comprendre : tu t’es bien conformée au système et tu as fait tout comme on te demandait) on peut, nous aussi, gagner notre place au soleil. Ce qui est donc totalement faux, mais j’ai encore deux trois places sur le soleil pour des grands patrons, enfin, je dis ça…
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Alors on y croit, on se débat, on tente de gravir ces foutus échelons inexistants. Le Loto, les émissions de téléréalité, les jeux télé, les success stories vendues au rayon SF chez Auchan, les romans inspirants, les livre de développement personnel et la plupart des offres de coaching (j’ai dit la plupart) ont pour principal but de maintenir cette croyance qu’en agissant comme une battante tu iras loin. Tu joues au Loto parce qu’un type a gagné un jour, alors pourquoi pas toi ? Parce que les statistiques, Ronald, les statistiques.
Je ne dis pas que c’est perdu d’avance, heureusement que non. Je me bats moi aussi chaque jour, en fait. J’ai pas d’envie de villa à piscine, de jet privé ou toutes ces conneries, j’ai une Nintendo Switch qui suffit à mon bonh…ah oui j’ai un mari adorable et un enfant charmant, ohlàlà qu’ils sont mignons tout plein quand ils dorment encore comme des souches tandis que j’erre dans la nuit. Et j’ai Marvin le poulpe sur mon île.
C’est pas que j’ai pas d’ambition.
Mais mon ambition, là, c’est d’écrire pour te distraire un peu du matin, de te faire marrer, de te faire réfléchir et débattre si tu en as envie.
J’ai pas besoin de plus.
Une Swit….famille, des amies que j’aime et l’écriture suffisent à mon bonheur ♥
Demain, je te parlerai sans doute pas de la neutralité de parade chez les scientistes parce que j’aurai de nouveau oublié.