Je ne sais pas si Quattenens a été tej ou pas, mais je viens rappeler que, depuis le début de la politique, les agressions envers les femmes ne sont pas l’exception mais la généralité.
Pour un qu’on chope, combien maltraitent leurs partenaires ?
Précision : Je sais que des hommes sont victimes, mais je connais aussi les statistiques de la violence un peu genre pas mal bien.
Autre précision : il ne faut absolument pas, jamais, oublier que la parole des personnes racisées est ENCORE MOINS audible. N’étant pas une spécialiste de la parole décoloniale, je me permets cependant de rappeler cela. Les femmes blanches cis ne sont pas les seules à souffrir, mais c’est hélas souvent la seule voix qu’on entend. Gardons-ça en tête et soyons responsables : si nous le pouvons, relayons, portons la parole des personnes sujettes au racisme. Ce que l’on gagne, on doit le permettre et le donner aux autres.
Pour commencer en beauté, rappelons qu’on a dû légiférer pour les obliger à présenter des femmes aux élections. Avec le droit de vote aux femmes (21 avril 1944), on nous a enfin permis d’entrer en politique.
Sur papier.
Table des matières
Une parité imaginaire
Depuis que j’en sais énormément plus sur la participation des femmes aux diverses révolutions et mouvement sociaux, des sorcières aux suffragettes, en passant évidemment par les Clubs de 1848 et tutti quanti.
Une chose se dégage.
Une chose super nette.
Vous vous foutez systématiquement de nos gueules, vous ne croyez aucun mot qui sort de nos bouches, vous nous accusez d’être frivoles, bêtes, et, surtout, vous voulez qu’on continue à pondre au lieu de gueuler.
Je lisais L’Histoire du Féminisme de Michèle Riot-Sarcey très très récemment. Ah, oui, je dois décliner ses titres, vu que personne ne va la croire. Michèle Riot-Sarcey, 81 ans, est professeure émérite d’histoire contemporaine et d’histoire du genre à Paris VIII. Ses spécialités sont le féminisme, les révolutions du XIXe siècle et la politique. Il est envisageable qu’elle connaisse son sujet, qu’elle soit une référence assez incontournable en Histoire et qu’elle dise des trucs plutôt sensés.
Allez, Michèle !
(ah zut j’ai laissé le bouquin là bas, je reviens avec du café)
☕☕☕
Nous disions.
Un peu d’Histoire
J’ouvre au hasard. Page 48. BIM une note (lire est un exercice qui me nécessite des fiches bristol), et BIM :
« La crainte a été détournée par l’humour grossier »
Tsé quoi ? J’ai un scanner. On va se marrer et tu vas immédiatement comprendre pourquoi la divinité qui s’occupe des notes m’adore tout particulièrement.
Pour les personne n’ayant pas l’image ou le livre, voici en un peu élagué car c’est super compact :
3. Le Club des femmes, une aberration
Le Club des femmes, que préside Eugénie Niboyet, suscite tout particulièrement des réactions d’hostilité d’une violence inouïe. Les femmes osent parler entre elles de questions dont la plupart des journaux ignorent la substance. Ils s’affolent : la famille serait menacée, comme si l’idée d’une intervention publique de femmes, en groupe conscient d’appartenir à une catégorie défavorisée, était inconcevable. Le projet de rétablissement du divorce[…] provoque des manifestations de rejet surprenantes. […] L’image de la femme est alors tellement avilie par les libelles les plus divers qu’Eugénie Niboyet se prononce contre toutes celles « qui manifestent bruyamment en faveur de la loi » car ses partisans sont accusés de vouloir détruire la famille.
Mais d’autres difficultés se préparent. La situation sociale et économique se dégrade. […] Le Paris populaire commence gronder […] ; l’insurrection de juin se prépare. C’est dans ce Paris au bord de l’explosion que les femmes du Club doivent supporter les manifestations les plus malveillantes
Le 3 juin, « une foule de trois mille personnes au moins se trouvait pressée aux abords de la salle des Concerts-spectacles, lieu de la réunion » (La Liberté, 3 juin 1848). Il faut dire que cet accueil « drolatique » avait été longuement préparé, la presse s’était déchaînée contre le Club des femmes. Dès le 14 mai, Eugénie Niboyet tient la vedette dans les colonnes du Charivari […] jusqu’au 17 juin où le trait acide de Cham immortalise le Club.
Le 4 juin, au théâtre du Vaudeville, les clubistes sont mises en scène par MM. Claireville et Jules Cordier sous le titre évocateur Le Club des maris et le Club des femmes. Les personnages y sont campés sous des sobriquets familiers des Parisiens « quarante-huitards ». Bientôt une médaille immortalisera la figure de la présidente du Club des femmes !
La crainte a été détournée par l’humour grossier d’hommes soucieux de leurs privilèges. L’idée même que des femmes puissent s’approprier le sens commun des termes liberté et égalité apparaît comme un non-sens aux yeux de la plupart des hommes du temps. L’histoire oubliera l’usage de ces paroles publiques qui, un temps, furent cantonnés à l’idée d’universalité ; la substance des mots se décomposa sur la scène des théâtres de boulevard ; on n’en retiendra que la représentation, figée dans des caricatures longtemps et souvent reproduites.
Pour en savoir plus sur les caricatures dans le Charivari susmentionné : https://books.openedition.org/pul/7964 : Féminisme et caricature : la question du divorce dans Le Charivari de 1848 par Lucette Czyba
Une histoire contemporaine
Le 17 juillet 2012, Cécile Dufflot se fait siffler à l’Assemblée Nationale car elle porte une robe.
164 ans après les caricatures grossières. 164 ans.
Les mecs, vous n’avez pas évolué, ou si peu, en 164 ans ! En tant que femme militante, je connais par cœur les faux arguments, les femmes de paille, les insultes, si ce n’est l’intimidation et menaces d’agression. Sois féministe sur les réseaux 24h et admire cet enfer.
- Les femmes veulent détruire la famille.
- Et elles détestent les hommes.
- Les femmes ne veulent plus d’enfants.
- Les femmes veulent coucher avec tout ce qui bouge.
- Les femmes sont biologiquement inaptes à décider.
- Elles n’ont rien à faire en politique.
- L’émancipation des femmes est une menace pour l’ordre social.
- Elles font ça pour soutirer de l’argent.
- Les femmes se victimisent en permanence pour apitoyer les hommes.
- En réalité, ce sont elles qui ont le pouvoir et tirent les ficelles !
- Les hommes sont les victimes de leurs velléités de liberté.
Si tu as noté une ou deux contradictions ci-dessus, c’est tout à fait normal.
La véritable baffe prise lors de la lecture du bouquin de Riot-Sarcey a été de me rendre compte que les arguments et tactiques de défense n’ont pas évolué d’un iota !
Je porte mon féminisme, je l’assume, mais, même en 2024, même à l’âge vénérable de 41 ans, parfois, j’ai peur de le dire, de l’avouer, car j’ai peur de l’agression. Je sais répondre à l’agression, ça, ce n’est pas un problème, j’ai l’habitude. Mais à force, ça a entamé sérieusement mes réserves de patience et j’ai fini par tout simplement ne plus m’exprimer qu’à travers cette page. Dès que je dis que je suis féministe, j’ai le bingo qui arrive, et allez, c’est reparti, justifions-nous des plombes de ne pas avoir envie de crever sous les coups de nos conjoints.
Militant-es !
Mon propre mari (qui nous lit, faisons-lui un bonjour collectif !) nécessite parfois que je lui envoie des sources pour étayer des propos tenus à l’arrache à table. Il doute. Il exerce son esprit critique et je trouve ça fondamentalement bien. Mais, moi, je ne vérifie pas tout ce qu’il me dit. Je lui fais confiance. 17 ans qu’on se connaît. Je sais qu’il vérifie tout et…bah il est censé savoir que moi aussi. Je ne t’en veux pas et je t’aime, hein ? C’est bien de rester critique, mais c’est à la fois vexant et agaçant. Je sais que, chez lui, c’est un réflexe involontaire. Je lui pardonne volontiers.
Sauf que…bah je l’ai déjà vu en société, et il n’agit pas de la même manière avec ses potes. Là, à ce stade, il tombe des nues en me lisant et conteste (je te connais haha) avec véhémence tout réflexe un tantinet misogyne. Et c’est vrai que si je l’ai épousé, c’est qu’il n’était pas misogyne. C’est un réflexe acquis, c’est super difficile de retravailler ce genre de choses.
N’empêche. Si un homme parle, on le croit.
La décrédibilisation de la parole est une fatigue de chaque instant. Là où un mec cis ouvre le bec, une meuf devra apporter son passeport, ses 3 derniers bulletins de salaire, un certificat d’assurance, son extrait d’acte de naissance avec filiation et son indice CAF. Elle devra justifier de sa condition matrimoniale (je viens de le faire à l’instant), elle doit dire si elle a des enfants (ça nous classe dans une autre case chez eux) et quel est son métier.
Si, comme moi, elle est non-cadre et n’a pas été à l’Université, on n’écoute plus. Parfois, sur certains articles, des mecs cis m’ont fait faire des recherches supplémentaires pour re-re-reprouver mes dires. Et ils réclament, hein ? Ils ne vont pas chercher, faut pas déconner, mais ils réclament des souuuuuuuuuuuuuuuuurces. Ah ouais, non, pas cette source-ci, cette source-là, et si tu te plantes d’une demi-virgule, stop crédibilité.
Ça suffit.
Sans déconner, vous faites chier, voilà. Ce type de comportement, d’abord domestique, s’étend à toutes les autres sphères de la vie, et surtout à la vie publique.
Je n’ai absolument pas envie de faire une liste de politiques ayant été impliqués dans des affaires de violences conjugales ou de viol, et pourtant, je vais aller dans les actualités et chercher. Puissent mes années de yoga nous permettent d’aller le plus loin possible.
On respire. Dans les hommes politiques contemporain, ces dernières années :
- Adrien Quattenens (LFI), condamné;
- Damien Abad (LREM), condamné;
- Julien Bayou (EELV), accusé;
- Jérôme Peyrat (LREM), condamné;
- Éric Coquerel (LFI), soupçonné;
- Georges Tron (LR), condamné;
- Hervé Juvin (RN), condamné;
- Joël Guerriau (LREM), accusé;
- Benoît Simian (LREM), condamné;
- Denis Beaupin (ex-écolo), accusé;
Mathilde Viot en parle dans 20 Minutes.
L’affaire Joël Guerriau remet en lumière les violences sexistes et sexuelles en politique. C’est un milieu qui est plus propice que les autres à ce type d’abus et d’abus de pouvoir ?
Ce que j’ai vu dans la façon avec laquelle était recruté le personnel politique, et qui est valable très tôt dans la formation des militants, c’est qu’on fait monter des hommes qui sont agressifs et dominateurs. C’est vrai chez les jeunes insoumis, les jeunes écologistes… partout ailleurs. Ce sont souvent de jeunes mecs qui ont la volonté de dominer l’adversaire, et pas que d’un point de vue rhétorique. Il y a quelque chose qui se base sur une volonté d’agressivité. Cela favorise très nettement la surreprésentation d’hommes violents en politique.
[…]
Quand on parle avec des homologues, des militantes, des activistes d’autres pays d’Europe, on se rend compte qu’elles sont frappées par les mêmes difficultés à exister en politique, à ne pas subir de violences… On a vu le sort qui était réservé à Sanna Marin (ex-première ministre finlandaise), plus loin on a vu les mots éloquents de Jacinda Ardern (ex-première ministre néo-zélandaise) quand elle a quitté son poste : elle expliquait que c’était trop violent, trop brutal. Quand on parle avec des femmes politiques européennes, ce qu’elles disent en premier, c’est que le plus dur, c’est que la violence vient de leurs propres partis politiques. Exactement comme dans le cas de Sandrine Josso.(Source)
Rachel Kéké. On a BESOIN d’autres femmes comme elle à l’Assemblée. Je VEUX des femmes comme elle à l’Assemblée et j’espère sincèrement qu’elle sera réélue. Je voudrais une Assemblée représentative, et pas un ramassis de ronds de cuir biberonnés jusqu’à l’ENA.
La double peine
Tu en parles ? Tu trahis la Cause.
« Il y a plus urgent »
« Il y a plus grave »
« Tu nous nuis »
L’urgence, elle concerne tout le monde, sauf les femmes. On place le nucléaire avant les femmes. Alors ok, si on explose toustes, on l’aura dans l’os, mais…garantir à 50% de la population une sécurité, une écoute, un geste, nope.
Mais ça, on le sait : La Lutte des Classes et plus importante que tout le reste. Plus importante que la cause des femmes, mais aussi plus importante que le décolonialisme ou le racisme qui sont encore des sujets sous et mal adressé. Le genre ? Le quoi ? Ouhlà, ils n’en sont pas encore là…
Alors laisse tomber pour la lutte validiste.
C’est simple : absolument aucun-e député-e n’a JAMAIS présenté mes intérêts en tant que personne en situation de handicap. Je n’ai pas encore vu de canne à l’Assemblée, et je ne sais même pas si l’accès est possible en fauteuil. On me représente malgré moi, on porte une parole que je n’ai pas toujours, et, dans le lot, bien peu comprennent les enjeux de cette lutte-là.
Mais si j’en fais la remarque, je tire la couverture à moi. Peu importes que les gens comme moi aient été les premières victimes systématiques de chaque foutu régime autoritaire, peu importe que l’eugénisme ait encore cours, oui oui, « Il y a plus urgent ».
Donc :
- Si tu parles, tu fais chier.
- Si tu ne parles pas, rien ne se passe.
Destruction de la famille
Mais j’aimerais que ces gens, les mecs blancs en pouvoir, fassent 6 mois de ménage dans un hôtel Ibis. J’aimerais qu’ils sachent ce que signifie s’occuper d’un enfant à temps plein. Ou qu’ils donnent de leur personne en EHPAD. J’aimerais qu’ils essayent d’organiser une semaine de menus et les courses, sans oublier la lessive, merci.
Qui sait combien mesure son enfant ? Où est le Doliprane ? A-t-il été vacciné ? En quelle classe est-il ? Quels sont ses passions ? Comment occupe-t-il son temps ? Quels sont ses talents ? Ses facilités ? Préfère-t-il les jeans serrés ou les jogging ? Quel est le nom de son instit ? Sa taille de chaussures ? Ses préférences alimentaires ?
Si JE ne sais pas tout ça, JE suis en faute. Si mon cher et tendre ne sait rien de tout ça, on lui pardonne : il travaille, lui. Précision : le mien sait répondre à ces questions. Comme quoi, c’est faisable. Je connais d’autres darons qui assurent grave, et je les en remercie car mon bol à dépression déborde déjà.
Si une femme s’investit en politique, elle délaisse sa famille, forcément (sarcasme). Seuls les mecs sont capables de laisser leurs gosses vivre leur vie et de partir en convention pendant 3 semaines sans pression. Et qui leur fait à bouffer les soirs de débâcle ? Qui les soulage sexuellement de tant de pression ? C’est nous.
Le but des féministes n’est pas de détruire la famille, il est de la consolider. Les modèles familiaux évoluent, on sort enfin de la monogamie hétéro comme seule injonction. Beaucoup d’enfants ont des parents qu’on jugerait atypiques : couples homosexuels, polycules, parent-es trans, éducation communautaire…mais ça, vous ne le savez pas. Parce que cela ne vous intéresse pas le moins du monde. Alors que, justement, on souhaite que nos enfants soient aussi élevés par leurs co-parents de temps en temps.
Le seul moment, et j’insiste, ça fait 10 ans que je suis dedans, le seul moment où les ex-compagnons montrent de l’intérêt pour leur enfant, c’est lorsqu’il faut utiliser le droit de garde comme moyen coercitif. Beaucoup n’hésitent pas à instrumentaliser les enfants pour faire chier un max et ça peut durer des années. J’ai été instrumentalisée par mon père exactement de cette manière, dressée à insulter ma mère ou à la provoquer.
Cet argument semble de droite ? Raté ! C’est également un argument parfois repris par la gauche !
T’es une femme, tu fermes ta gueule et tu fais des bébés.
Et si tu gueules pour que Quattenens rentre chez lui, tu « attises les tensions au sein du groupe ».
Alors on va être très très claires, limpides, même : lâchez-nous, laissez-nous faire, fermez vos gueule une fois de temps en temps, ça ne vous fera pas de mal.
On en sait beaucoup plus que vous sur pas mal de sujets. Tu sais déclarer tes revenus à la CAF ? Faire une inscription en crèche ? Un dossier MDPH pour ton enfant ? Tu sais de combien a augmenté le litre de lait ? C’est trivial ? Non. Ça s’appelle la Vie Quotidienne et bon nombres de femmes connaissent très bien ces sujets : c’est nous qui équilibrons le budget en cas de disette.
Le « Pouvoir d’Achat » nous concerne en tout premier lieu, pourtant. Voir des petits mecs blancs qui touchent 7000 boules mensuels pour ne pas aller au boulot parler de pouvoir d’achat, j’avoue, ça a un côté humoristique très net.
Il faut toujours renvoyer les femmes à la maison, des fois que, comme moi, elles ouvrent leur bec et parlent des sujets urgents, immédiats. Parce que ne pas se faire agresser au sein de nos partis, c’est assez important pour la représentativité. Combien de meufs sont parties, dégoûtées ? J’en sais rien, en fait, je ne sais pas si des stats ont été faites là-dessus. Des potes militant-es en burn-out, en revanche, j’en ai vu un paquet.
Du burn-out militant causé par les militants de son propre parti. Fabuleux.
Je pense sincèrement que c’est de la misogynie mais aussi de la peur. Ils ont peur qu’on les affiche. Qu’on leur dise que poser leurs mains sur nos culs, ce n’est pas possible et ça ne l’a jamais été. Je pense que chacun d’entre eux sait pertinemment qu’il est tout sauf exemplaire à la maison.
Il y a par ailleurs cet espèce de dégoût du ménager, du familier et de l’intime. Trucs de bonnes femmes. Hommes = cause supérieure et gros cerveau. Débarrasser la table = castration.
Les choses du foyer ne sont pas politiques, selon eux. Ils prétendent s’élever au dessus de ce type de débat trivial et peu important, tandis qu’on s’épuise et qu’on crève à les soutenir, eux et leur progéniture.
Mais les choses du foyer sont pourtant on ne peut plus politiques ! Les rapports de domination y sont évidents et très facile à lire, à chiffrer et à analyser. Ils ne veulent pas voir, ni entendre, qu’ils ne sont pas si héroïques que ça.
Et l’éducation
Le seul problème (pour eux), c’est aussi qu’on nous laisse élever nos enfants. Alors, on sort des guides de parentalité car ces bonnes femmes ne savent rien à rien. J’ai une petite dizaine de ces livres, ainsi qu’une bibliographie PDF de 100+ livres d’archives au sujet de la parentalité et de l’éducation familiale entre 1848 et 1975 (une fois tout trié, je mettrai à dispo).
Ainsi, en 1964, on indique qu’un-e ado qui a des tendances homosexuelles est juste dans une phase. En 1895, on parle sans aucune pudeur de dressage d’enfants. Ce terme de dressage, je l’ai retrouvé jusque dans les années 60.
On en parlera lors d’une autre série, si je m’écoute je vais causer 8 ans et les élections seront passées.
En gros : on est de bêtes poules pondeuses destinées à élever de futurs soldats patriotes ou de bonnes petites ménagères de 6 ans. Ce sont eux qui doivent nous guider dans ce parcours. Dans ces nombreux ouvrages, je note une absence de taille : la mention du père.
Dans Le Ménage de Madame Sylvain (1904), le père n’apparaît qu’à la marge, pour faire coucou et dire non. Absolument 100% du foyer (et de la basse-cour) est gérée par Maman Sylvain. Qui s’appelle Suzette, mais qui a perdu nom, prénom et titre avec son premier enfant.
On sort du bois
Et maintenant, en 2024, tous ces petits mecs dominants tombent des nues parce qu’on dit non. On refuse. On s’emporte, on gueule, on hurle que NON, ça ne va pas. NON, on ne votera pas pour un homme qui a agressé sa femme, en aucun cas.
Pire, ils réalisent qu’on peut nous aussi voter, et que notre vote ne leur est certainement pas acquis sans conditions.
Vous vous pensez mieux que nous ? Faites preuve d’exemplarité !
Pourquoi tant de crispation lorsque vos compagnes parlent de leur vie quotidienne ? Parce que vous savez que vous n’assurez pas une cacahuète.
Les femmes, personnes trans, non-binaires, ont des avis. Même pas forcément le même avis, mais un avis. On sait très précisément ce qui ne va pas et comment le résoudre, mais nos idées obligent à une réévaluation de vos compétences. On veut que vous soyez réellement présents. Si vous voulez nous représenter, portez nos propos, et TOUS nos propos, même ceux qui vous heurtent dans votre petit cœur fragile.
L’humiliation ?
On est vexé ? On se sent mal parce qu’on nous a mis à l’index sur des propos ou actes misogynes ?
Mais merde, vous n’avez pas un seul début d’idée de ce à quoi nous sommes exposé-es. Dès la naissance, les humiliations commencent. Vêtements genrés trop serrés pour les petites filles, ségrégation dans la cour de l’école, agressions sexuelles en primaire par des camarades (oui oui), tirage de jupe, de cheveux, insultes, railleries.
Dans le milieu professionnel, c’est hallucinant de violence. J’ai bossé du SMIC jusqu’à devenir cadre et je travaille depuis 20 ans. Je n’ai pas connu UN SEUL endroit sans micro-agression sexiste. Je suis qualifiée sur un poste ? Mes collègues me posent des questions pièges ou sabotent délibérément mon travail. Sur un poste, on m’a embauchée car j’aurais été la seule femme sur 30 personnes. J’ai même empêché une bagarre entre deux collègues qui ne savaient pas se parler. Qui prend les notes en réunion ? Les meufs. Qui fait le suivi et les relances ? Les « assistantes ». Si je suis considérée comme trop intelligente, on me rabaisse. Si un savoir me manque, je suis définitivement incompétente, peu importe ce que j’en fais.
L’humiliation, elle est quotidienne, pour nous, et on y survit, alors mon bonhomme, tu vas te poser, tu vas reconsidérer ta vie et tu vas arrêter de faire chier parce que t’es trop fragile pour savoir reconnaître que tu fais de la merde.
ON NE VEUT PAS D’AGRESSEURS NI DE VIOLENCE DANS NOS PARTIS
C’est non négociable, et vous avez intérêt à vous bouger le cul parce qu’on représente la moitié de votre électorat.