Tu vois, des fois, la vie est trop facile, pour moi, donc je me dis tiens, et si je parlais d’un truc encore une fois bien bien casse-gueule ?
HERE WE ARE ! 🥳
Ce matin, je vais tenter d’expliquer, avec 2h de sommeil dans les pattes, ce qu’est le féminisme radical dans son historique, ce qu’il a apporté au mouvement féministe, notamment celui de la deuxième vague, et pourquoi assimiler RadFem et TERF est un raccourci beaucoup trop simple.
Pour les personnes qui ne connaissent pas l’acronyme TERF, il vaut pour « Trans Exclusionary Radical Feminist », une espèce d’excroissance putride qui aime ruiner la joie dans le cœur des gens et ouvrir tes cadeaux de Noël avant toi. A mon sens, inclure les personnes hors du spectre normatif et essentialisant du genre est un peu la base de la base du féminisme et du militantisme tout court. Mon avis est et sera biaisé et c’est absolument hors de question que je fasse l’avocate du diable. Ces personnes sont dangereuses pour la vie des autres et on rigole pas avec les potes.
Aussi, je suis une femme cis blanche, donc je vais prendre un maximum de précautions dans mes formulations. Il est envisageable que je me plante sur des éléments, que je sois trop vague ou trop précise, je ne sais pas encore comment tout ça va s’équilibrer. Dans tous les cas, si une personne concernée me dit que ça ne lui va pas, je reverrai ma copie, comme je le fais habituellement. Chaque commentaire est pris en compte, tu le sais bien si tu connais la maison. Je ne détiens aucune autre vérité que l’accablante réalité de ma finitude et de mon imperfection dans une dystopie qui finira par avoir ma peau.
Dernier point : les posts en CAPSLOCK essayant de m’expliquer la vie à base de métaphores bouchères (une spécialité TERF) seront conservés pour faire partie de la galerie des horreurs des commentaires. Après avoir saisi les propos, les posts seront conservés par mes soins et potentiellement repris. Nous sommes dans un espace public, cette page et ce site le sont, vos propos sont donc émis publiquement. Je supprimerai les données en cas de demande de la personne concernée et les propos seront toujours anonymisés si réutilisés.
J’aime pas les TERF, je suis désolée, dans aucune vie je suis ok avec ça.
Générique !
👏👏👏
On va commencer gentiment avec Wikipédia et la définition « officielle » des internets quand tu lui demandes « c’est quoi le féminisme radical ? »
« Le féminisme radical est un courant du féminisme qui considère que l’oppression spécifique des femmes au bénéfice des hommes résulte, avant toute autre cause, du patriarcat. Les féministes radicales se donnent pour objectif d’abolir cet ordre social ; elles dénoncent notamment l’essentialisation du rôle social des femmes.
Le féminisme radical apparaît à la fin des années 1960 aux États-Unis, en Angleterre, au Canada et en France, dans le cadre de la deuxième vague féministe. Le terme remonte au moins à 1969 avec d’une part la naissance du Front de libération des femmes du Québec, d’autre part le texte fondateur de Ti-Grace Atkinson, « Radical Feminism ». Le féminisme radical se distingue du féminisme libéral (en) qui revendique seulement l’égalité juridique entre hommes et femmes, mais aussi du féminisme socialiste qui considère que l’oppression des femmes est principalement liée à la société de classes et disparaîtra avec elle. »
(Wikipédia)
Est-ce que tu penses que le patriarcat c’est tout pourri ? Moi aussi ! High five ! Est-ce que cela fait de toi une TERF ? Absolument pas.
(NB : je n’ai pas suffisamment recherché les dates et périodes exactes concernant la deuxième vague, qui varie en fonction des sources. Généralement, on parle des années 60/70 voire 80)
J’ai découvert le féminisme radical lorsque j’ai lu « Le Deuxième Sexe » de Beauvoir. Notez que Simone de B. utilise le terme de deuxième, et non second. C’est une subtilité importante : lorsque le décompte s’arrête à 2, on dit « second » (comme on fait pour la seconde guerre mondiale), quand on se laisse une possibilité d’en rajouter, on parle de « deuxième ». Il est impossible, strictement impossible, que de Beauvoir ne le sache pas. Je ne peux pas présumer de ses intentions, mais ça reste un truc que je garde au cas où.
Je pense ici à l’essai « Les Cinq Sexes » de Anne Fausto-Sterling, un ouvrage qui aborde la question de l’intersexualité et des transidentités. C’est un livre assez court, sujet à controverses sur le « chiffrage » statistique qui est fait, mais qui fait partie pour moi des indispensables pour comprendre pourquoi le monde n’est pas, et n’a jamais été, purement binaire.
Oui, parce que si tu demandes à une TERF ce qu’elle pense de la chirurgie de réattribution sexuelle sur des enfants nés intersexués (souvent peu après la naissance ou avant la puberté), elle plante, il faut retirer la batterie, appuyer sur le bouton Power 10 secondes et remettre la batterie avant de les redémarrer. On parle pourtant de mutilations génitales sans consentement et attribution d’un sexe par une équipe médicale. Les personnes intersexe EXISTENT. Je mentionne ce fait car on en parle pas si souvent et que c’est un gros angle mort de nos luttes.
Du coup, elles n’en parlent pas ET JE ME DEMANDE BIEN POURQUOI DIS DONC 🙄
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Le présupposé est en général commun à toutes les sous-branches du féminisme : le patriarcat est responsable des violences et des inégalités subies par les femmes, la féminité est une construction sociale, « On ne naît pas femme, on le devient ».
On peut reprocher à Simone de Beauvoir (l’autrice de cette citation légendaire), à juste titre, de ne pas parler de transidentités (d’où la binarité de la phrase juste au dessus), ce à quoi j’ai envie de répondre qu’à l’époque, ces notions étaient encore très peu évoquées. Et c’est une bonne chose car ça veut dire qu’entre 1949 et 2023, on a évolué et appris des choses. Demander à de Beauvoir de parler de transidentité n’est pas illégitime (même si elle ne va pas revenir d’outre tombe pour faire un troisième tome du Deuxième Sexe), mais 1949, une femme cis blanche bourgeoise, aussi progressiste soit-elle, n’a pas forcément évolué dans les milieux discrets dans lequel les personnes qu’on tuait en raison de cette transidentité se cachaient. Je pense qu’elle savait parfaitement que cela existait, mais elle n’a pas su développer sa pensée là dessus. Le texte est précurseur : 1949 pour une deuxième vague débutant dans les années 60.
C’est dommage, mais c’est aussi notre job, nous, troisième et quatrième vague, de rectifier le tir en prenant justement en compte ces questions complexes.
Selon moi, et c’est tout personnel, les TERF se sont servi de la rhétorique de base pour la dévoyer et servir leurs arguments. Le GROS souci de cohérence, c’est que le féminisme radical est, par définition (construction sociale, toussa) non-essentialiste. C’est à dire qu’on n’obtient pas de pack de base homme/femme à la naissance mais que l’éducation et la société façonnent nos comportements. La pensée TERF est fondamentalement essentialiste. Comment expliquer, sinon, cette obsession morbide pour les organes génitaux de tout un chacun ?
Les femmes ne sont pas par essence enjaillées de ouf à l’idée d’avoir moults bébés. Elles ne sont ni moins violentes ni plus maternantes, ni infirmières innées ni hystériques de nature. On devient femme en subissant ces recadrages tout au long de notre vie. Le rappel de la fameuse « horloge biologique » lorsqu’on dépasse les 25 ans, les injonctions esthétiques, comportementales, tout ceci construit une personne. On ne naît pas femme, mais on peut le devenir et en faire ce qu’on veut.
A peu près ce qu’on veut.
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Car je ne suis pas abolitionniste du travail du sexe et de la pornographie. C’est le point qui me bloque le plus, notamment dans les écrits d’Andrea Dworkins, qui a pourtant écrit dans « Les femmes de droite » (excellent bouquin) que :
« La liberté d’une femme passe d’abord et nécessairement par la maîtrise absolue de son corps dans le sexe et dans la procréation »
Oui, les choses ne sont pas si simples. On oublie très régulièrement que ce sont des féministes radicales qui ont porté certains concepts à la lumière, qui ont su décrire beaucoup de situations tout à fait correctement.
En revanche, elle dit aussi (même livre) :
« Il existe deux modèles qui décrivent essentiellement la façon dont les femmes sont socialement contrôlées et sexuellement utilisées : le modèle du bordel et celui de la ferme.
Le modèle du bordel est lié à la prostitution, au sens strict, des femmes rassemblées aux fins d’être utilisées pour le sexe par des hommes, des femmes dont la fonction est explicitement non reproductive, presque anti-reproductive ; des animaux sexuels en rut ou qui feignent de l’être, s’affichant pour le sexe, qui se pavanent et posent pour le sexe.
Le modèle de la ferme est lié à la maternité, aux femmes en tant que classe ensemencées par le mâle et moissonnées ; des femmes utilisées pour les fruits qu’elles portent, comme des arbres ; des femmes allant de la vache primée à la chienne pelée, de la jument pur-sang à la triste bête de somme. »
Et ça, c’est pas ok. C’est très réducteur vis à vis des travailleurses du sexe (TDS), cette analogie est certes frappante, mais assez cringe lorsque tu réalises qu’on compare des femmes à des animaux. Le discours m’apparaît ici comme abolitionniste et réducteur. Le bouquin reste un immanquable selon moi.
« Les relations sexuelles entre un homme et une femme ne sont politiquement acceptables que lorsque le pénis de l’homme est mou »
Là, on attaque une autre partie du discours avec lequel j’accroche moins, car je ne suis pas lesbienne. Je trouve que cette vision est assez triste et pessimiste, mais il est envisageable que je continue de vouloir vivre dans le déni au moins encore un peu. Possible.
Toutes ces citations, pourquoi ?
Pour te dire que le féminisme radical, c’est tout ça, et plus encore. On a d’un côté le combat pour la liberté des corps et des âmes, notamment avec la défense de l’IVG, et de l’autre des trucs qui ont pris un sacré coup de vieux.
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Il y a aussi une grande diversité de sous-courants qui ne sont pas forcément tous raccords :
Le terme « féminisme radical » regroupe des militantes ayant des positions variées, voire antagonistes. Ainsi, Monique Wittig, proche du féminisme matérialiste et ex-membre des Gouines rouges, ou Valerie Solanas, autrice de SCUM Manifesto, sont des représentantes du féminisme lesbien, qui vont jusqu’à prôner le séparatisme des sexes ; Shulamith Firestone prône l’usage de la technologie moderne (fécondation in vitro, contraception, avortement, etc.) pour libérer la femme des contraintes liées à la maternité ; Catharine MacKinnon et Andrea Dworkin se sont attaquées à la pornographie, qu’elles accusent d’être une « chosification » de la femme et qu’elles ont voulu interdire, suscitant ainsi des débats avec Judith Butler, représentante du mouvement queer et autrice de Trouble dans le genre.
(Wikipédia)
En revanche, je ne sais pas si tu as relevé, mais on ne parle pas de transidentités. Je n’ai pas lu la biographie exhaustive de la deuxième vague, je ne pense pas le faire, c’est juste le point commun entre tous les textes que j’ai pu interroger de mon regard perçant. On n’interroge pas réellement le fait de sortir des stéréotypes genrés et beaucoup de conceptions sont datées. Mais j’attends encore de lire une autrice de cette période une référence directe à ce sujet. Ce que j’ai, c’est surtout l’absence de ce sujet. Encore une fois : on est en 2023, on en parle mieux, maintenant, et c’est tant mieux.
Judith Butler (mentionnée plus haut, philosophe du genre et figure de la culture trans) ne fera son apparition, avec « Troubles dans le genre », qu’en 1990. La deuxième vague, c’est plutôt les années 60/80. C’est important de situer les propos, de les contextualiser sans forcément plaquer nos concepts contemporains dessus.
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Le mouvement féministe s’inscrit dans le temps : suffragettes, première vague, deuxième vague, troisième vague, on part du XVIIIème siècle en citant, par exemple, les travaux d’Olympe de Gouges circa 1791 (« Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne »). On peut remonter plus avant et, pourquoi pas, parler de proto-féminisme médiéval. Vas-tu trouver une artisane de 1315 problématique car elle ne pense pas à tous les cas de figure et à tous les enjeux du féminisme ?
En gros : on se trompe, on avance, on se trompe, on apprend. Demander à Olympes de Gouges de ne pas être une féministe blanche à particule en 1791, c’est tendu. Cela ne veut pas dire qu’on pardonne tout, non. Il est nécessaire de remettre les choses à jour. Mais une bourgeoise durant la Révolution Française, ça réfléchit pas vraiment aux questions de genre et de transidentités, même si les personnes trans existaient déjà, oui oui. Je suis sans doute trop indulgente, mais lorsque je lis des travaux de féministes non-contemporaines, j’essaye de ne pas oublier la date de parution. Publier ce texte dans une France révolutionnaire, c’était risqué. On ne l’a pas guillotinée pour rien, quoi…donc c’est compliqué pour moi d’en demander plus et encore, même si elle est problématique, oui.
On a parcouru un long chemin jusqu’ici. Le féminisme s’est construit, a évolué, s’est scindé en plusieurs courants et a ajouté des questions de race (intersectionnalité), de classe, de validisme, d’adultisme, de psychophobie, etc. dans la réflexion. Je considère les textes fondateurs comme importants, forcément, car ils ont construit cette vision qui évolue. Mais ce ne sont pas des Bibles. Ce sont des extraits d’un autre temps, même récents. L’histoire va vite, parfois.
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Une précision sans doute utile pour pondérer un peu tout ça : la définition du genre a évolué. Il y a souvent une incompréhension sur ce terme, ce qui fait qu’on parle avec les mêmes mots pour définir des concepts différents.
« Qu’est-ce que le genre ?
A. « Ancien » concept du genre [avant Butler, en gros]
Il s’agit d’un système de relations sociales/de pouvoir structuré par une division binaire entre « les hommes » et « les femmes ». Le partage en catégories se fait habituellement sur la base du sexe biologique. Mais le genre tel que nous le connaissons est une réalité sociale plutôt que biologique (par exemple, la masculinité et la féminité ont des définitions différentes à différents lieux et à différentes époques).B. « Nouveau » concept du genre [après Butler et l’apparition du féminisme queer]
Il s’agit d’un aspect de l’identité personnelle/sociale, habituellement attribué à la naissance sur la base du sexe biologique (mais cette correspondance « naturelle » est une illusion – de même que l’idée qu’il doit exister deux genres puisqu’il y a deux sexes). »Pourquoi ce système constitue-t-il une oppression ?
A. « Ancien » concept du genre
Parce qu’il est fondé sur la subordination d’un genre (les femmes) par l’autre (les hommes).B. « Nouveau » concept du genre
Parce que c’est un système binaire rigide. Il oblige chaque personne à s’identifier soit comme un homme, soit comme une femme (c’est-à-dire pas ni l’une ni l’autre, pas les deux à la fois, pas quelque part entre les deux, et pas de façon complètement autre) et punit quiconque ne se conforme pas à cette règle. (Cela opprime les hommes et les femmes, et surtout les personnes qui ne s’identifient pas complètement au modèle prescrit pour leur genre.)
(Cairn, « Convergences et divergences entre le féminisme radical et la théorie queer » par Debbie Cameron, Joan Scanlon, Traduction de l’anglais Annick Boisset et Martin Dufresne)
Cela ne signifie pas pour autant que les radicales sont binaires non plus. Ouais, j’ai prévenu, c’est tortueux.
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De mon côté, je suis plutôt anarcha-féministe et féministe matérialiste car je pense que l’oppression n’est pas si simple que « monsieur tape madame » et que j’ai une pensée chaotique bien à moi (Ah, au fait, je t’ai dit que je montais une secte ? L’Église Virtuelle du Flemmaga Cosmique, qu’on va l’appeler.)
Mais au cœur du féminisme de la deuxième vague, certains textes plus anciens, ont contribué de façon majeure à mon apprentissage. Je n’oublie pas non plus l’histoire du droit à l’IVG et du Planning Familial, qui ont été porté par ces personnes. Simone Veil était une femme de droite, mais elle a porté le fameux texte de loi de dépénalisation de l’avortement. J’ai énormément de mal à cracher dans la soupe de celles qui ont permis l’amorçage du droit à disposer de son corps. Elles ont écrit, réfléchi, se sont parfois perdues, mais ces réflexions font qui je suis et m’ont apporté la possibilité de disposer de mon corps aujourd’hui.
Rejeter en bloc tout un pan de la réflexion féministe car des meufs se sont réapproprié le terme en en faisant n’importe quoi ne me semble pas très constructif. C’est le mouvement TERF qu’il faut cibler, pas l’ensemble des RadFem. Je connais et je suis même amie (!!!) avec des féministes radicales absolument non transphobes, et même moins transphobes que certaines féministes de « mon » camp. #notallradfem. J’ai aussi des amies abolitionnistes. Je ne leur en veux pas, car je sais qu’elles ont souvent été confrontées au pire du pire. Je ne vais pas reprocher à une travailleuse sociale d’être contre la traite des êtres humains. J’aimerais que la réflexion soit un peu élargie, certes, mais je comprends ce point de vue, même si je ne le partage qu’en partie (l’exploitation des personnes, ça reste crade et ça existe, mais une personne a tout à fait le droit d’exercer le travail qu’elle souhaite exercer. On dispose de nos corps et l’abolitionnisme pur et dur met en danger les TDS, consentantes ou non.)
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J’ai parlé du droit à l’IVG, mais ce courant du féminisme a également réfléchi aux liens de soumission matrimoniale, au viol, à la domination systémique, à la misogynie ordinaire.
Sortir de l’hétéronormativité a été facilité par ces autrices. Le mouvement lesbien a beaucoup profité de ces réflexions et théories.
Enfin, dans sa proposition de base, le féminisme radical n’est pas essentialiste. Je sais que je me répète, mais là aussi, on a une appropriation à tort d’un terme pour le tordre et le déformer afin d’en faire un objet militant profondément…sexiste.
Ce billet est déjà super long et on peut envisager un historique plus poussé du féminisme radical si tu en as envie (mais manifeste-toi, le Flemmaga est intense par ici).
Le fond de mon propos, c’est que TERF =/= RadFem. C’est pas parce qu’il y a « Radical Feminist » dans le nom que ça rend ce courant valable par la magie de la sémantique. Je trouve ce raccourci mortifère et manquant totalement de nuance. C’est très dommage, en vrai, car on se prive de beaucoup de théories intéressantes en rejetant en bloc le féminisme radical.
Le féminisme, c’est ce qu’on en FAIT qui compte. C’est pas en claquant une étiquette « féministe queer » que ça fait de toi une personne non-transphobe par essence. Ce serait vraiment beaucoup trop simple. On peut se prétendre être qui on veut, être une figure du monde militant, et exploiter les autres sans vergogne. On peut se dire intersectionnelle mais être aveugle aux autres oppressions. On peut être féministe et psychophobe ou validiste.
L’important, c’est toi, la manière dont tu vis et ce que tu fais de ton engagement. Personne ne te demande de savoir théoriser tes vues en 2 copies doubles recto-verso. Enfin, moi, perso, je ne te le demande pas, ça ferait beaucoup trop de relecture. Cela ne sert à rien de se coller un label si c’est juste cosmétique. Et cela n’est pas forcément sain de décortiquer chaque virgule de chaque phrase de chaque personne pour vérifier si elle est bien en conformité avec le règlement intérieur.
Il y a des « féministes entre guillemets », comme Marguerite Stern, le collectif Némésis, qui sont strictement à l’opposé de mes valeurs. Vais-je rejeter le terme de féministe car il a été souillé par des rémoras ? Certes non. C’est à NOUS de nous réapproprier ces termes, c’est à nous de savoir aller plus loin que nos étiquettes pour combattre le danger, bien réel, des collectifs fascisants et TERF qui existent aujourd’hui. Et ouais, c’est du boulot, parce que ces personnes ont su profiter de la pureté militante un peu frileuse des autres pour occuper un créneau par la force. On a toujours ce mouvement de recul quand on parle de « mauvaises féministes » car ça dessert la Cause, mais c’est du « féminisme » quand même (ou pas).
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Pour finir : les personnes transphobes et les fascistes n’ont pas leur place dans le mouvement. Il me semble vraiment audacieux de considérer les propos des Némésis comme « féministes », par exemple. Lorsque Marguerite Stern crache sa haine en story Insta, elle n’agit pas pour le féminisme, elle s’accroche à sa petite notoriété et va toujours plus loin, toujours plus fort, pour faire augmenter son audience dans les cercles d’extrême-droite.
Ces meufs sont aussi féministes que je suis la Princesse Peach qui ne tombe jamais dans le vide intersidéral de la Rainbow Road. Je trouve que terminer sur une allusion à Mario Kart est plutôt pas mal, finalement (même si la demoiselle en détresse et le sexisme inhérent à ce jeu, mais j’ai plus le temps, là).